Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

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Meakyn
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Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

Message par Meakyn » il y a 8 ans

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20 ... maria.html" onclick="window.open(this.href);return false;
A six ans, Maria sait qu’elle a toujours été une fille, même si elle a été déclarée garçon à la naissance. Ses parents sont engagés dans une bataille pour la reconnaissance juridique de son identité.

Ana Navarro s’est toujours dit que son enfant était différent. A deux ans, Mario s’amusait à jouer des rôles habituellement associés aux femmes. Quand il a commencé à parler, il a exprimé le désir d’être une fille et de s’appeler Maria. Un jour, à 5 ans, il s’est dessiné : une fille avec une robe et des cheveux longs. Déclaré garçon à la naissance, Maria sait pourtant qu'elle est une fille. Ses parents pas encore tout à fait. Ana voit bien que Mario n'est pas heureux, n'a pas l'insouciance des enfants de son âge, est très timide.

"La nuit, je regardais sur Internet pour chercher des informations et des explications. Parce qu’on m’avait toujours dit que les petits garçons avaient un pénis, et les petites filles un vagin", raconte à "El Pais" cette mère de cinq enfants de 38 ans. Elle tombe sur un article parlant de la Fondation Daniela avec qui elle prendra contact et qui l’aiguillera dans sa recherche de réponses.

Une première avancée juridique

Très vite, la famille Navarro s’attelle à un processus de transition. D’un point de vue social d’abord, Maria commence à s’habiller comme elle veut. Ana explique avoir eu la chance d'être bien entourée et accompagnée. D’un point de vue juridique, ensuite. Ne reste plus aux juges espagnols qu’à l’autoriser à changer de nom. La famille de Maria s’appuie sur les décisions de deux juges de Valence, qui ont autorisé entre décembre et février, pour la première fois, le changement de nom de deux mineurs sans qu’ils aient eu à fournir l’attestation médicale exigée par la loi espagnole.

En mars dernier, la Cour suprême avait jugé inconstitutionnel le fait qu’il faille attendre la majorité pour pouvoir demander à changer de nom. L’histoire de Maria, racontée par le quotidien espagnol, révèle ainsi les difficultés rencontrées en Europe pour les enfants transsexuels.

La question interroge : l'enfant a-t-il conscience de son identité ? Que se passera-t-il à l'adolescence, quand il faudra faire un choix qui entraînera, si Maria en ressent le besoin, des transformations physiques ?

1,5 million d'enfants transsexuels

Le Conseil de l’Europe, fin 2014, rendait un rapport sur ces enfants peu représentés, méconnus et parfois victimes de discriminations. Il expliquait la difficulté pour les enfants et les adolescents de s’exprimer sur leur identité ou d’en prendre conscience. La méconnaissance de la famille, du corps enseignant et des personnels médicaux sur le sujet ne permettant pas un accompagnement adapté. Le rapport insistait sur le fait que ces difficultés avaient pour conséquence l’isolement et le mal-être de l’enfant transsexuel. En Europe, ils seraient près de 1,5 million, en France environ 132.000. Des enfants, qui contrairement à Maria, restent encore "invisibles", pointe Erik Shneider, psychiatre et psychotérapeute, auteur du rapport.

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Re: Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

Message par Bixy » il y a 8 ans

Cette histoire soulève des tas de questions intéressantes, mais j'ai du mal à imaginer que l'on puisse déceler avec autant de certitude une trans-identité chez un enfant de moins de 6 ans.
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Re: Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

Message par RIHANNO » il y a 8 ans

N 'importe quoi les espagnols !

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Re: Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

Message par Chaynal » il y a 8 ans

Biscuit a écrit :Cette histoire soulève des tas de questions intéressantes, mais j'ai du mal à imaginer que l'on puisse déceler avec autant de certitude une trans-identité chez un enfant de moins de 6 ans.
C'est assez simple, en fait.

Pour résumer :
- si l'enfant est malheureux du genre qu'on lui impose ;
- s'il est heureux du genre qu'il se choisit ;
- s'il persiste dans son choix ;
alors il est transgenre.


@ Rihanno : je ne suis pas surpris de ta réaction. Je suppose que si gratte un peu pour connaître tes arguments, on tombe très vite sur de l'ignorance totale sur la question, et un bel a priori transphobe ? 8)
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Re: Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

Message par RIHANNO » il y a 8 ans

Chaynal je suis pas transphobe : quand on a 18 ans et plus et sein d'esprit on fait ce qu 'on veut mais à 6 ans...

C'est la première fois à 6 ans qu 'ils disent : 6 ans est pas un âge anodin, 6 ans c'est l' âge où un enfant commence à se "construire" mentalement et à avoir ses idées propres c'est la période où on commence à se construire une personnalité

Juste pour info : vous vous rappellez de beaucoup de vos souvenirs à 6 ans et avant ?

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Re: Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

Message par Bixy » il y a 8 ans

Chaynal a écrit :Pour résumer :
- si l'enfant est malheureux du genre qu'on lui impose ;
- s'il est heureux du genre qu'il se choisit ;
- s'il persiste dans son choix ;
alors il est transgenre.
Oui, je comprends bien, mais ça me semble vraiment pas évident de savoir ce que l'enfant ressent réellement, surtout lors des premières années, pendant lesquelles il se construit, et découvre peu à peu des différences filles/garçons, qu'il ignorait totalement au départ. Des différences d'ailleurs en grande partie définies par son entourage proche et la manière dont sont considérés les genres dans son foyer et à l'école.
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Re: Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

Message par Chaynal » il y a 8 ans

@ Rihanno :

Je me souviens très clairement qu'à 6 ans, je me considérais pleinement comme un garçon, et pas comme une chose neutre et en cours de détermination.
La masculinité ne m'est pas tombée du ciel le jour de mes 18 ans :|

Pour ce qui est de la dysphorie de genre, ce n'est pas parce que tu ne conçois pas que ce n'est pas possible chez l'enfant que ça ne l'est pas.
Pour quelle raison, d'ailleurs ?

Et pourquoi devoir attendre la majorité pour pouvoir vivre conformément à ce que l'on est ?


@ Biscuit :

C'est la raison pour laquelle la persistance est un élément clé. Certains cas de dysphorie de genre apparaissent quand l'enfant commence à s'exprimer - une étape du développement lors de laquelle il a bien différencié le masculin du féminin, du moins chez les personnes.

Ça ne veut bien évidemment pas dire que si des parents entendent leur garçon de 3 ans déclarer entre le fromage et le dessert qu'il est une fille, il faut courir dans la demi-heure qui suit lui acheter une robe à fleurs (quand bien même il le demanderait).

Mais si un enfant a une dysphorie de genre, il va en rebattre les oreilles de ses parents jusqu'à leur coller des insomnies.

Le problème n'est en fait pas de savoir ce que pense l'enfant : c'est de savoir quoi faire.
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Re: Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

Message par bébé ours » il y a 8 ans

Biscuit a écrit : Oui, je comprends bien, mais ça me semble vraiment pas évident de savoir ce que l'enfant ressent réellement, surtout lors des premières années, pendant lesquelles il se construit, et découvre peu à peu des différences filles/garçons, qu'il ignorait totalement au départ. Des différences d'ailleurs en grande partie définies par son entourage proche et la manière dont sont considérés les genres dans son foyer et à l'école.
Ça me rappelle cette histoire d'un couple de femmes qui avaient adopté un garçon, identifié comme fille après avoir choisi une fois des habits de fille, et qui ont commencé très tôt à le/la faire transitionner, non seulement sur le plan social et juridique mais aussi hormonal, puisqu'il/elle a commencé à transitionner dès l'âge de huit ans avec un traitement controversé à base de blocage d'hormones à partir de onze ans (ce qui a ensuite été peu à peu déformé par certains médias conservateurs en "un couple de lesbiennes qui haïssent les hommes a fait exprès de faire transitionner leur fils dès qu'elles l'ont pu" - je schématise, bien sûr)

Bien sûr, difficile de savoir ce qu'il en est réellement à moins de vivre ça en direct (et encore), mais on a le droit de se dire qu'elles ont peut-être manqué de prudence par rapport à ça, sachant qu'elles ont été critiquées par tout leur entourage et étant donnés les stéréotypes qui circulent sur les familles homoparentales (apparemment il/elle a deux grands frères adoptifs qui ne sont pas trans, mais bon quand même)...

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Re: Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

Message par Chaynal » il y a 8 ans

bébé ours a écrit :Ça me rappelle cette histoire d'un couple de femmes qui avaient adopté un garçon, identifié comme fille après avoir choisi une fois des habits de fille, et qui ont commencé très tôt à le/la faire transitionner, non seulement sur le plan social et juridique mais aussi hormonal, puisqu'il/elle a commencé à transitionner dès l'âge de huit ans avec un traitement controversé à base de blocage d'hormones à partir de onze ans
Le blocage d'hormones retarde la puberté. Il ne provoque pas de transition "physique", pour dire les choses grossièrement. Surtout, une fois interrompu, la puberté reprend là où elle en était.

Si l'adolescent choisit, une fois l'age légal atteint, de subir une chirurgie de réassignation sexuelle, celle-ci sera moins lourde si certains caractères physiques ne se sont pas pleinement développés.

Et je ne parle pas de l'impact psychologique de voir son corps se déformer et acquérir inexorablement tous les attributs du sexe opposé.


J'ai retrouvé dans mes archives un article de Libé qui donne la parole aux trans, et qui éclairera peut-être certains d'entre nous comme il m'a éclairé :
Les genres heureux

Par Camille Gévaudan — 5 août 2015 à 19:36

Fille-garçon, garçon-fille… Maëva a 17 ans et elle a choisi son prénom féminin dès l’âge de 10 ans. Elle fait partie d’une nouvelle génération d’adolescents transgenres qui parviennent à affirmer plus vite leur identité. Une transition difficile mais plus impossible, facilitée par le Web, l’échange d’expériences et des parents moins isolés.

Sauf chez quelques couples un peu old school préférant garder la surprise, c’est à l’échographie du deuxième trimestre que ça se passe. Une inspection ciblée du fœtus permet de trancher la question cruciale. Alors, alors ? «C’est un garçon !» Les heureux parents sourient bêtement, et peuvent enfin lancer la commande de 45 faire-part bleu ciel, 5 rouleaux de papier peint avec des astronautes et un intense brainstorming pour départager «Lucas» de «Corentin». C’est réglé comme du papier à musique… Enfin, jusqu’au jour où Lucas, du haut de ses trois pommes, annoncera à ses vieux qu’il y a erreur sur le diagnostic : il est une fille. Depuis toujours.

Il est évidemment difficile de prendre au sérieux de telles déclarations chez un jeune enfant (surtout quand le rase-moquette se revendique licorne le lendemain, Elsa-la-reine-des-neiges le week-end, et Batman pendant les vacances). Mais il peut être dommageable de ne pas prêter attention aux questionnements de genre par lesquels passent de nombreux petits durant la construction de leur personnalité. Certains changent d’avis au bout d’une semaine, trois mois ou cinq ans. Certains seulement. D’autres montrent «constance, insistance et persistance» dans leur conviction de ne pas appartenir au genre qu’on leur attribue, soit trois critères scrutés par les psychologues pour déceler ce qu’on appelle une dysphorie de genre. Ces enfants-là ne dévieront jamais de leur conviction, et tous les efforts que pourraient fournir leurs parents effarés pour leur ôter cette idée de la tête n’auront pour effet que de les rendre malheureux.

«Simuler la petite bosse»

«J’ai détesté mon corps depuis mon plus jeune âge, et j’ai annoncé à mes parents que je voulais en changer pour être une fille comme ma sœur», nous raconte ainsi Maëva, 17 ans, qui s’est choisi son nouveau prénom féminin à l’âge de 10 ans. Mathis, 15 ans, n’a pas eu besoin de jalouser un frère pour se rendre compte qu’il y avait un problème : «Je savais que j’étais un petit garçon, mais je ne comprenais pas pourquoi on m’appelait comme une fille.» Aussi loin qu’il s’en souvienne, son corps l’a encombré. «Chaque soir, je faisais un vœu : "Pitié, faites que demain je me réveille dans un corps de garçon." Je demandais sans cesse à mon papa quand mon zizi allait pousser.» Rendu à l’évidence qu’il devrait réparer les erreurs de la nature tout seul, Tom-Alex, lui, se mettait en cachette «une chaussette bourrée de mouchoirs dans le pyjama, au niveau de l’entrejambe, pour simuler la petite bosse».

Après avoir intériorisé la honte de son corps toute son enfance, Mathis s’est senti libéré à 14 ans par la découverte d’autres ados dans son cas, avec qui il a discuté en ligne : «Je n’étais pas fou pendant toutes ces années, j’étais juste moi !»

Il appartient à la première génération de personnes pouvant découvrir et exprimer leur identité de genre dès l’adolescence. «Avant, la plupart des personnes trans attendaient d’avoir 40 ou 50 ans pour faire une transition», constate Hana, 30 ans. «Elles voulaient d’abord avoir une vie professionnelle stable, que les enfants soient partis de la maison, avoir accompli le modèle de vie hétéronormée qu’on attendait d’elles. Je crois que c’est aux alentours de ma génération qu’on a arrêté d’attendre. L’avenir est tellement incertain à l’heure actuelle qu’on se dit : "Si je ne vis pas maintenant, je vis quand ?"»

Les jeunes d’aujourd’hui googlisent «je me sens fille dans ma tête» ou «comment cacher mes seins», et ils trouvent des témoignages similaires, des conseils et des informations. Ils apprennent qu’il existe des mots pour définir les sentiments confus qui les habitent. «Transidentité», «transgenre» (et non «transsexuel», terme psychiatrique pour désigner une maladie mentale). Et que le processus par lequel on met en accord sa vie et son ressenti s’appelle transition. Il y a la transition légale, qui correspond au changement d’état civil. La transition médicale pour ceux qui le souhaitent (ce n’est pas le cas de tout le monde), avec des injections d’hormones et une éventuelle chirurgie. Et la transition sociale, que l’on peut effectuer dès le plus jeune âge avec le concours de son entourage.

Choisir un camp

Cela passe par l’usage d’un nouveau prénom et des pronoms appropriés (il, elle), par les vêtements, la coupe de cheveux, les jouets apportés par le père Noël, les sports pratiqués, les déguisements aux anniversaires des copains… Autant d’éléments capitaux qui rythment la vie des mômes.

Luttii n’a pas été gênée par son corps avant de se retrouver dans les vestiaires des garçons avant les cours de sport, et d’avoir dû se changer avec eux. Par contre, elle a le souvenir extrêmement net d’avoir exprimé sa différence très jeune à travers des «jouets stéréotypés "fille" : les poupées roses, la dînette et compagnie». Idem pour la coiffure : «Je voulais me laisser pousser des jolis cheveux longs comme ma voisine de classe.» A l’inverse, David remarque qu’il ressemblait déjà en tout point à un petit garçon sur les photos de son enfance. «Mes parents ont contribué à ce que je me sente bien. Ils me faisaient des arcs et des flèches. Si je voulais des petites voitures, j’avais des petites voitures. J’ai voulu me couper les cheveux, on m’a laissé me couper les cheveux.»

Il est étonnant de constater combien d’enfants transgenres, loin de vouloir sortir de la case fille-garçon dans laquelle on les a placés à la naissance pour adopter un comportement plus neutre, cherchent à plonger tête la première dans les stéréotypes de l’autre genre. Les princesses Disney d’un côté, les Action Man de l’autre. Le rose, le bleu.
Surtout, rien qui puisse prêter à confusion. Les petits comprennent bien, même inconsciemment, que la société fonctionne sur un modèle binaire. Et que, s’ils veulent être acceptés et avoir des amis, il faut choisir un camp. Un cauchemar de féministe, fait remarquer la blogueuse américaine Marlo Mack, mère d’une enfant transgenre : «Comment élever une fille forte sans invalider son désir de se conformer aux signes conventionnels de la féminité ?» Elle qui désapprouve l’image fantasmée des poupées Barbie, que doit-elle répondre à sa gamine «qui a peur de ne pas être vue comme une "vraie fille", quand elle me réclame les Barbie et tous les jouets de princesse que possèdent ses amies» ? Pyrène, 19 ans, le reconnaît sans peine : «J’ai toujours eu du mal à m’intégrer dans des groupes. Quand une fille à l’école maternelle a bien voulu être mon amie, je me suis forcé à avoir les mêmes préoccupations qu’elle : vêtements, maquillage, maternité… Elle s’intégrait plus facilement que moi, et je tentais alors de jouer à la maîtresse, à la maman, à tous ces jeux "de filles" qui ne me convenaient pas.» Puis il a voulu «fuir la féminité» en renouant avec ses penchants naturels : se battre avec les garçons dans la cour, comme des vrais Power Rangers. Assigné fille à la naissance, il se définit aujourd’hui genderfluid, fluide du genre. «Ni homme ni femme, à la fois un peu des deux et à la fois quelque chose au-delà.»

Épanouissement

Le Web américain regorge de blogs tenus par les parents de gender non conforming kids, terme générique désignant tous les enfants ne se «conformant» pas au genre qu’on leur a attribué. Sur le site Raising my rainbow, c’est l’histoire d’un «garçon qui n’aime que les trucs de filles et veut être traité comme une fille». Sur YouTube, l’album photo du petit Ryland, né avec des chromosomes XX mais qui criait «je suis un garçon !» dès l’acquisition de la parole, a cumulé 7,6 millions de vues. Et cette maman bloguant qu’elle a accouché de jumeaux de sexe masculin : élevés à l’identique, l’un s’est passionné pour «les ballons, les camions et les pompiers», l’autre pour «les bracelets, les colliers et les talons» de sa tante avant de montrer des signes clairs de dysphorie du genre. Tous les parents racontent qu’ils ont vécu comme un deuil la transition sociale de leur enfant, mais que leur spectaculaire épanouissement a transformé cette épreuve en libération.

Et en France ? S’il fallait en juger par l’exposition médiatique des enfants trans, personne ne serait concerné. Un rapport remis au Conseil de l’Europe (PDF) estime pourtant qu’«au moins 1 enfant sur 500 a une identité de genre qui diffère du sexe d’assignation, sans compter les enfants dont seuls les comportements s’écartent des normes de genre». On les a cherchés en ligne et auprès des communautés LGBT. On a fait chou blanc. Quelques rares indices traînent sur les forums, comme le message de cette mère restée «perplexe» quand son enfant lui a dit qu’«il aurait voulu être une fille, pour le maquillage, les vêtements et avoir des seins». Les réponses que lui apportent les internautes («peut-être que ton fils est gay») prouvent l’étendue du chemin qu’il reste à parcourir, ne serait-ce qu’en termes de vocabulaire. Identité de genre et orientation sexuelle sont encore très souvent confondues, alors que les deux questions sont absolument indépendantes. La sexualité, c’est qui on aime. Le genre, c’est qui on est. Même le rejeton d’Angelina Jolie le sait, s’affichant dans les magazines people en costume-cravate et réclamant d’être appelé John. Il y a comme un tabou à faire tomber dans l’Hexagone.
http://www.liberation.fr/societe/2015/0 ... ux_1359210" onclick="window.open(this.href);return false;
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Re: Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

Message par chatnoir » il y a 8 ans

Tout à fait d'accord avec les commentaires de Chaynal.
Les enfants sont aptes à s'identifier à un genre dès l'âge de 3 ans voir plutôt pour les précoces du langage.
D'ailleurs les publicitaires de tous poils, en particulier dans le domaine du jouet/jeu, l'ont bien capté avec les jouets genrés :x

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Re: Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

Message par Bixy » il y a 8 ans

C'est bien souvent les parents et l'entourage proche qui choisissent les jouets pour les jeunes enfants, bien souvent en leur imposant justement des jouets genrés, alors que la plupart des gamins veulent simplement des jouets tout court...

Je comprends tous les arguments avancés et j'aime à croire qu'un enfant puisse être libre de vivre son genre librement, mais j'ai l'impression que la plupart sont de toute façon formatés selon le genre reconnu à la naissance, et j'ai du mal à croire que si jeune ce soit possible d'aller contre ce déterminisme. Pour moi c'est à force de longues années de troubles qu'une dysphorie de genre se révèle. Mais je ne suis pas expert dans ce domaine.
Bixy

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Re: Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

Message par chatnoir » il y a 8 ans

@Biscuit :
Concernant l'adhésion à un genre par les gosses, c'est plus qu'un argument, c'est prouvé par les sociologues et scientifiques ('faut que je retrouve les liens des articles que j'avais lu ..flûte) Et ceci vers 2 ans et demi.

D'autre part considérer la dysphorie de genre comme un trouble, revient à considérer les individus trans comme étant des personnes atteintes de "trouble" et donc malades. Ce qui ne plait évidemment aux personnes trans....
Il a fallu de nombreuses années pour que l'homosexualité ne soit plus considérée comme une maladie par les scientifiques, médecin et psychiatre, sociologues etc et c'est n'est pas encore le cas dans certains pays....cf certains états us.
Le chemin est encoooooooooooooooooooooore plus long à parcourir pour l'acceptation des personnes trans' et la non médicalisation des transidentités.
Effectivement Biscuit, tu n'es pas expert dans le domaine, moi non plus mais peut être que je suis un peu plus informée c'est tout.
Et surtout ce serait tellement mieux si des personnes trans' venaient s'exprimer sur ce fil. Ca me gène de parler à leur place, étant cis.

bon un ptit lien semi-bof mais avec des références corrects.http://www.enfant-encyclopedie.com/genr ... z-le-jeune

Et sinon super source d'info à éplucher :http://www.observatoire-des-transidentites.com/

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Re: Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

Message par Bixy » il y a 8 ans

Je n'ai pas dit que la disphorie de genre était un trouble, absolument pas. Loin de moi l'idée de percevoir ça comme une maladie.
J'employais le terme "trouble" pour qualifier l'état dans lequel j'imagine qu'une personne transgenre doit se sentir, son vécu, son identité, avant d'être réellement elle même fixée sur son genre et de pouvoir l'accepter.
Il doit bien y avoir une phase plus ou moins longue de questionnement sur soi même avant de pouvoir ne serait ce qu'envisager s'affirmer du genre opposé à celui qu'on nous a attribué ? C'est cette période là que je le qualifie de "trouble", pas du tout le fait d'être trans.
Bixy

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Re: Espagne : Mario, 6 ans, est devenue Maria

Message par chatnoir » il y a 8 ans

@Biscuit: toutes mes confuses :oops: , pb de compréhension sur l'expression "trouble".
Et sinon, apparemment, pour certaines personnes le questionnement et sa résolution est très rapide, cf les enfants trans' précoce, mais j'imagine que c'est comme pour l'orientation sexuelle, tout le monde ne s'affirme pas à la même vitesse.

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