Migrants : dix raisons d'ouvrir les frontières

[Ascagne]

Rassemblements en soutien aux réfugiés samedi à 17h

Samedi à 17h dans plusieurs endroits en France auront lieu des rassemblements de soutien aux réfugiés afin de réclamer de meilleures mesures d'accueil pour eux.
- à Paris place de la République: cf. l'événement sur Facebook.
- à Vannes place Maurice Marchais, devant la mairie. Cf. l'événement Facebook dédié.
- il y a également quelque chose de prévu à Rouen (pas encore réussi à mettre la main sur le lieu exact).

Pendant ce temps :
- en Islande, la population se mobilise pour accueillir davantage de réfugiés que ce que prévoyait le gouvernement (article du Monde).
- en Allemagne, un site "Refugees Welcome" a été créé pour mettre en relation des réfugiés avec des gens désireux de les accueillir.
- en France, le dispositif "Comme à la maison", hébergé par l'association Singar, fonctionne de manière similaire.
Cependant, l'associatif et le caritatif ne doivent pas dédouaner les Etats de leurs responsabilités : c'est aux Etats d'accueillir ces réfugiés au nom des peuples des pays concernés et d'adopter ainsi une politique à la hauteur de ces droits de l'Homme dont ils se revendiquent si hautement quand il s'agit de toiser les pays dits en développement.

[vigix]

ne doivent pas dédouaner les Etats de leurs responsabilités : c'est aux Etats d'accueillir ces réfugiés au nom des peuples des pays concernés et d'adopter ainsi une politique à la hauteur de ces droits de l'Homme dont ils se revendiquent si hautement quand il s'agit de toiser les pays dits en développement.

La même lâcheté complice des Démocraties d'avant 1939 fassent aux nazis...

[Ascagne]

Ben justement, vu ce que ça a donné, autant mieux se tenir aux textes cette fois-ci...

[xender]

Un extrait de la presse suisse :

«L’afflux massif» de réfugiés est un mythe aux effets pervers

Depuis plusieurs mois, les images des drames de l’immigration diffusées dans les médias s’accompagnent d’un discours véhiculant l’idée que l’Europe se retrouve «submergée» par une immigration massive et sans précédent. Ce discours repose sur une vision étriquée des processus à l’œuvre et conduit à nier le besoin de protection des migrants pour renforcer une politique sécuritaire ayant fait la preuve de son inefficacité.

Certes, un nombre très important de personnes sont arrivées en Europe pour y demander l’asile en 2014 (environ 660 000) et en 2015 (plus de 400 000 durant les six premiers mois), mais nous sommes trop aveuglés par notre européocentrisme pour mettre ces chiffres en perspective internationale. Soixante millions de personnes sont actuellement déplacées de force à l’échelle mondiale et plus de 80% d’entre elles se trouvent dans les pays en développement. L’Europe n’est donc touchée que très marginalement par ce phénomène.

D’un point de vue historique, le discours de «l’afflux massif» fait l’impasse sur les nombreux épisodes d’accueil de personnes en fuite ayant jalonné le passé de l’Europe occidentale. Sans remonter jusqu’aux événements de la Deuxième Guerre mondiale et de la guerre froide, il est utile de rappeler qu’en 1992, 670 000 demandes d’asile avaient été déposées dans une UE à 15 membres, contre 620 000 en 2014 dans une UE à 28. A l’époque, un même discours alarmiste avait été diffusé, mais les personnes en fuite avaient malgré tout été accueillies dans différents pays européens, dont la Suisse. Aujourd’hui, la plupart de ces pays reconnaissent les bénéfices économiques, sociaux et culturels que ces migrants ont apportés à leur société, mais ils se montrent incapables d’adopter cette attitude vis-à-vis des flux migratoires contemporains.

Dans ce contexte, nous assistons à la montée d’un discours assimilant les migrants à une «vague», un «tsunami» ou un «essaim» (selon les termes récents du premier ministre britannique, David Cameron) prêt à «déferler» sur l’Europe. L’usage d’un tel vocabulaire, dicté par une logique de gains électoraux à court terme ou de sensationnalisme médiatique, contribue à déshumaniser les personnes dont il est question. Une fois qu’on les a ainsi réduites à des abstractions menaçantes, il devient alors beaucoup plus aisé d’exiger le renforcement d’une politique répressive qui nie leur besoin de protection. Une telle politique, menée depuis plus de deux décennies par les Etats européens sous les termes de «sécurisation des frontières» ou de «lutte contre l’immigration irrégulière», s’est avérée coûteuse, inefficace, et humainement inacceptable.

Une étude récente a montré que les 28 membres actuels de l’UE ont dépensé depuis 2000 au moins 13 milliards d’euros dans des dispositifs visant à interdire aux demandeurs d’asile l’accès à leur territoire. Or, cette stratégie coûteuse s’est révélée largement inefficace – de nombreuses personnes ont réussi d’une manière ou d’une autre à pénétrer sur les territoires dont on voulait les exclure – et a engendré de surcroît les phénomènes contre lesquels elle prétendait lutter. En forçant les individus en fuite à utiliser des routes dangereuses, cette politique a permis le développement d’un marché juteux et incontrôlable, celui des passeurs, que tous pointent du doigt comme étant les principaux responsables de la «crise migratoire» que nous sommes en train de vivre. C’est confondre les causes et les conséquences: les passeurs sont simplement la conséquence des politiques répressives, et non la cause des mouvements migratoires.

Sur le plan humain, le bilan d’une telle politique est catastrophique: ainsi, l’histoire retiendra que plus de 20 000 hommes, femmes et enfants auront, en l’espace de deux décennies, payé de leur vie leur tentative de pénétrer sur le territoire européen.

Mais le discours de «l’afflux massif» tend à occulter cette sinistre réalité et à décrédibiliser les solutions consistant à aménager des voies légales d’immigration. Il répand l’idée que toutes les personnes actuellement déplacées sur le pourtour sud de la Méditerranée se rendraient en Europe si elles y avaient accès légalement. Ces projections fantaisistes occultent totalement le coût élevé que représente la migration pour une large partie de l’humanité, que ce soit sur le plan économique, ­social ou culturel. Si certaines personnes sont décidées à entreprendre le voyage, toutes ne souhaitent pas se séparer de leur lieu de vie (fût-il temporaire et précaire), de leurs réseaux familiaux et sociaux pour se rendre dans un pays dont elles ne maîtrisent pas la langue et dans lequel leur formation ne sera pas reconnue. Cela constitue même l’exception puisque les migrants ne représentent que 3% de la population mondiale.

Mais nous sommes incapables de reconnaître cette réalité et nous persistons à envisager la migration comme un «problème» qu’il s’agit de «résoudre» à tout prix. En réalité, ce qui nous est présenté comme la crise de l’immigration est en partie due à la crise de notre perception de la migration.

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/e7f9994 ... ts_pervers

[Bixy]

Une remise en perspective qui fait du bien ! Merci pour cet article.

[FTQ]

Très bon article, xender, qui recadre bien les événements actuels. Je le trouve d'autant plus étonnant qu'il est à contre-courant, pour le peu que je sais, par rapport à la manière dont les suisses se sont exprimés concernant l'accueil des étrangers sur leur territoire. Merci de nous en avoir fait part. S'il fait suite aux images qui ont fait le tour du monde en quelques heures, je trouve ça un peu dommage quand même. Mais mieux vaut tard que jamais.

[RIHANNO]

C'est bien en Suisse où il est interdit de construire des minarets non ?!

Faites ce que je dit...

[Bixy]

> RIHANNO : il s'agit là d'un article de presse Suisse, pas d'une synthèse de l'opinion publique ni des orientations politiques de ce même pays.
Il arrive parfois que la presse ose aller à contre courant de ce que pense la masse, souvent par paresse intellectuelle. Mais si tu ne lis que "Minute", effectivement, tu ne pourras pas t'en rendre compte.

[RIHANNO]

Un autre suisse (un exilé fiscal) donne des conseils à la France

http://www.parismatch.com/People/Musiqu ... our-822261

[Ascagne]

Rihanno, il faut vérifier, mais il me semble aussi que tu confonds la Suisse avec l'un de ses cantons.

Xender, merci pour cet excellent article. Le fait qu'il ne reprenne pas les poncifs prépensés courants dans les médias en ce moment provient sans doute du fait que son auteur est doctorant au Centre des migrations de l’Unine et sait donc de quoi il parle (c'est précisé dans le chapeau introductif de l'article).

Un dessin bien envoyé (traduction du texte en dessous) :

Réfugiés 2015sept.jpg (33.47 Kio) Vu 3706 fois

"Pourquoi pensez-vous que nous venons ici pour tout piller ?
- Parce que c'est ce que nous avons fait quand nous sommes venus dans votre pays."

[vigix]

626 000 demandes d'asiles en 2014... En chiffres absolus, un total seul de 104 000 personnes se sont vu accorder un statut de réfugié dans l’UE-28 en 2014.

http://ec.europa.eu/eurostat/statistics ... tistics/fr" onclick="window.open(this.href);return false;

Les réfugiers oui, les migrants économiques non!

[Ascagne]

Tu es suffisamment doué en stats pour réfuter en une ligne les propos d'un doctorant spécialisé en flux migratoires ?
Je suis chaque jour plus émerveillé par l'étendue de tes compétences.


Une BD en anglais sur le site Upworthy explique l'origine de la guerre en Syrie (et donc indirectement des migrations actuelles) en mettant en avant un facteur peu évoqué : le changement climatique, très probable responsable de la sécheresse historique qui a frappé le pays entre 2006 et 2011 et dont la population ne s'est toujours pas relevée. Le début d'une longue série de dominos.

[vigix]

ça bug ou il y'a des posts qui ont été supprimé?

[xender]

Le forum a eu quelques problèmes et les messages des derniers jours ont été perdus, probablement définitivement ...

[Ascagne]

Article sur le site de la Radio télévision suisse : "L'exode des migrants en Occident met à mal la propagande djihadiste". Daech tente d'empêcher les gens de partir en redoublant de vidéos de propagande, mais a bien du mal à faire croire à une "vie normale" dans son "Etat islamique".