Sida, VIH, séropositivité et les associations (Act up, Aides...)
Posté : 24 sep 2017 15:14
Je n'ai pas vu de sujet général sur le sida, alors j'en ouvre un.
Je ne connaissais pas bien le sujet jusqu'à il n'y a pas si longtemps. Je n'ai pas connu la pire heure de l'épidémie. Dans les années 1980, j'étais tout petit, et les mots "VIH", "sida" et "affaire du sang contaminé" passaient largement au-dessus de ma tête. Le sida, j'en ai surtout entendu parler en cours de SVT au collège, dans les cours sur les infections sexuellement transmissibles. Je n'ai connu personne à en être atteint, je n'ai perdu aucun ami de cette façon. J'en avais des connaissances correctes, mais assez théoriques.
Les choses ont changé quand je me suis découvert bi. D'abord parce que devenir susceptible d'avoir des rapports sexuels avec des hommes m'incitait à encore plus de vigilance en matière d'IST, même si le sida se transmet aussi entre hommes et femmes ou entre femmes. Ensuite parce qu'en lisant au sujet de l'histoire de l'homosexualité et plus généralement des minorités sexuelles en France, j'ai commencé à croiser des allusions au sida. Puis il y a eu les lectures. Dans un hors-série du Magazine littéraire sur "Littérature et homosexualité" (excellent numéro, au passage), des critiques de livres et des portraits d'écrivains ayant écrit sur le sida, y compris des écrivains morts du sida eux-mêmes par la suite. Quelque temps après, on m'a offert le roman La Ligne de beauté d'Alan Hollinghurst, dont le personnage principal fait ses débuts de jeune homosexuel dans le placard en pleine génération de la libération sexuelle, génération fauchée horriblement par la maladie quelques années après.
Quelque temps après encore, un spectacle d'une toute petite compagnie de théâtre, la Compagnie en carton : Vi(e)H, qui met en scène le parcours de plusieurs malades et tente de recapturer "l'esprit des temps", pour montrer la violence terrible, pas seulement celle de la maladie mais aussi celle des préjugés et du rejet envers les malades. Un spectacle court, avec peu de moyens, mais bien envoyé et bien joué.
Il y a quelques années, j'ai été alpagué par un militant d'Aides dans la rue. Et si tu donnais un peu pour la lutte contre le sida, même très peu d'argent chaque mois, ça compte. Pourquoi pas ? Alors j'ai donné et je donne toujours. L'argent, c'est le nerf de la guerre, etc.
Depuis que je fréquente les associations LGBT et les marches des fiertés, j'ai croisé des militants de tous les genres, de tous les âges, de toutes apparences. Souvent j'ai été intrigué par les visages des gens d'âge moyen et des personnes âgées. Ils ont connu l'épidémie. Ils ont milité. L'enjeu était une question de vie ou de mort. De nos jours, avec les traitements plus efficaces, on s'endort, on redevient imprudent. Et puis de nouvelles personnes deviennent séropositives et se retrouvent de l'autre côté, à lutter. Les préjugés ont reculé, mais n'ont pas disparu non plus, pas plus que le VIH lui-même. Cet été, quand l'interdiction des soins funéraires aux séropositifs a enfin été levée, il y a eu des thanatopracteurs pour protester et dire qu'ils n'administreraient quand même pas ces soins aux séropos.
Et puis, il y a quelques semaines est sorti un film, 120 battements par minute, qui parle de l'association Act up et de ses actions pour dénoncer l'ignorance et les discriminations dont étaient victimes les malades du sida et plus généralement les séropositifs. Surpris en bien par la sortie de ce film, par les très bonnes critiques qu'il a reçues et par son succès inespéré au box-office (plus de 500 000 entrées en trois semaines, ce n'est pas rien, surtout pour un "petit" film sur un sujet pareil), je suis allé le voir cette semaine. J'ai été soufflé par la justesse du propos du film, par sa reconstitution de la vie d'une association LGBT, mais surtout par la plongée dans la vie quotidienne des malades du sida qu'elle rend possible, et qui ne peut pas laisser indifférent. J'ai saisi mieux que jamais la souffrance énorme des malades, l'hypocrisie de toute une partie de la société française envers eux, et j'ai été plus que jamais admiratif devant la force et l'entièreté de leur engagement militant. Ils se battaient et ils se battent toujours contre la mort et l'hypocrisie. C'est en plus un film très bien joué et bien mis en scène. Allez le voir si ce n'est pas déjà fait !
Pour finir, je voudrais aussi vous inviter à lire ce témoignage de l'écrivaine de science-fiction et de fantasy Catherine Dufour. Elle est connue pour sa fantasy comique et pour ses romans d'anticipation. Mais, comme souvent, l'humour est un outil pour faire face à la souffrance et à la violence. Catherine Dufour a connu l'épidémie et en donne un témoignage important, en forme de remerciement à Act Up. Ça s'appelle "Souris puisque c'est grave, bitch !"
Je ne connaissais pas bien le sujet jusqu'à il n'y a pas si longtemps. Je n'ai pas connu la pire heure de l'épidémie. Dans les années 1980, j'étais tout petit, et les mots "VIH", "sida" et "affaire du sang contaminé" passaient largement au-dessus de ma tête. Le sida, j'en ai surtout entendu parler en cours de SVT au collège, dans les cours sur les infections sexuellement transmissibles. Je n'ai connu personne à en être atteint, je n'ai perdu aucun ami de cette façon. J'en avais des connaissances correctes, mais assez théoriques.
Les choses ont changé quand je me suis découvert bi. D'abord parce que devenir susceptible d'avoir des rapports sexuels avec des hommes m'incitait à encore plus de vigilance en matière d'IST, même si le sida se transmet aussi entre hommes et femmes ou entre femmes. Ensuite parce qu'en lisant au sujet de l'histoire de l'homosexualité et plus généralement des minorités sexuelles en France, j'ai commencé à croiser des allusions au sida. Puis il y a eu les lectures. Dans un hors-série du Magazine littéraire sur "Littérature et homosexualité" (excellent numéro, au passage), des critiques de livres et des portraits d'écrivains ayant écrit sur le sida, y compris des écrivains morts du sida eux-mêmes par la suite. Quelque temps après, on m'a offert le roman La Ligne de beauté d'Alan Hollinghurst, dont le personnage principal fait ses débuts de jeune homosexuel dans le placard en pleine génération de la libération sexuelle, génération fauchée horriblement par la maladie quelques années après.
Quelque temps après encore, un spectacle d'une toute petite compagnie de théâtre, la Compagnie en carton : Vi(e)H, qui met en scène le parcours de plusieurs malades et tente de recapturer "l'esprit des temps", pour montrer la violence terrible, pas seulement celle de la maladie mais aussi celle des préjugés et du rejet envers les malades. Un spectacle court, avec peu de moyens, mais bien envoyé et bien joué.
Il y a quelques années, j'ai été alpagué par un militant d'Aides dans la rue. Et si tu donnais un peu pour la lutte contre le sida, même très peu d'argent chaque mois, ça compte. Pourquoi pas ? Alors j'ai donné et je donne toujours. L'argent, c'est le nerf de la guerre, etc.
Depuis que je fréquente les associations LGBT et les marches des fiertés, j'ai croisé des militants de tous les genres, de tous les âges, de toutes apparences. Souvent j'ai été intrigué par les visages des gens d'âge moyen et des personnes âgées. Ils ont connu l'épidémie. Ils ont milité. L'enjeu était une question de vie ou de mort. De nos jours, avec les traitements plus efficaces, on s'endort, on redevient imprudent. Et puis de nouvelles personnes deviennent séropositives et se retrouvent de l'autre côté, à lutter. Les préjugés ont reculé, mais n'ont pas disparu non plus, pas plus que le VIH lui-même. Cet été, quand l'interdiction des soins funéraires aux séropositifs a enfin été levée, il y a eu des thanatopracteurs pour protester et dire qu'ils n'administreraient quand même pas ces soins aux séropos.
Et puis, il y a quelques semaines est sorti un film, 120 battements par minute, qui parle de l'association Act up et de ses actions pour dénoncer l'ignorance et les discriminations dont étaient victimes les malades du sida et plus généralement les séropositifs. Surpris en bien par la sortie de ce film, par les très bonnes critiques qu'il a reçues et par son succès inespéré au box-office (plus de 500 000 entrées en trois semaines, ce n'est pas rien, surtout pour un "petit" film sur un sujet pareil), je suis allé le voir cette semaine. J'ai été soufflé par la justesse du propos du film, par sa reconstitution de la vie d'une association LGBT, mais surtout par la plongée dans la vie quotidienne des malades du sida qu'elle rend possible, et qui ne peut pas laisser indifférent. J'ai saisi mieux que jamais la souffrance énorme des malades, l'hypocrisie de toute une partie de la société française envers eux, et j'ai été plus que jamais admiratif devant la force et l'entièreté de leur engagement militant. Ils se battaient et ils se battent toujours contre la mort et l'hypocrisie. C'est en plus un film très bien joué et bien mis en scène. Allez le voir si ce n'est pas déjà fait !
Pour finir, je voudrais aussi vous inviter à lire ce témoignage de l'écrivaine de science-fiction et de fantasy Catherine Dufour. Elle est connue pour sa fantasy comique et pour ses romans d'anticipation. Mais, comme souvent, l'humour est un outil pour faire face à la souffrance et à la violence. Catherine Dufour a connu l'épidémie et en donne un témoignage important, en forme de remerciement à Act Up. Ça s'appelle "Souris puisque c'est grave, bitch !"