Verlaine a pourtant tiré un des coups les plus fameux de l'histoire littéraire ! (oui, oui, je sors...)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Verlaine
Je me demande quand même fortement s'il était si homo que ça, il m'a tout l'air bi (au moins sur le plan affectif). Je n'ai pas de bonne biographie de lui sous la main, mais je me replongerai dans ce que j'ai à l'occasion. Ses poèmes d'amour à Mathilde Mauté dans
La Bonne Chanson sont magnifiques,
et ses poèmes porno concernent aussi bien des femmes que des hommes. Ce n'est pas parce qu'ils sont peu connus (et ne sont sans doute pas ce qu'il a pondu de mieux) qu'ils n'existent pas !
Certes, il parle d'hommes :
Verlaine, dans le recueil Hombres a écrit :Mille et Tre
Mes amants n'appartiennent pas aux classes riches :
Ce sont des ouvriers faubouriens ou ruraux,
Leurs quinze et leurs vingt ans sans apprêt sont mal chiches
De force assez brutale et de procédés gros.
Je les goûte en habits de travail, cotte et veste ;
Ils ne sentent pas l'ambre et fleurent de santé
Pure et simple ; leur marche un peu lourde, va preste
Pourtant, car jeune, et grave en l'élasticité ;
Leurs yeux francs et matois crépitent de malice
Cordiale et des mots naïvement rusés
Partent non sans un gai juron qui les épice
De leur bouche bien fraîche aux solides baisers ;
Leur pine vigoureuse et leurs fesses joyeuses
Réjouissent la nuit et ma queue et mon cu ;
Sous la lampe et le petit jour, leurs chairs joyeuses
Ressuscitent mon désir las, jamais vaincu.
Cuisses, âmes, mains, tout mon être pêle-mêle,
Mémoire, pieds, cœur, dos et l' oreille et le nez
Et la fressure, out gueule une ritournelle,
Et trépigne un chahut dans leurs bras forcenés.
Un chahut, une ritournelle fol et folle
Et plutôt divins qu'infernals, plus infernals
Que divins, à m'y perdre, et j'y nage et j'y vole,
Dans leur sueur et leur haleine, dans ces bals.
Mes deux Charles l'un jeune tigre aux yeux de chattes
Sorte d'enfant de chœur grandissant en soudard,
L'autre, fier gaillard, bel effronté que n'épate
Que ma pente vertigineuse vers son dard.
Odilon, un gamin, mais monté comme un homme
Ses pieds aiment les miens épris de ses orteils
Mieux encore mais pas plus que de son reste en somme
Adorable drûment, mais ses pieds sans pareils !
Caresseurs, satin frais, délicates phalanges
Sous les plantes, autour des chevilles, et sur
La cambrure veineuse et ces baisers étranges
Si doux, de quatre pieds, ayant une âme, sûr !
Antoine, encor, proverbial quant à la queue,
Lui, mon roi triomphant et mon suprême Dieu,
Taraudant tout mon cœur de sa prunelle bleue
Et tout mon cul de son épouvantable épieu.
Paul, un athlète blond aux pectoraux superbes
Poitrine blanche, aux durs boutons sucés ainsi
Que le bon bout ; François, souple comme des gerbes
Ses jambes de danseur, et beau, son chibre aussi!
Auguste qui se fait de jour en jour plus mâle
(il était bien joli quand ça nous arriva)
Jules, un peu putain avec sa beauté pâle.
Henri, me va en leurs conscrits qui, las ! s'en va ;
Et vous tous! à la file ou confondus en bande
Ou seuls, vision si nette des jours passés,
Passions du présent, futur qui croît et bande
Chéris sans nombre qui n'êtes jamais assez !
Jusque là, ça va. Mais il parle aussi de femmes, il faut le dire !
Verlaine, dans le recueil Femmes a écrit :Ouverture
Je veux m'abstraire vers vos cuisses et vos fesses,
Putains, du seul vrai Dieu seules prêtresses vraies,
Beautés mûres ou non, novices et professes,
Ô ne vivre plus qu'en vos fentes et vos raies !
Vos pieds sont merveilleux, qui ne sont qu'à l'amant,
Ne reviennent qu'avec l'amant, n'ont de répit
Qu'au lit pendant l'amour, puis flattent gentiment
Ceux de l'amant qui las et soufflant se tapit.
Pressés, fleurés, baisés, léchés depuis les plantes
Jusq'aux orteils sucés les uns après les autres,
Jusqu'aux chevilles, jusqu'aux lacs des veines lentes,
Pieds plus beaux que des pieds de héros et d'apôtres !
J'aime fort votre bouche et ses jeux gracieux,
Ceux de la langue et des lèvres et ceux des dents
Mordillant notre langue et parfois même mieux,
Truc presque aussi gentil que de mettre dedans ;
Et vos seins, double mont d'orgueil et de luxure
Entre quels mon orgueil viril parfois se guinde
Pour s'y gonfler à l'aise et s'y frotter la hure :
Tel un sanglier ès vaux du Parnasse et du Pinde.
Vos bras, j'adore aussi vos bras si beaux, si blancs,
Tendres et durs, dodus, nerveux quand faut et beaux
Et blancs comme vos culs et presque aussi troublants,
Chauds dans l'amour, après frais comme des tombeaux.
Et les mains au bout de ces bras, que je les gobe !
La caresse et la paresse les ont bénies,
Rameneuses du gland transi qui se dérobe,
Branleuses aux sollicitudes infinies !
Mais quoi ? Tout ce n'est rien, Putains, aux pris de vos
Culs et cons dont la vue et le goût et l'odeur
Et le toucher font des élus de vos dévots,
Tabernacles et Saints des Saints de l'impudeur.
C'est pourquoi, mes soeurs, vers vos cuisses et vos fesses
Je veux m'abstraire tout, seules compagnes vraies,
Beautés mûres ou non, novices ou professes,
Et ne vivre plus qu'en vos fentes et vos raies.
Je sais bien qu'au XIXe les gens homo s'efforçaient souvent de rentrer dans le rang, mais de cette façon-là, quand même, il y va avec une vigueur un peu trop grande pour simuler !
"O ne blasphème pas", conclut-il :
Verlaine, dans le recueil Hombres a écrit :
O ne blasphème pas, poète, et souviens-toi,
Certes la femme est bien, elle vaut qu'on la baise,
Son cul lui fait honneur, encore qu'un brin obèse
Et je l'ai savouré maintes fois, quant à moi.
Ce cul (et les tétons) quel nid à nos caresses !
Je l'embrasse à genoux et lèche son pertuis
Tandis que mes doigts vont, fouillant dans l'autre puits
Et les beaux seins , combien cochonnes leurs paresses !
Et puis, il sert , ce cul, encor, surtout au lit
Comme adjuvant aux fins de coussins, de sous-ventres,
De ressort à boudin de vrai ventre pour qu'entre
Plus avant l' homme dans la femme qu'il élit,
J'y délasse mes mains , mes bras aussi, mes jambes,
Mes pieds. Tant de fraîcheur, d' élastique rondeur
M'en font un reposoir désirable où, rôdeur,
Par instant le désir sautille en vœux ingambes.
Mais comparer le cul de l'homme à ce bon cu
A ce gros cul moins voluptueux que pratique
Le cul de l'homme fleur de joie et d'esthétique
Surtout l'en proclamer le serf et le vaincu,
"C'est mal," a dit l'amour . Et la voix de l'Histoire.
Cul de l'homme, honneur pur de l'Hellade et décor
Divin de Rome vraie et divin encor,
De Sodome morte, martyre pour sa gloire.
Shakespeare, abandonnant du coup Ophélia,
Cordélia, Desdémona, tout son beau sexe
Chantait en vers magnificents qu'un sot s'en vexe
La forme masculine et son alleluia.
Les Valois étaient fous du mâle et dans notre ère
L'Europe embourgeoisée et féminine tant
Néanmoins admira ce Louis de Bavière,
Le roi vierge au grand cœur pour l' homme seul battant.
La Chair, même, la chair de la femme proclame
Le cul, le vit, le torse et l’œil du fier Puceau,
Et c'est pourquoi, d'après le conseil à Rousseau,
Il faut parfois, poète, un peu "quitter la dame".
Je suis formel : bi, à tendance homo, si on veut, mais bi !
Mon beau-frère Silvius tient le Biplan, un blog sur la bisexualité (actualités, militantisme, réflexions de fond). Passez donc voir, si le coeur vous en dit :
https://lebiplan.wordpress.com/