Donc... pour ce qui est de mon jeudi matin, voilà à quoi ça ressemble.
Effectifs d'arrivée (13h): 8/25 étudiants.
Nous n'avions pas eut cours la semaine précédant la pause pédagogique (à peu près synonyme de congés, sauf qu'on est censé profiter de la suspension des cours pour bosser, et pas pour aller faire du ski)... Ce cours manquant (pour cause de grève) devait être "remplacé" par l'étude de notre part du plan de cours transmis par notre prof adoré. Seulement la secrétaire a oublié de transmettre (honte à elle merci merci merci). Mais heureusement cette erreur va être réparée:
"- Rendez vous compte: vous allez devoir ouvrir des livres! Et peut être même un Code civil!... pour la première fois, qui sait...? (gloussement) Mais c'est pour votre bien: il faut vous rendre moins paresseux"
À propos d'un article cité dans le cours:
"- Même si, hypothèse dont je doute de la réalité pratique, vous alliez ouvrir un Code ou un manuel pour consulter cet article, je crains fort qu'il s'agisse pour vous d'un tel effort que vous vous arrêtiez dans votre élan... aussi vais je vous dicter cet article 1994 al 2..."
Question et réponse rapide d'un étudiant
"Comme vous êtes affutés ce matin"(sourire en coin)
Il est de tradition chez nous de faire une pause toutes les heures, ce que personnellement je trouve excessif... Notre prof adoré doit être de cet avis car au malheur de mes condisciples, il ne fait quant à lui qu'une pause, au milieu des 3h de cours.
Après avoir situées les choses...
Après 1h40 de cours:
"- Vous arrivez à suivre ou vous attendez silencieusement et courageusement la pause? (Sourire) La nicotine commence à vous travailler (mimique imitant un drogué en manque) ! C'est terrible, à votre âge!... Enfin, à votre âge... vous n'êtes pas si jeunes que ça..."
"Vous en pensez quoi? [silence] Rien? C'est terrible tout de même de ne rien penser... On va finir par croire que vous... non... rien... on ne va rien finir par croire, rassurez vous"
Sourire ironique.
Une réponse émerge.
"Ha!!! Une réponse!!! Nous avons ici une personne dotée de neurones! Avec nous! Réjouissons nous!!"
"Si je me souviens bien, mais vous me corrigez si je me trompe..."
"- Diletantisme, c'est un mot que vous connaissez?
[hochements de tête affirmatifs dans la salle]
- Je me disais bien (re sourire ironique)"
"Cette jurisprudence est étonnante parce que... Tiens d'ailleurs, pourriez vous me dire pourquoi cette jurisprudence est étonnante?
[pas de réponse]
Heureusement que je suis là pour vous dire pourquoi vous devriez être étonnés... Mais c'est pour rendre le cour plus... excitant!"
Nouvelle question posée.
À X qui se penche vers X pour vérifier sa réponse:
"Mais pourquoi vérifiez vous votre réponse?!? Nous sommes entre amis, que diable!!!"
"Juste par curiosité malsaine, parce que j'aime me faire du mal, est ce que cette notion vous dis quelque chose?"
"Qui ne suit pas? Répondez honnêtement!
[silence... perso, je suis larguée, mais je m'en fiche totalement, car on est en pleine digression]
Tout le monde suit! Mon Dieu! Que je suis un bon enseignant"
Un exemple sur le mandat est donné. Deux élèves servent d?exemple (les deux seuls dont il retienne le nom).
Au final :
« C?est la faute de M. (nom de l?étudiant) ! Il faut juste que vous reteniez que quoi qu?il arrive dans ce type de relation contractuelle, dans ce genre de situation, c?est toujours la faute de M. (nom de l?étudiant) ! »
Pour conclure... je rappelle que je suis étudiante dans un petit centre universitaire, délocalisé, et la plupart des profs viennent en train depuis Poitiers, voire Bordeaux ou Paris... aussi parfois leur est-il nécessaire d'écorner quelque peu les cours pour ne pas se retrouver comme des andouilles sur le quai de la gare, leur TGV ne les ayant pas attendus, surtout lorsqu'ils ont des cours à assurer à Poitiers à 14 heure.
Ainsi la fin du cours approche-t-elle... Au milieu d'une phrase, notre prof adoré se rend brusquement compte qu'il est déjà 12h56!!! Il commence à la va vite à enfiler son manteau en finissant sa phrase, puis annonce :
"J'ai le regret de vous annoncer que la semaine prochaine sera notre dernier cours! Je vous quitte donc avant de voir poindre les premières larmes..."
Et il file prendre son taxi, héroïquement.
Quoi? On le voira plus, après, le monsieur?
...
Précision: au début, je l'aimais bien, ce type... Mais trente heures de cours dans ce genre là, ça fini par agacer, même quand on apprécie l'humour noir. Un peu comme DSK qui a moyennement appréciée la chronique de Guillon, l'autre jour à France Inter (à ce propos, je l'ai entendue, celle là, et j'ai pas apprécié non plus, alors que d'habitude, je suis bon public)...
Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de trouver que c'est quelqu'un d'intéressant, mon prof. J'apprécierais sans doute de causer un peu avec lui hors cours...
Comme quoi, ce n?est pas parce qu'en tant que prof, je ne l'apprécie pas que je considère pour autant que ce n'est qu'un "pôv con".