A moi d'apporter mon p'tit témoignage.
Le témoignage de la p'tite souris fait aussi écho avec certains points, (ainsi que celui de Ludmia...comme c'est étonnant ^^. ) Mais le tout en très différent également.
Je n'ai pas officiellement été reconnu HP, et j'ai pourtant été testé. Mais j'y reviendrai.
J'ai grandi dans une banlieue miteuse, et dans un désert culturel total. Les livres « étaient trop chers » paraît-il. Fils unique d'une mère célibataire, ça c'est pour les conditions.
J'ai marché à 11 mois, à 13 j'étais propre (même si je ne le suis plus depuis longtemps), à 15 je faisais des phrases complexes.
En maternelle je dessinais déjà bien et faisais plus de détails que tous les autres. Et en CP mon instit avait hâte de faire « rédaction » car elle kiffait lire mes histoires.
Évidemment, j'étais premier de la classe, mais j'en avais vraiment rien à foutre. Certains s'inventaient des compétitions avec moi (qu'ils gagnaient ou perdaient sans moi , hein ^^).
En cours de CM1 j'ai du déménager, seuls mes murs m'ont manqué. Pas les gens.
Arrivé dans ma nouvelle région, la meilleure façon qu'ont trouvée mes nouveaux camarades de m'intégrer à, semble t'il, été de m'appeler l' « ingénieur » et de me tabasser de temps en temps, mais pas trop, je suis plutôt du genre berserker, et ça m'a pas mal sauvé la mise.
Mon instit a proposé que je saute le CM2 car il estimait que je n'aurais aucun souci à m'intégrer et que j'avais un niveau 5ème. Je n'ai pas voulu, ça me faisait peur...
Bon en même temps vu comment me traitaient les gamins de CM1 j'imagine qu'il y a une certaines logique à ne pas vouloir se coltiner les grands de 6eme.
Le sujet du « sautage de classe » a ainsi été clos, sans plus de débat...
En CM2 je faisais les exercices qu'on nous donnait à faire, quand j'avais fini on m'en donnait de nouveaux... qui servaient de devoirs à la maison aux autres élèves. Ça aide pour se faire apprécier ^^.
Et puis quand j'avais fini, vu qu'il restait du temps, je faisais des exercices de 6eme voir de 5 eme, dans toutes les matières.
Le collège a été scindé en 2 : en 6ème et 5ème premier de la classe, félicitations des profs, élève promis a un avenir brillant... Puis ensuite en 4ème, j'ai tout saboté, ça a été la cata. « Crise d'ado » soit disant : je me rebelle, j'envoie péter tout le monde et j'essaie de m’intégrer avec les « potes », je me mets au sport, je réponds aux adutles, je pense plus aux filles (qui n'en ont rien a foutre de moi) qu'au reste etc... Je reste le gars bizarre, mais je ne suis plus le « fayot » de la classe. Les notes plongent à tel point qu'en 3eme il semble impossible que j'ai le brevet (en gros il fallait que j'ai 18 dans toutes les matières ou un truc comme ça je sais plus trop).
Mes parents me disent que si j'obtiens le brevet, j'aurais une mobylette.
J'ai le brevet haut la main.
Comme j'assure pas en cours, et que j'en ai rien à foutre, mes parents me refuse mon premier choix d'orientation (qui était d'aller vers un bac F12... un truc d'art quoi...ils me ferment la porte sous prétexte que je ne semble « pas intéressé par l'art »...ceux qui me connaissent un peu risquent de s'étouffer, mais d'une certaine façon c'était pas faux. Mais cela n'empêche que, visiblement, je savais ce que je voulais ^^) et mon deuxième (qui était d'aller dans le général, pour suivre les « potes »)
Ma mère, voulant arrêter la cata, m'envoie...en technique, direction les études pleines de math et de physique loin des potes. A moi les TP, les portails automatiques, les moteurs asynchrones et synchrones et tout le tsointsoin... Bref, les trucs de "mecs" (je la soupçonne d'avoir choisi cette branche aussi pour ça, vu que je ne bricolais pas, ne m'interressait pas à ma mobylette etc... en fait... vu que visiblement cela m’intéressait encore moins que l'art huhuhu, logique hein?), tout ce que je déteste. Je préfère qu'on me foute la paix dans mes mondes.
Manque de bol...le technique étant vu comme quelque chose de « peu noble » à l'époque, me voilà avec tous les rebuts de la société: métalleux, punks et autres tarés du coin. Trop cool !
Je me suis bien amusé et certains sont encore des potes. (enfin un surtout qui est mon...tatoueur...)
J'ai eu le bac avec mention sans m'en apercevoir, rien à faire. J'ai malgré tout un dossier minable etla version courte de la suite c'est : après avoir foutu le bordel dans un BTS classique et mettre barré en claquant la porte, je me fais accepter dans une école qui fait une formation en alternance (école qui m'accepte sans me faire repasser les tests d'entrée, que j'avais fait l'année d'avant : j'avais eu les meilleurs résultat tout confondu, mais le profil psychologique leur disait que j'étais incontrôlable, d'où refus.)
J'obtiens mon BTS, avec la meilleure note académique, en restant le temps minimum à chaque épreuve et sans avoir écouté une leçon ni pris une note en 2 ans. Et avec une FX collège (pour ceux qui connaissent)
J'ai appris il y a quelques semaines en recroisant un collègue de classe que les profs et les éléves m'appelaient « le monstre » quand ils parlaient de moi en mon absence.
Ce qui était souvent le cas, car j'étais plus occupé à faire du snowboard, fumer des bières et boire des pétards (ou l'inverse je sais plus) qu'autre chose...
Bref, BTS en poche, l'heure est à la recherche de taf (oui parce que j'ai fait assez d'études hein, même si mon école insiste pour que je fasse une école d'ingénieur, moi ça me rappelle trop de mauvais souvenir. Et en plus, le hasard fait que j'ai l'occasion d'en visiter une (une des meilleures pour ma branche) et d'y rester un WE...et de m'apercevoir que la seule chose qu'on vous demande c'est de rentrer dans le moule (via le bizutage), je m'engueule avec la plupart des élèves dont le pote qui m'a fait venir. Cata).
Un centre de recrutement (en fait 2 mais je vais ne parler que d'un, l'autre c'est la même histoire en plus long) me fait passer des tests de QI (centre de recrutement versions chasseurs de tête, qui m'a contacté sûrement à cause de la façon dont j'ai eu mon BTS) :
on me donne 3 feuillets et on me dit « vous avez 1 heure pour chaque (ou un truc du genre je sais plus honnêtement), et on viendra vous dire quand une heure sera écoulée (j'avais pas de montre, forcément). J'entame le premier livret, le finis, j'attends, je commence le deuxième, le finis, j'attends, je fais le troisième et je me dit que, bon, ils ont du m'oublier et que j'ai pas envie de rater mon train. Je me lève, leur rend ma copie et on me dit « la première heure n'est pas écoulée... vous êtes sûr de pas vouloir vous relire?»... M'en fous, me casse. Quelques semaines après, n'ayant aucune réponse, mon père intrigué appelle et se fait passé pour moi pour leur demander les résultats, et si ça donne quelque chose niveau boulot. Il apprends que mon dossier a été classé sans suite car pas fiable (il insiste pour avoir le résultat et lui disent juste : + de 147 donc pas possible en restant même pas une heure= classé en erreur).
Je ne sais pas ce que veut dire « + de 147 » , mais je m'en fous... je me dis juste que le test doit pas être fiable...
Tout ça pour dire que, oui, je suis « doué », peu importe ce que cela veut dire, c'est un fait.
J'ai toujours résolu les problèmes de maths, réécrit des théorèmes de physique, expliqué à mes collègues de classe ce que les profs n'arrivaient pas à leur faire comprendre, posé des problèmes à mes prof de philo (pas difficile vous me direz), grugé tout un tas de truc, jamais appris une leçon, réussis mes exams dans le temps minimum ou bourrés ou les 2 etc... (et contre tout clichés: plutôt bon dans les sports que je pratique, justement parce qu'il y a une grande part de « compréhension » dans chaque discipline.)
Bref, c'est un fait.
Mais... au final, je suis totalement mal venu dans une société qui préfère la docilité et l'uniformisation que je suis « indésirable » à peu près partout. Tout me semble stupide, aller trop doucement, ne pas être logique et ...je m'ennuie. De plus, plusieurs expérience au cours de ma vie montre que cette « douance » m'a réellement desservie . Je suis classé dans les « à éviter ». Je ne sais rien faire vu que je n'ai jamais eu à apprendre (et que tout m'ennuie), je n'ai pas de « spécialité », pas de chose à mettre en avant si ce n'est que je crée 12 mondes par jour.
Mes parents ne se sont jamais trop posé de questions concernant mon orientation (vide culturelle et un certains dédain pour ce qui est "culturel" justement), je disais vouloir faire de l'art, eux m'ont dit d'assurer un travail « normal » avant et de faire ce que je voulais après, pensant que je « m'en sortirais toujours vu que je suis intelligent, et que je pourrais toujours revenir dans mon boulot de « formation ».
Super.
Maintenant, je vis sous le seuil de pauvreté, on ne veut pas de moi pour les emplois qualifiés car je ne suis...pas qualifié (mon BTS ne vaut plus rien) et on ne veut pas de moi dans les emplois non qualifié parce que je suis ingérable, pas docile et que a moins de me shooter au médoc, ça se voit.
Je ne supporte plus de faire semblant et de me taire car cela me bouffe.
Ha et je ne veux pas d'emploi en fait.
Et je me retrouve avec un diagnostique de « schyzophréne génial hyperactif » de mon médecin bien aussi fou que moi.
Et relativement « seul » car phobique social (comment ne pas?).
Bref, pour reprendre la formule de Ludmia : « doués mais souvent bien bêta » et surtout « pas sa place » dans une société ou on a tellement peur de tout et surtout de la différence. Il faut rentrer dans un moule, surtout ne pas faire de vague, ni remettre en question les choses ou alors seulement quand on est passé par toutes les étapes "normales", qu'on a le bon âge et les bons diplômes sinon on est pas légitimes, dérangeants, utopistes ou tarés (suivant l'interlocuteur) et ce, même lorsqu'on prouve qu'on a raison et que les solutions que l'on apporte sont dans l’intérêt de tous.
Bon voilà ça c'est pour tout ceux qui seraient tentés de trouver ça cool d'être « doué » et qui cherchent absolument à prouver qu'ils le sont par je ne sais quel « vécu » trop foufou.
Ensuite pour le lien avec la bisexualité. Je pense que cela n'a rien à voir, c'est un « goût », une nature, ce n'est pas lié à l'intelligence. Mais, les gens doués se posent souvent plus de questions que les autres, et explorent plus de sujet que beaucoup de gens, et par ces questions et cette exploration voient leurs perspectives changer, leur culture s'étoffer. Et donc potentiellement ils sont plus à même de se poser certaines questions qui ne coulent pas forcément de sources dans notre société hétéro normée.
Et donc...d'en trouver les réponses.
(désolé pour ce long message certainement chargé de fautes, mais j'avais promis l'histoire à plusieurs membres en privé et si cela peut "aider" d'une façon ou d'une autre, d'autres membres (je pense surtout à des parents, car il y a des leçons a tirer de tout ça quand même ^^), ben ...c'est cool)