Etant sensible à l'entrepreneuriat, car étant directement actuellement concernée par cette réalité, tombée dans la marmite depuis mes études, et ayant une famille d'entrepreneurs et de patrons (TPE et PME) qui fait aussi que je suis "tombée dans la marmite" depuis mon état d'embryon (les parois du ventre de ma mère ont des oreilles), je trouve que ce topic mérite débat, comme ce qui a déjà été lancé. et je me permets de donner mon point de vue.
Même si, certes, le parallèle initial est quelque peu déroutant et à prendre avec des pincettes très fines.
Après, je ne veux en aucun cas défendre les propos de partis politiques extrêmes auxquels je n'adhère en rien.
Il y a un mot qui me vient à l'esprit en parcourant le dernier post de Jean - René (qui du reste a de mon point de vue le courage de faire une comparaison très osée et périlleuse alors que nous sommes avides en France de la parole" bien pensante" et pas trop osée) : c'est le terme d'assistanat. Cet "assistanat" est sans doute un héritage de l'après guerre toujours d'actualité mais en décalage avec la réalité ; et quand un système devient déconnecté de la réalité, il peut devenir insensé, absurde, perverti, voire inégalitaire.
Et je rejoins Xender qui évoque l'innovation : mais je développerai plus tard.
par avance, merci de votre indulgence. le débat est super intéressant. Je dois prendre le temps de lire vos posts. Mais je souhaite donner mon point de vue à chaud. Je n'ai jamais compris l'engouement pour le continent asiatique, ni celui pour la Russie et aujourd'hui, on commence, en tout cas en France, à s'en mordre les doigts. Les 30 glorieuses, c'est fini. les élites froides ne l'ont pas intégré, mais en fait, elles s'en fichent et ça les arrange : pour elles, tout roule de façon mathématique. Que dire également des élites "politiques" qui s'amusent d'un système politique obsolète lui aussi dont la complexification du changement les arrangent aussi, sauf bien entendu pour celles et ceux qui veulent ou on tenté de faire bouger les choses (et dont se moquent souvent les Grands Médias, dont la médiocrité n'est plus à prouver pour moi). Par contre, "en bas", on est loin de s'en ficher. Et on jongle comme on peut dans ce système à dominante politico-économique (il faut dire ce qui est) qui, comme le dit Eleventh "marche sur la tête".
je suis aussi très sensibilisée à la fuite des cerveaux français vers l'étranger, que ce soit dans la recherche ou en ce qui concerne l'innovation. Car il s'avère que c'est une réalité. Quand on veut taxer les générateurs d'emploi historiques à hauteur de 75% (certes, je fais ici un gros raccourci, mais c'est une réalité), il ne faut en rien s'étonner que les patrons et chefs d'entreprises préfèrent domicilier leur activité voire développer leurs activités au delà des frontières françaises ou depuis l'étranger. Après, c'est vrai que si c'est un pur calcul mathématique, alors que ces patrons peuvent monter quelque chose pour toutefois rester en partie et "résister" à l'envahisseur économique (qui peut aussi venir de l'intérieur, ne soyons pas dupe), on peut sans doute en effet parler de "désertion", de "lâcheté" calculée. J'ai dans mon entourage proche un membre de ma famille qui est parti à l'étranger : je n'adhère pas à sa vision de la carrière, qui pour moi appartient au passé, ce que je lui souhaite, c'est qu'il ne reçoive pas les foudre de ses enfants dans 20 ans ; pour moi, il contribue à ce système ; pourquoi ? Parce que son employeur qui est "une grande entreprise mondialement connue" le tient par les ***** en lui disant "bon, et bien maintenant, tu vas partir à l'étranger avec ta famille et tu reviens dans 5 ans sinon byebye" ; n'Est-ce pas ce genre d'employés qui génère "la désertion de masse" et est loin d'être résistant, rendus avides de plans d'épargne et autres placements boursiers juteux promis et dressés en carotte par leurs employeurs ? je le pense. Et ce membre de ma famille le sait de moi. Il y a dans ce système des "grandes entreprises" une forme d'héritage post-colonialiste qui me sidère.
Il y a d'autres réalités : des investisseurs chinois qui rachètent doucement mais sûrement des entreprises françaises.
Pourtant, la tendance va s'inverser : produire en Chine n'en vaut plus la peine car l'Europe de l'Est concurrence cet eldorado des années 2000 qui n'est plus.
Il y a toutefois une forme de "résistance" dont on ne parle pas, qui sont en effet les petits entrepreneurs (dont je fais partie) et moyens entrepreneurs qui jonglent tant que faire se peut avec des charges déconnectées de la réalité (j'ai envie de parler de sur-charge), et qui obligent à réaliser des montages malins pour essayer de respirer. Mais, employer des salariés est d'une complexité rendue infernale par cette sur-charge d'un autre temps, qui justifie aussi la "fuite à l'étranger".
Maintenant, partir pour revenir plus fort, c'est sans doute ce qui se passe aujourd'hui en France.
Sauf pour les individus qui sont des spéculateurs "d'emplois numérotés" plus que des employeurs d'êtres humains sont sans doute ces "collabos", si on devait faire un parallèle socio-économique avec la réalité historique socio-politique de la collaboration pendant la seconde guerre mondiale, ils restent en France dans leur(s) tour(s) d'ivoire déconnectée(s) de la réalité économique et sociale. Mais, de tout temps, il y a eu ces "élites" à la française dans leur tour d'ivoire au sein desquelles on est admis sur "dossier" (ticket d'entrée monnayé, valeurs partagées, réseau apporté, échanges de bon procédé - immobilier, fiscalité avantageuse, biens/avantages matériels-...). Depuis le Moyen Age, depuis l'époque moderne. Passage de flambeau parfois d'office en office, de parent à enfant ou coopté.
Alors, la seule preuve d'intelligence que j'observe, ce sont les "rachats" entre entreprises françaises comme ce qui se produit actuellement pour le rachat d'un grand fournisseur d'accès à la téléphonie mobile et à Internet, par un autre FAI.
Face à ces tours d'ivoire et de verre impénétrables et bien gardées, et à la biographie étroitement liée à l'Histoire du pays, et notamment post-guerre, il y a aussi des entrepreneurs courageux du quotidien qui innovent ou tentent d'innover.
Pour moi, partir à l'étranger est une question de survie économique à mon échelle mais aussi parce que l'employeur est frileux du fait de la sur-charge que représente une embauche, et aussi une question nourricière : parce que mon "dossier" n'a pas été accepté et parce que je ne remplis pas les critères d'intégration au sein de l'élite ou de l'entreprise "d'élites", il s'agit de créer mon emploi "là-bas", de le développer là-bas, et de revenir en donnant une bouffée d'air frais à un pays contrôlé par des élites "visibles" qui se taclent aussi entre elles, quoiqu'on en disent, et dont les médias parlent volontiers parce que ça entretient le lectorat, et d'autres dont on ne parle pas (parfois entretenant des "réseaux" alternatifs à ceux hermétiques des "grandes élites auto-cooptées") qui permettent au tissu économique local d'exister et de persister, non sans difficultés (l'usine Lejaby qui ferme, ça ne vous met pas en rogne ? ; "La "résistance" ici est illustrée par un ancien de chez Aubade qui a lancé une ligne de sous vêtements féminins sur mesure dans l'Ouest français à commander par Internet faisant ainsi travailler de belles petites mains en France, alors que son ancien employeur Aubade fait fabriquer ses produits en Afrique du Nord donc prône le modèle économique basé sur la délocalisation, foulant ainsi quelque part le consommateur métropolitain à travers un Made in France "truqué" pour des raisons, à la base, fiscales et de sur-charge fuie, et une main d'œuvre "bon marché"
).