Les uns résistaient, les autres s'enfuient

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Bixy
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Re: Les uns résistaient, les autres s'enfuient

Message par Bixy » il y a 9 ans

J'ai une collègue artiste qui prévoit en Octobre prochain de s'exiler aux USA. Mais avant ça, elle compte bien bosser tout l'été et cumuler les 507 heures nécessaires à l'ouverture de droits à l'allocation chômage en annexe 10.
En clair, ça veut dire qu'avant de partir elle compte bien prendre les 12 000 euros d'allocation chômage (243 jours à environ 48 euros par jour) qu'elle aurait perçu si elle était restée... Cracher sur le système, le quitter, mais quand même bien en profiter avant de se barrer. Y'a que moi qui trouve ça moyen ?
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Re: Les uns résistaient, les autres s'enfuient

Message par tictac » il y a 9 ans

Je suis d'accord avec toi Jean-René, pour ceux qui partent dans cette optique. Mais je ne pense pas que ce soit la majorité de ceux qui s'expatrient. Et ceux qui partent pour faire fortune, ou qui se lance à corps perdu dans la finance ou le commerce, afin de réussir bien mieux qu'en France, sont avant tout des carriéristes, qui ne sont motivés car par leur réussite personnelle, et le profit qu'il peuvent en retirer. J'y vois plus des individualistes, avec une pointe d'égoïsme et d'égocentrisme sans doute, mais qui au final ne collaborent qu'avec eux-mêmes, pour ce qu'ils croient être l'ultime but dans la vie, réussir économiquement. Ils sont surtout formatés, ainsi qu'empêtrés dans leur ego.

Pour "l'ultra libéralisme" Vigix, ça ne permet pas tout ce que tu décris, en tout cas par pour le plus grand nombre. Le résultat est même inverse, la crise que nous traversons, le chômage, et le fossé qui grandit entre les plus riches et le reste de la population, tout cela c'est grâce à "l'ultra libéralisme". On ne peut pas comparer le Nazisme avec l'ultra libéralisme, et donc le capitalisme, pour plein de raisons évidentes. Mais si on compare la Seconde guerre Mondiale, avec la guerre économique actuelle, alors la cause et l'ennemi dans le premier cas est le Nazisme, dans le deuxième cas c'est sans aucun doute le capitalisme, qui a débouché sur cet "ultra libéralisme". Notre ennemi c'est lui, l'immense majorité des problèmes de ce Monde, chômage, guerres, pauvreté, pollution, c'est lui. Alors oui, œuvrer pour ce système, en espérant une part du gâteau, ou non, c'est collaborer d'une manière ou d'une autre, activement ou en ne faisant rien pour que cela change.

Ce n'est pas à cause des charges sociales, des retraites, de la sécurité sociale, ou des immigrés que notre pays va mal, c'est à cause de cet ultra libéralisme auquel il est livré en pâture, bouffé par les banques privés à qui il rembourse ses dettes factices avec des intérêts monstrueux. Pris en otage par cette "mondialisation", comme tous les autres pays de cette planète. Tous les pays sont victimes des banques privés, des multinationales, et des plus grosses fortunes du Globe. Ce Monde marche pour eux, et comme ils veulent qu'il marche. C'est eux qui font le Monde tel qu'il est.
Et là ce n'est même plus une question de droite, ou de gauche, pour affiner la notion de "collabo", je dirais que le collabo, peu importe qui il est, est celui qui sait cela, mais ne fait rien, dans ses choix, dans ses actions, ou au moins dans ces prises de parole, ou votes, pour s'opposer à cela, ou qui profite de ce système en ne se souciant aucunement des conséquences et des autres, il contribue à la force du mécanisme. Car ce mécanisme a un très gros point faible, sans nous, les vaches à lait, les consommateurs, la masse populeuse, il n'est rien. Il n'y a qu'en s'unissant tous, ou au moins en étant de plus en plus nombreux à faire barrage, que l'on peut le faire s'écrouler. Mais pour cela, il faut apprendre à faire parfois passer l'intérêt de la communauté à long terme, devant son intérêt personnel à court terme, et je sais que ce n'est pas toujours évident.

Les Anglo-saxons en sont le symbole, car l'Empire Britannique puis les Etats-Unis ont été les puissances dominantes économiquement depuis 2 siècles. Mais ne les diabolisons pas par rapport à nous, les germano-latins que nous sommes, avec le reste de l'Europe de l'Ouest, nous ne sommes pas en reste, et nous sommes tout aussi responsables et avons participé à la création et au développement de ce système capitaliste. Ce n'est pas quelque-chose qu'on nous a imposé de l'extérieur, la grande bourgeoisie française en a été partie prenante, tout comme le colonialisme français. Les Anglo-saxons ne sont pas pire que nous en la matière, en ce n'est pas LEUR système. Seulement pour des raisons historiques, ils n'ont fait que nous devancer, sur une économie que nous étions nous-même de notre côté, déjà en train de mettre en place. Et d'une manière générale, ce sont les Européens, et encore plus général les Occidentaux qui sont à l'origine de tout cela. Allez faire la distinction en Asie, ou en Afrique entre les méchants capitalistes Anglo-saxons, et les Français, ils n'y verront aucune différence, et ils auront raison, car il n'y en a pas. Si ce n'est que jusqu'à présent, les mouvements sociaux, et les syndicats ont été plus puissants et plus influents chez nous, jusqu'à créer un état bien plus socialiste qu'outre-atlantique et outre-manche, mais l'économie de fond, le patronat, ont toujours été sur terreau capitaliste et libéral, tout ce qu'il y a de plus européen et occidental.
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Re: Les uns résistaient, les autres s'enfuient

Message par tictac » il y a 9 ans

Non Biscuit, moi aussi je trouve ça très moyen. Surtout que pour les Etats-Unis, et je connais bien le sujet, c'est quand même marche ou crève. Donc, quand t'es jeune en bonne santé et que t'as du boulot, tu peux crier à la joie de ta nouvelle vie, et à ton épanouissement professionnel. Sauf que le jour où t'es malade, moins jeune, et avec beaucoup moins de boulot, ben tu rentres la queue entre les jambes en France, car il n'y a qu'ici jusqu'à présent, que dans la même situation tu peux t'en sortir dignement. Enfin jusqu'au jour où les politiques auront réussi à bien taper dans la sécurité sociale, dans les retraites, et dans les charges sociales...
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Re: Les uns résistaient, les autres s'enfuient

Message par tictac » il y a 9 ans

Et le mieux, c'est quand depuis sa nouvelle vie américaine, elle dira que la France est un pays de feignants, et qu'il n'y a pas assez de dynamisme. Un grand classique, après la phrase ultime "Ah mais moi, c'est finit, je ne pourrais plus revenir habiter en France !"...Jusqu'au jour où... :moais:

Il y a plein de choses qui m'agacent en France, mais taper sur le rythme de travail, et les aides que l'on a, alors qu'on est ravi d'en profiter quand on est concerné, ça m'énerve énormément.
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Re: Les uns résistaient, les autres s'enfuient

Message par LudmiA » il y a 9 ans

tictac a écrit :Sauf que le jour où t'es malade, moins jeune, et avec beaucoup moins de boulot, ben tu rentres la queue entre les jambes en France, car il n'y a qu'ici jusqu'à présent, que dans la même situation tu peux t'en sortir dignement. Enfin jusqu'au jour où les politiques auront réussi à bien taper dans la sécurité sociale, dans les retraites, et dans les charges sociales...
Ce jour est déjà venu Tictac, et j'aimerais, comme déjà dit dans ce sujet plus tôt, qu'on cesse aussi d'idéaliser les aides sociales françaises.
Je suis jeune, certes, mais handicapée depuis peu - maladie génétique - et donc avec presque plus de travail. Et bien, je peux vous assurer que (sur)vivre est loin d'être facile, même en France.
On ne m'a pas accordé, pour l'instant, la reconnaissance de handicap car ma pathologie est rare et une bonne partie des MDPH refusent tout simplement de la prendre en compte car pas dans les listings - pourtant je viens de commander mon premier fauteuil roulant hein - je n'ai donc pour l'instant que le RSA et les APL en complément de mes touts petits revenus.
Sauf que, le RSA et les APL, la CAF me les a sucrés parce que mes revenus sont des revenus d'artiste - auteur, pas intermittente comme l'amie de Biscuit, ce qui veut dire que je n'ai pas droit au chômage ni aux arrêts maladie, mais pas droit non plus de vendre mes oeuvres, pour ça je dois passer par un éditeur, en fait avec mon statu, j'ai pas droit à grand chose en France. La CAF, et l'administration française en général, crache au visage des gens "différents" depuis longtemps. Pourtant, parmi ces gens différents, il y a les sacro-saints faiseurs de la culture française - dont oui je fais partie.
Au final, le mois prochain, si on ne me donne toujours pas RSA et APL, nous serons à découvert de 1000€ dans mon couple - il est artiste auteur lui aussi et en galère tout pareil.

Or dans plein d'autres pays civilisés, nous pourrions vendre nos oeuvres sans passer par un éditeur, sans payer plus de 40% de taxes sur nos droits d'auteurs - il ne nous reste pas grand chose au final, déjà que la plupart des auteurs vivent en dessous du seuil de pauvreté - et sans avoir à justifier d'un emploi "normal" pour avoir droit à quoi que ce soit. Le simple fait de déclarer nos revenus suffirait à les rendre légaux.
Bien sur, nous n'aurions pas droit au RSA ni aux APL dans de tels pays, et je ne nie pas que ces mesures sociales soient, à la base, une bonne chose.
Sauf que c'est très hypocrite : si nous ne payions pas tant de taxes sur nos oeuvres, si nous avions le droit de les vendre comme bon nous semble, il est fort à parier que nous aurions de quoi vivre décemment sans besoin d'aide de l'état!

La seule chose qui fait que je -nous en fait- ne suis pas déjà partie à l'étranger pour enfin vivre de mon Art, c'est parce que je suis de plus en plus malade, et que malgré tout, j’appréhende de vivre dans un pays "marche ou crève" où je devrais parfois payer mes frais d’hôpitaux... Et puis, en parallèle de ça, je dois faire mon doctorat de Socio et Gender Studies...

Oui, de bonnes raisons pour rester...pour l'instant. Car finalement, malgré ma peur de me retrouver handicapée et impuissante dans un pays soit disant moins social que la France, je ne peux nier que la situation que connaissent artistes auteurs, marginaux, handicapés, et même chercheurs - une amie à moi vient d'avoir son doctorat et elle n'a aucune perspective d'emploi, elle est elle aussi au RSA - ne fait que s'aggraver.

Alors, peut-on vraiment dire que la France prend encore soin de ceux qui en ont besoin?

ps : pour les chiffres sur les artistes auteurs, sachez également qu'en plus de payer des taxes énormes sur de touts petits revenus, suite à une réforme, nous devons désormais cotiser à hauteur d'un mois complet de "salaire" pour notre caisse de retraite complémentaire. Et c'est une obligation. Le SNAC - syndicat des auteurs - se mobilise contre cette réforme, mais nous savons bien qu'elle passera quand même : on nous saigne jusqu'au bout, pour favoriser les éditeurs et les libraires entre-autre - sachant que nous touchons généralement moins de 8% du prix de vente de nos livres le reste revenant aux libraires, distributeurs, commerciaux et éditeurs - ce qui est terrible puisqu'on finit par nous monter les uns contre les autres alors que le métier du livre va mal pour nous tous..............
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Re: Les uns résistaient, les autres s'enfuient

Message par Jean-René » il y a 9 ans

Tu as mille fois raison, Tictac. Les patrons français qui licencient en France pour délocaliser leur usine dans un pays où les travailleurs ont moins de protection sociale, pratiquent l'ultralibéralisme aussi bien que les anglo-saxons qui le prônent.

"Collaborer" avec cet ennemi, c'est refuser de le dénoncer. Y "résister", c'est le dénoncer sans relâche.

Ce qui m'émerveille dans l'attitude des tous premiers résistants français, c'est qu'ils ont d'abord DENONCE la passivité devant l'ennemi. C'étaient souvent de jeunes lycéens, de jeunes étudiants ou de jeunes ouvriers qui se sont unis en petits groupes pour ronéoter des affiches qu'ils collaient sur les murs des rues. Ils ne prenaient pas les armes, ils DENONCAIENT et, en dénonçant, ils ont réveillé les consciences. Ils ont réveillé une nation abasourdie par l'ampleur de la défaite comme, aujourd'hui, nous sommes abasourdis par le triomphe des tenants de l'ultralibéralisme qui osent assimiler le peu de sécurité sociale et d'éducation nationale qui nous restent au "crétinisme latin des pays du Club-Med".

La morgue et le cynisme des vainqueurs d'aujourd'hui, me rappellent la morgue et le cynisme des Maréchalistes d'hier qui accusaient le Front Populaire d'être responsable de la défaite.

Ce sont, certes, d'autres ennemis mais nous ne sommes pas loin de la défaite qu'ont connue nos aînés car les valeurs de l'ultra-libéralisme sont en train de gangréner nos esprits.

Devant cette quasi-déroute, il est plus qu'urgent que les citoyens conscients de ce qui les menacent, placardent à leur tour sur les murs de nos rues leur refus de cette LOI DU PLUS FORT qui est en train de s'imposer chez nous.

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Re: Les uns résistaient, les autres s'enfuient

Message par vigix » il y a 9 ans

Biscuit a écrit : Y'a que moi qui trouve ça moyen ?
Ça me révulse ...
tictac a écrit : Pour "l'ultra libéralisme" Vigix, ça ne permet pas tout ce que tu décris, en tout cas par pour le plus grand nombre. Le résultat est même inverse, la crise que nous traversons, le chômage, et le fossé qui grandit entre les plus riches et le reste de la population, tout cela c'est grâce à "l'ultra libéralisme".
Ce n'est pas ce que disent les études...
http://www.banquemondiale.org/fr/news/p ... ges-remain" onclick="window.open(this.href);return false;
Dans les pays occidentaux ceux qui restent sur le côté sont ceux qui ne sont pas ou peu diplômés, qui ne sont pas formés.
tictac a écrit : Ce n'est pas à cause des charges sociales, des retraites, de la sécurité sociale, ou des immigrés que notre pays va mal, c'est à cause de cet ultra libéralisme auquel il est livré en pâture, bouffé par les banques privés à qui il rembourse ses dettes factices avec des intérêts monstrueux. Pris en otage par cette "mondialisation", comme tous les autres pays de cette planète. Tous les pays sont victimes des banques privés, des multinationales, et des plus grosses fortunes du Globe. Ce Monde marche pour eux, et comme ils veulent qu'il marche. C'est eux qui font le Monde tel qu'il est.
Waoulllllaaaaaa On frise le délire là... :shock:
Des dettes factices? non mais non, oh, alloooooo Je ne sais pas où tu as été chercher ça mais là... tu t'es sans doutes mal exprimé ; des dettes douteuses avec peu de chance d'être remboursée, je veux bien, factice certainement pas. Pour info la France emprunte en ce moment sur les marchés à 1.9%... perso si mon banquier me prête à ce taux monstrueux, je signe tout de suite :)

Si les taux d'intérêts que les Etats payent augmentes c'est que mécaniquement le risque augmente... un investisseur s'il prend un risque (celui de ne pas être remboursé) c'est normal qu'il attende un gain supérieur (Allemagne vs Grèce)

Pour ce qui est des particuliers et des entreprises vu les niveaux d'intérêts pratiqués par les principales banques centrales dans le monde... et encore plus par la BCE (et encore plus depuis aujourd'hui!), les taux d'intérêts n'ont jamais été aussi bas, c'est du jamais vu!
Jean-René a écrit :Tu as mille fois raison, Tictac. Les patrons français qui licencient en France pour délocaliser leur usine dans un pays où les travailleurs ont moins de protection sociale, pratiquent l'ultralibéralisme aussi bien que les anglo-saxons qui le prônent.
Ces travailleurs n'avaient peut être pas de quoi manger avant que les patrons arrivent avec leurs usines...

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Re: Les uns résistaient, les autres s'enfuient

Message par tictac » il y a 9 ans

Vigix, en même temps tes sources sont "La Banque Mondiale", tu peux choisir de leur faire confiance, personnellement je préfère des études qui n'ont rien à voir ni de près ni de loin, avec un quelconque organisme banquaire ou de finance.

En dehors de cela, j'ai bien lu l'article, je ne remets pas en cause l'essentiel de l'article, à savoir que pour les pays en développement la pauvreté a reculé. C'est tout à fait normal, ils prennent le même chemin que nous, comme à une époque de croissance pour nous, nous avons connu ce recul... dans le passé. Cette croissance sera pour eux, comme elle l'a été pour nous, temporaire. Pendant que nous, au même moment, nous stagnons, voire régressons. Ce système ayant une durée de vie limitée, n'étant pas viable, et voué par sa dynamique à se saper lui-même. Ces pays arriveront un jour à notre niveau, mais sans doute pas, car dans ce fonctionnement si juste et sain, il n'y a pas de place pour tout le Monde, le système étant fondé sur l'inégalité des ressources. Donc pour qu'ils atteignent note niveau, nous devrons nous continuer à nous appauvrir. Ce qui va sûrement se passer, c'est simplement que nous allons nous appauvrir, et eux vont encore un peu monter, mais jamais aussi haut que ce que nous avons connu, pour enfin stagner, puis sans doute finir par s'appauvrir à leur tour, pour passer le flambeau à d'autres pays. Tandis qu'il y aura d'éternels perdants, comme l'Afrique Subsaharienne, qui continuera d'être laissée pour compte.

Et à chaque reprise de croissance dans le Monde, il y en aura toujours un peu plus pour les très privilégiés (dont personne sur ce forum ne fait partie), et toujours un peu moins pour l'immense majorité de la population mondiale. La reprise est illusoire, il n'y aura jamais plus les 30 glorieuses, ni aucun équivalent pour des populations entières, cette époque était un pic, où les intérêts capitalistes et libéraux ont atteint un équilibre avec les progrès scientifiques, industriels et sociaux, créant une période d'abondance et prospérité pour le plus grand nombre. Mais ce n'était qu'une étape dans le parcours du libéralisme, cette étape était destinée à ne durer qu'un temps. En continuant dans une logique libérale, les gros continuant à manger les petits, les profits voulant appeler toujours plus de profits, les chemins entre essor du capitalisme et essor social (donc de la masse) se sont a jamais séparés ensuite, pour que les premiers continuent de grimper, amassant toujours plus d'argent, argent qui bien sûr diminuera proportionnellement pour le reste de la population, qui aura pris le chemin inverse, celui de la dégringolade. Cette économie n'est pas complexe, elle est très simple, c'est l'histoire des vases communicants. Sauf qu'en plus, du côté où c'est le plus rempli, on rajoute de l'eau fictive, qui elle miraculeusement ne passe jamais de l'autre côté. Cela s'appelle de la spéculation, tous les grands organismes financiers le font en toute impunité. Aucune grande banque, n'a l’équivalent en monnaie papier ou en or de ses valeurs financières fictives.

Quant aux dettes factices des Etats, je confirme. Qu'est-ce que j'entends par là ? J'entends que la dette publique en France, a pour une des causes majeures l'endettement auprès des banques privés. Or c'est une absurdité de base, nous avions la Banque de France, nationalisée, banque d'Etat donc, à qui l'Etat pouvait emprunter sans taux d'intérêt, ou très réduite (pas de 1.9%) et avec un délais de remboursement extensible en fonction de la situation économique.
Seulement voilà, nos très chers politiciens ont jugés bon, sans doute pour notre bien, de privatiser cette banque. Et de considérer l'Etat comme un emprunteur ordinaire, qui doit subir les lois du marché et les variations des taux d'intérêts comme n'importe qui... Cela s'appelle rabaisser un Etat souverain, au niveau d'un consommateur, d'une vache à lait qui vit à crédit.

L'économie est reine, elle a droit sur tout et tous, il n'y a qu'elle qui gouverne. Or, je trouve sa posture totalement illégitime, ou non, je ne la trouve pas, elle EST illégitime. L'économie ayant droit de vie ou de mort sur des Etats démocratiques, est sortie de son rôle. Quelle est la part de ses intérêts, soit disant raisonnables selon tes dires, sur la dette publique de la France ?... Près de 600 Milliards d'euros. Je la dis factice, car c'est une dette que l'on doit à un racket dans les règles de l'art, c'est un racket sur les Etats, qui tenus à la gorge, n'ont aucune chance de s'en sortir. Et qui pour survivre n'attendent que de taper dans les acquis sociaux, qu'ils accusent injustement d'être à l'origine de notre situation économique. Pendant que les plus riches d'entre-nous, et les plus grosses entreprises ont bénéficié de... 500 milliards de cadeaux fiscaux, le tout sur une dette de... 1 950 Milliards d'euros sur les 30 dernières années. Calcul, plus de 1 000 Milliards de notre dette est dû aux intérêts que nous devons aux banques privés, et des cadeaux fiscaux fait à nos pauvres riches, et pauvres actionnaires à qui ont doit redonner confiance. Et bien sûr il faut encore diminuer les charges sociales, qui étranglent les pauvres entreprises, sans parler des retraites et du pacte de responsabilité. Et pauvres banques, à qui on a dû donner de l'argent, pour les "sauver" de LEUR crise. Comprends-tu pourquoi je prends la liberté de les appeler "factices" ? En fait, à moins d'avoir des centaines de millions sur son compte en banque, je ne vois pas comment on peut justifier et défendre ce système ( Oui, même les pauvres petits millionnaires, qui n'ont que quelques millions, ne sont pas à l’abri de se faire un jour bouffer. Il faut viser bien au-dessus, pour être protégé).

Puis pour ce qui est de l'entreprise qui arrive là où les gens n'avaient rien à manger (pour venir les payer une misère, évidemment sainte compétitivité oblige), sans aucun doute, et sans aucun doute elle plonge dans la précarité les chômeurs qu'elle laisse derrière elle.
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Re: Les uns résistaient, les autres s'enfuient

Message par tictac » il y a 9 ans

LudmiA tu as raison, les aides que nous avons sont bien trop basses, dans de nombreux cas. Et la France, n'est pas le paradis en la matière. Seulement comparés à d'autres pays, nous sommes bien mieux lotis.
Pour l'administratif, et la libre vente de ses biens ou productions, je suis d'accord que nous avons un problème, qui clairement met plus de bâtons dans les roues, qu'il n'encourage à persévérer. Mais ce sont deux problèmes distincts, il ne faudrait pas sacrifier l'un pour avoir l'autre. Et en effet, notre "oasis social" a déjà commencé à s'effriter.
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Re: Les uns résistaient, les autres s'enfuient

Message par LudmiA » il y a 9 ans

tictac a écrit :Pour l'administratif, et la libre vente de ses biens ou productions, je suis d'accord que nous avons un problème, qui clairement met plus de bâtons dans les roues, qu'il n'encourage à persévérer. Mais ce sont deux problèmes distincts, il ne faudrait pas sacrifier l'un pour avoir l'autre.
Malheureusement, non, ce ne sont pas des problèmes distincts, et c'est ce que je me suis évertuée à dire depuis le début de mes interventions sur ce sujet, qui sont de plus en plus laissées de côté je le remarque - et ce n'est guère étonnant.
En effet, les taxes et prélèvements énormes qui sont faits sur les revenus non-salariés des touts petits entrepreneurs et des auteurs de livre, d'Art, et de musique, sont tous des prélèvement sociaux ou visant à grossir les fonds publics, taxes qui augmentent d'ailleurs de plus en plus alors qu'on promet des allègement ou des plafond ailleurs.
L'Etat français traite les non-salariés comme certains ici les ont partiellement décrits : des grosses fortunes qui exploitent, délocalisent, cachent une partie de leur fortune à l'étranger, se graissent sur les revenus des classes moyennes et sup'... Alors qu'ils sont en réalité pour la plus grande partie de hommes et des femmes au bord de la misère, car ils ne bénéficient d'aucune aide puisqu'elles sont toutes réservées aux classes moyennes et aux salariés, qu'ils n'ont presque aucun droits de faire commerce librement de leurs œuvres - à noter que c'est également sous ce statut que se déclarent les putes - et le devoir de contribuer à une foule d’impôts et taxes dès le premier centimes.

C'est donc la politique sociale, qui est censée nous aider, qui est finalement responsable de notre perte, nous les petits non-salariés.
C'est le refus d'une certaine libéralisation de l'économie - droit de vendre ce qu'on produit librement, disons jusqu'à un bénéfice plafond à partir duquel nous serions imposés autant voir plus que les salariés pourquoi pas - qui nous tue, en nous empêchant de vivre de nos capacités.
C'est sous prétexte d'une égale répartition de l'effort - qui n'est pas égale puisque nous sommes proportionnellement plus taxés que des salariés, tout en bénéficiant de moins - qu'on nous rajoute presque chaque année de nouveau impôts. Cf. la nouvelle taxe de 8% pour participer encore plus aux retraites.
Et c'est parce que la France n'aime pas les non-salariés - qu'ils soient handicapés, au RSA, touts petits entrepreneurs ou artistes auteurs - qu'elle se bouge à peine pour nous, et bien plus souvent contre nous. Cf. mon anecdote sur la CAF qui nous a finalement tout retiré parce qu'elle ne comprend pas notre statut déclaratif pourtant totalement légal.

Si par dessus tout ce rejet, on me maintient qu'il est stupide, voire anti-français, de dire que compte tenu de la façon dont on nous ferme toutes les portes, on serait mieux à l'étranger, je me demande vraiment pourquoi nous minorités pauvres nous battons encore pour survivre en France...

Il m'est avis que dans un pays qui soit-disant protège les minorités sexuelles, nous devrions aussi nous intéresser aux autres minorités, les comprendre, leur tendre la main.
Lutter contre l'homophobie sans lutter contre le racisme, le sexisme, mais aussi la misère, la handi-phobie, la putophobie et toutes les discriminations ouvertes ou implicites, n'a pas beaucoup de sens à mon goût.
Ou alors j'ai vraiment du mal avec un certain cynisme français. :(

Et bref, comme dit et répété ici, classer les français entre collabos et résistants selon qu'ils font marcher l'économie française ou non, selon qu'ils agissent en "patriotes" ou non, et profondément déplacé. Quelques uns on suggéré que les collabos, c'était ceux qui s’accommodent du délabrement économique français, et non ceux qui partent ou tendent vers des modèles étrangers. Je suis un peu plus d'accord avec cette idée.
Mais j'irais plus loin : les collabos, si vous tenez à ce cliché, sont tous ceux, classes moyennes et sup' en tête, qui ont un salaire et des droits sociaux tous les jours, et trouvent moyen de s'assoir sur la tête de ceux, nombreux, qui ont moins qu'eux, pour protéger leurs petits droits, leurs petits nombrils- cf. les très nombreuses manifs d'ouvriers d'entreprises du bâtiment entre autre, militants anti-micro et autoentrepreneurs de ces derniers temps.
Les résistants étant ce qui n'acceptent plus un tel système, et essaient d'inventer autre chose, quitte à mettre leur vie -puisqu'ils se retrouvent parfois sans rien - en péril.

Les miséreux de France ont malheureusement une bonne raisons de se tourner vers les extrêmes en politique - bien que de mon côté je reste une altermondialiste écolo modérée, utopiste sans doute : ni les dirigeants, ni l'Etat, ni les fortunes, ni les classes moyennes et sup' ne se préoccupent d'eux. Le social leur crache à la figure. L'emploi n'est pas pour eux. Que reste-t-il sinon la haine?
(ps : ils ont une bonne raison, mais je n'excuse pas leur vote qui est une horreur à mes yeux, qu'on soit bien d'accord là dessus hein)
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Re: Les uns résistaient, les autres s'enfuient

Message par vigix » il y a 9 ans

tictac a écrit :Vigix, en même temps tes sources sont "La Banque Mondiale", tu peux choisir de leur faire confiance, personnellement je préfère des études qui n'ont rien à voir ni de près ni de loin, avec un quelconque organisme banquaire ou de finance.

En dehors de cela, j'ai bien lu l'article, je ne remets pas en cause l'essentiel de l'article, à savoir que pour les pays en développement la pauvreté a reculé. C'est tout à fait normal, ils prennent le même chemin que nous, comme à une époque de croissance pour nous, nous avons connu ce recul... dans le passé. Cette croissance sera pour eux, comme elle l'a été pour nous, temporaire. Pendant que nous, au même moment, nous stagnons, voire régressons. Ce système ayant une durée de vie limitée, n'étant pas viable, et voué par sa dynamique à se saper lui-même. Ces pays arriveront un jour à notre niveau, mais sans doute pas, car dans ce fonctionnement si juste et sain, il n'y a pas de place pour tout le Monde, le système étant fondé sur l'inégalité des ressources. Donc pour qu'ils atteignent note niveau, nous devrons nous continuer à nous appauvrir. Ce qui va sûrement se passer, c'est simplement que nous allons nous appauvrir, et eux vont encore un peu monter, mais jamais aussi haut que ce que nous avons connu, pour enfin stagner, puis sans doute finir par s'appauvrir à leur tour, pour passer le flambeau à d'autres pays. Tandis qu'il y aura d'éternels perdants, comme l'Afrique Subsaharienne, qui continuera d'être laissée pour compte.

Et à chaque reprise de croissance dans le Monde, il y en aura toujours un peu plus pour les très privilégiés (dont personne sur ce forum ne fait partie), et toujours un peu moins pour l'immense majorité de la population mondiale. La reprise est illusoire, il n'y aura jamais plus les 30 glorieuses, ni aucun équivalent pour des populations entières, cette époque était un pic, où les intérêts capitalistes et libéraux ont atteint un équilibre avec les progrès scientifiques, industriels et sociaux, créant une période d'abondance et prospérité pour le plus grand nombre. Mais ce n'était qu'une étape dans le parcours du libéralisme, cette étape était destinée à ne durer qu'un temps. En continuant dans une logique libérale, les gros continuant à manger les petits, les profits voulant appeler toujours plus de profits, les chemins entre essor du capitalisme et essor social (donc de la masse) se sont a jamais séparés ensuite, pour que les premiers continuent de grimper, amassant toujours plus d'argent, argent qui bien sûr diminuera proportionnellement pour le reste de la population, qui aura pris le chemin inverse, celui de la dégringolade. Cette économie n'est pas complexe, elle est très simple, c'est l'histoire des vases communicants. Sauf qu'en plus, du côté où c'est le plus rempli, on rajoute de l'eau fictive, qui elle miraculeusement ne passe jamais de l'autre côté. Cela s'appelle de la spéculation, tous les grands organismes financiers le font en toute impunité. Aucune grande banque, n'a l’équivalent en monnaie papier ou en or de ses valeurs financières fictives.
Je te trouve bien pessimiste. :(
Je te répondrai juste par une simple question : Est-t-on à "l'abri" d'une nouvelle révolution technologique? (chemin de fer, industrie, internet, etc...) révolutions passées qui pour certaines ont changé la face du monde...
tictac a écrit : Quant aux dettes factices des Etats, je confirme. Qu'est-ce que j'entends par là ? J'entends que la dette publique en France, a pour une des causes majeures l'endettement auprès des banques privés. Or c'est une absurdité de base, nous avions la Banque de France, nationalisée, banque d'Etat donc, à qui l'Etat pouvait emprunter sans taux d'intérêt, ou très réduite (pas de 1.9%) et avec un délais de remboursement extensible en fonction de la situation économique.
Seulement voilà, nos très chers politiciens ont jugés bon, sans doute pour notre bien, de privatiser cette banque. Et de considérer l'Etat comme un emprunteur ordinaire, qui doit subir les lois du marché et les variations des taux d'intérêts comme n'importe qui... Cela s'appelle rabaisser un Etat souverain, au niveau d'un consommateur, d'une vache à lait qui vit à crédit.
Marine, Jean-Luc, sortez de ce corps :peur:
Tu parles de la Loi de 1973... bouc émissaire (un de plus) de tous nos populistes et/ou extrémistes de tous poils et de tous bords.
Cette loi a été faite pour la simple et bonne raison que l'Etat ne pouvait emprunter à taux 0 auprès de la Banque de France qu'une vingtaine de milliards de francs de l'époque ; le surplus étant obligatoirement emprunté auprès des investisseurs privés. Déjà les populistes croient (ou cherchent à faire croire) que ce "taux 0" été illimité ; bref un mensonge, un de plus! Ensuite heureusement qu'avec ce système l'Etat, à l'époque, ne pouvait pas aller au delà de ces 20milliards (à taux 0)... le risque majeur, comme tu le sais sans doutes, de l'impression de billet est de générer de l'inflation voir de l'hyper inflation (Cf. crise en Allemagne des années 30) et le risque est d'autant plus grand quand la planche est au main de politique qui pour tenir leurs folles promesses ne se privent pas d'imprimer en grosse quantité. A cette époque l'inflation en France évoluée déjà entre 8 et 14%. Ce n'est pas pour rien que les Allemands pour faire l'€ ont imposé une banque centrale indépendante... ils ont du vécu en la matière.
D'autre part, j'ajoute qu'avant 1973 l'Etat emprunté également déjà/aussi auprès des particuliers...
Donc non ; les dettes sont bien réelles... malheureusement. Et malheureusement on ne peut continuer à vivre au dessus de nos moyens.

Je coupe volontairement le reste de ton post car je pense que tu comprendras qu'avec ce que je viens de noter et ce que j'ai déjà dis dans les autres posts qu'il m'est difficile d'être d'accord.
tictac a écrit : Puis pour ce qui est de l'entreprise qui arrive là où les gens n'avaient rien à manger (pour venir les payer une misère, évidemment sainte compétitivité oblige), sans aucun doute, et sans aucun doute elle plonge dans la précarité les chômeurs qu'elle laisse derrière elle.
Comment veux tu avoir le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière? Comment veux tu que des pays qui viennent de loin, très loin, soient au même niveau que nous du jour au lendemain? Comme tu l'as dis il faut du temps... chez nous combien de temps à t-on mis pour avoir le niveau de vie qu'on a? (de manière générale j'entends)

C'est pas le topic, mais jJ'aurais bien voulu tout de même que tu m'expliques ton point de vue (de manière générale)... comment pourrait il dans la réalité être appliqué? Je ne parle pas des petits trucs que chacun peut faire à son niveau, mais plus au niveau étatique, européen, international...

Je ne sais pas si on peut considérer qu'on est toujours dans le bon sujet colabo résistants... mais je pense qu'on s'en éloigne.

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Re: Les uns résistaient, les autres s'enfuient

Message par tictac » il y a 9 ans

Ludmia, je suis malheureusement toujours d'accord avec toi, car il se trouve que je suis auto-entrepeneur, à la limite de la précarité et dans le milieu artistique. J'ai vu en deux ans ma part de cotisation augmenter, et je sais on ne peut plus ce qu'est être inégal face aux salariés. Il se trouve que sur toute l'année dernière, j'ai gagné tellement peu d'argent, que j'ai eu le droit à un an supplémentaire de CMU. J'ai la chance d'avoir des parents qui ont un appartement à Paris, sinon je ne sais pas où je serais et ce que je ferais. Ce n'est pas l'eldorado, mais alors que j'avais la CMU, donc toutes mes consultations médicales gratuites et l'immense majorité de mes médicaments, lorsque je voyais mes potes Américains, qui bossaient bien plus que moi, mais qui redoutaient d'avoir une carie, ou pire des se casser quelque-chose et de se retrouver sur la paille, car tous sans exception, n'avaient aucune couverture sociale car bien trop chère, oui je m'estimais heureux d'être en France.

Ce qui n'enlève rien au fait que je sois d'accord avec toi, que je n’encense pas la France et qu'il y a plein de choses à changer dans notre politique économique. Mais si plus de libéralisme, devait impliquer une amélioration de ma condition, mais un durcissement des conditions de travail des salariés et une diminution des charge sociales, alors je ne serais toujours pas d'accord. Je crois qu'il est possible de faire l'un, sans perdre l'autre, mais pour cela il faut une volonté politique forte qui tape du poing sur la table, et ne se laisse pas dicter sa loi par l'économie mondiale. Et tous les autres chanceux, qui ne sont pas dans ma situation, ont bien raison de vouloir se battre pour conserver leurs acquis sociaux.

C'est aussi pour ça, que je ne fais pas parti de ceux qui jugent ceux qui partent, qui dans leur majorité veulent seulement prendre leur vie en main. Mais quand ceux-là, n'ont que des critiques à l'égard de leur pays, quand ils n'ont eux-mêmes pas eu à payer 40 000 euros par an pour obtenir leur licence ou leur master, qu'ils n'ont pas eu à payer 2 000 euros pour se faire arracher une dent, que leur mère n'a pas dépensé 10 000 euros pour les mettre au Monde (car l'accouchement s'est bien passé), et malheureusement 50 000 euros pour leur petit-frère né par césarienne, et enfin parce-que leur grand-père n'est pas obligé à 72 ans de travailler de nuit dans un super-marché pour compléter sa retraite misérable. Alors oui, le libéralisme ailleurs à ses avantages, et on peut remettre en cause de nombreux aspects de notre fonctionnement de cotisations sociales, mais ne pas oublier tout le reste pour autant.
Personnellement je n'ai aucun problème avec les patrons, divers et variés de PME, ni avec les indépendants, les cadres, le problème est largement au-dessus en terme de zéros sur le compte en France, Suisse ou ailleurs. Maintenant tu peux penser que je me trompe, et que je manque de recul, c'est peut-être vrai, mais avec les éléments que j'ai en main et que je connais, c'est comme ça que je vois la situation. Et ça n'enlève rien au fait que je trouve ta situation scandaleuse, et que je ne trouve pas normal que tu te retrouves malgré toi dans une passe si difficile.


Ce qui est dangereux dans le discours des extrémistes, ou populistes de tous poils Vigix, c'est qu'au milieu de leurs énormités, il leur arrive de pointer des choses qui ne sont pas loin de la vérité. Là où d'autres partis plus modérés, sur ces sujets en particulier, font au contraire preuve de mauvaise fois. Ce qui permet aux premiers de briller, hurlant partout qu'ils ne pratiquent pas la langue de bois, eux. Oui privatiser le banque de France, a été catastrophique, et qu'on emprunte à des banques privés en partie, (tu as raison sur l'inflation et la crise des années 30 en Allemagne) n'empêche pas de garder sa banque nationale, d'emprunter en partie toujours à taux zéro, et à des conditions de remboursement bien plus souples, qui sur 30 ans nous aurait permis d'éliminer plusieurs centaines de milliards d'euros d'intérêts à payer. Ce n'aurait pas été un luxe. Et un taux d'emprunt d'Etat avec un intérêt de 1.9 (sans parler des dizaines d'années où l'Etat a emprunté sur les marchés à des taux bien plus élevés), reste monstrueusement élevé quand on parle de milliards et d'un Etat qui n'est pas, je le rappelle, une entreprise comme une autre. Un taux raisonnable serait de 0.5% par exemple, là on peut commencer à ne pas accuser les banques privés de tous les tors.

Les révolutions technologiques ne sont pas un mal, au contraire. Quand elles sont avant tout pour le bien des gens, respectueuses de leur environnement, et non pas à but premier économique. Au cours du siècle passé, de nombreuses prouesses technologiques ont incroyablement amélioré notre qualité de vie, la santé aussi, mais elles ont malheureusement pour les plus importantes d'entre-elles, été détournées rapidement de leur côté utilitaire pour les mettre au service de l'économie et du profit, c'est là où tout finit à chaque fois par se gâter.
Que d'autres surviennent, et qu'elles profitent à l'Humanité, mais que l'économie reste à sa place, et qu'elle ne passe qu'en second, après l'intérêt général qui, lui, doit toujours primer. Le bien-être de l'Etre Humain et de la Terre qu'il habite, ne se traduit pas en libéralisme, capitalisme, ou mondialisation.

Le problème, c'est que je ne crois pas que ces pays émergents puissent un jour nous rattraper. Car comme je l'ai écrit, le système économique actuel est un mirage, et tel qu'il est ne permettra jamais à tous ces pays d'atteindre un jour le niveau qu'a été celui de l'Occident dans la deuxième moitié du XXème siècle. Et ce n'est pas parce-que des populations vivent dans la misère, que l'on peut se permettre de leur accorder beaucoup moins que chez nous. Ils n'avaient pas même l'eau courant, on ne va pas leur donner des conditions de travail décentes, et la sécurité sociale ! Ils ont un travail et gagnent au moins 1 euros par jour, c'est déjà bien pour eux. Ce serait trop brutal sinon !...C'est révoltant, et profondément injuste. Le pire c'est que notre société justifie cela, et que l'on trouve cela naturel, normal, logique, que le Monde soit ainsi, et que c'est grâce à ses populations sacrifiées que nous coulons des jours heureux. En prime de tous nos cadeaux, nous amenons avec nous sur des territoires qui étaient pauvres, mais qui dans leur malheur étaient épargnés par l'industrialisation, la pollution et la destruction d'environnement à outrance, tous nos maux modernes que sont ces fléaux. Ce n'est pas du misérabilisme, c'est la réalité.

Je ne suis pas pessimiste, je crois au changement, je vois des gens bouger, je vois des gens et des mentalités changer. Tu as raison, à quand une alternative politique, au niveau national, international ? Les réponses à tes questions tu peux les trouver en partie chez les altermondialistes, qui ont des idées, des solutions même. Mais pour cela, les plus riches de notre Monde devraient renoncer à quelques milliards, ainsi qu'aux profits toujours sans fin, et il va sans dire qu'il y a quelques résistances à ce niveau. Une personne a-t-elle le droit de gagner plusieurs millions, voire milliards, quand d'autres ne gagnent rien ? Non. Aucunes études, aucun métier, aucune naissance ne justifie cela. La seule solution est la redistribution des richesses. Une économie éthique, pas de spéculation, des impôts justes et appliqués sans exception, la disparition totale des paradis fiscaux. Il peut y avoir des riches, et des gens modestes, on peut ne pas être totalement idéaliste, après tout l'égalité n'est pas toujours synonyme de justice, et l'égalité totale est par nature impossible, car nous ne sommes pas tous égaux sur beaucoup de plan, notre diversité est aussi notre richesse, mais des extrêmement riches et des pauvres, ça non, ce n'est pas acceptable.

Mais quoi qu'il en soit, cela devra passer par un changement individuel d'abord, puis un changement des masses, car le changement ne viendra pas d'en haut. Dans un premier temps, c'est à nous, dans notre quotidien, dans nos choix de consommation, nos choix de vie, nos choix de vote, nos choix de prise de parole, d'engagement, et nos décisions dans le travail (quand on le peut) ou en société, de changer les choses, de les influencer. Sois le changement que tu veux voir. Comme souvent, quand j'entends des gens se plaindre des autres qui font la gueule dans le métro, qui les bousculent, je leur demande si eux sont agréables, souriants et respectueux ? Bien moi, depuis que je ne fais plus la gueule dans le métro et dans la rue, depuis que je ne prends plus tous les gens que je croise pour mes ennemis qui sont là pour me pourrir la vie, je vais vachement mieux, je suis beaucoup plus agréable, et je vois de plus en plus de gens au visage avenant autour de moi. Se plaindre sans agir, ne sert à rien.

Tout ce que tu dis Vigix a du sens, si on estime que ce système économique est le bon, le seul valable, qu'il amène le progrès, et qu'en faisant des efforts et des réformes pour s'y adapter d'avantage, on pourra l'utiliser et continuer d'avancer. Par contre, à partir du moment où on estime qu'il n'est pas le seul possible, qu'il est loin d'être le meilleur et le plus juste, qu'il est simplement maintenu fermement par la volonté de quelques puissants aux pieds d'argiles, alors ça n'a plus de sens. Car pourquoi le défendre, et pourquoi souhaiter qu'il continue et l'aider pour cela ?
En cette problématique, je trouve que l'on reste dans le thème "collaborateurs/résistants". Le danger de cette comparaison, est que l'ennemi d'aujourd'hui est nettement moins visible, moins évident, bien plus subtil que le Nazisme, car il est parfois en nous, et c'est à nous-mêmes que nous devons parfois résister pour le combattre. Mais le jour où on l'identifie clairement, il devient omniprésent, on se rend compte qu'il est partout, et qu'il est à l'origine de presque tous les drames qui nous oppressent. Le pire étant, que ce n'est pas de la paranoïa maladive, ni un fantasme de complot mondial, ce n'est qu'une économie, du commerce, l'argent qui a fini par créer un monstre qui a fait nos vies telles qu'elles sont.
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Re: Les uns résistaient, les autres s'enfuient

Message par vigix » il y a 9 ans

tictac a écrit : Ce qui est dangereux dans le discours des extrémistes, ou populistes de tous poils Vigix, c'est qu'au milieu de leurs énormités, il leur arrive de pointer des choses qui ne sont pas loin de la vérité.
Là je te rejoins totalement... après ce qui me chagrine le plus c'est les conclusions qui en sont tirés. Je l'ai vu pendant la crise de 2008 ; d'excellentes infos avérées et une conclusion qui part en vrille (et rarement vérifiée dans les faits).
tictac a écrit : Là où d'autres partis plus modérés, sur ces sujets en particulier, font au contraire preuve de mauvaise fois. Ce qui permet aux premiers de briller, hurlant partout qu'ils ne pratiquent pas la langue de bois, eux. Oui privatiser le banque de France, a été catastrophique, et qu'on emprunte à des banques privés en partie, (tu as raison sur l'inflation et la crise des années 30 en Allemagne) n'empêche pas de garder sa banque nationale, d'emprunter en partie toujours à taux zéro, et à des conditions de remboursement bien plus souples, qui sur 30 ans nous aurait permis d'éliminer plusieurs centaines de milliards d'euros d'intérêts à payer. Ce n'aurait pas été un luxe. Et un taux d'emprunt d'Etat avec un intérêt de 1.9 (sans parler des dizaines d'années où l'Etat a emprunté sur les marchés à des taux bien plus élevés), reste monstrueusement élevé quand on parle de milliards et d'un Etat qui n'est pas, je le rappelle, une entreprise comme une autre. Un taux raisonnable serait de 0.5% par exemple, là on peut commencer à ne pas accuser les banques privés de tous les tors.
20 milliards de FRF ça fait 3 milliards d'€ (et sans prendre en compte les dévaluations et l'érosion monétaire)... en comparaison de 2000 milliards de dette (plus 3000 "hors bilan") qu'est ce que c'est 3 milliards si ce n'est une goûte d'eau?
Personnellement je ne suis pas souverainiste, mais fédéraliste, et que la BCE soit une institution "fédérale européenne" et indépendante vis à vis des politiques me va très bien.
Un taux de 0.5%... mouais mais qui prêterai des milliards à ce taux là? Regarde les USA... les Chinois et les Japonais ne veulent plus de leurs dettes, la FED est obligée d'acheter la dette US (une bombe à retardement au passage)

Concernant notre dette, dans ta réponse à Ludmina tu parlais des charges qui t’étranglais, malheureusement t'es loin d'être le seul... pour ça que bcp des colabos de Jean Renè s'en vont. C'est pour ça que pour moi le système français doit changer et l'Etat maigrir. Tu parles aussi des frais de santé, sans aller jusqu'à la privatisation et/ou au remplacement de la sécu par des mutuelles privées (au passage avec une secu privé toutes options, le top du top, un smicard y gagnerai en pouvoir d'achat car moins cher que notre secu, et en plus ça créerait des emplois) pourquoi ne pas regarder comment les Italiens (entre autre) ont réglé leur problème de déficit récurent de sécu?
Il y'a des choses "simples" à faire en France pour que ça change... après il faut quelqu'un qui ait les couilles d'affronter tous les corporatismes et autres conservateurs et également les bataillons qui veulent du changement sans changement...
tictac a écrit : Tout ce que tu dis Vigix a du sens, si on estime que ce système économique est le bon, le seul valable, qu'il amène le progrès, et qu'en faisant des efforts et des réformes pour s'y adapter d'avantage, on pourra l'utiliser et continuer d'avancer. Par contre, à partir du moment où on estime qu'il n'est pas le seul possible, qu'il est loin d'être le meilleur et le plus juste, qu'il est simplement maintenu fermement par la volonté de quelques puissants aux pieds d'argiles, alors ça n'a plus de sens. Car pourquoi le défendre, et pourquoi souhaiter qu'il continue et l'aider pour cela ?
En cette problématique, je trouve que l'on reste dans le thème "collaborateurs/résistants". Le danger de cette comparaison, est que l'ennemi d'aujourd'hui est nettement moins visible, moins évident, bien plus subtil que le Nazisme, car il est parfois en nous, et c'est à nous-mêmes que nous devons parfois résister pour le combattre. Mais le jour où on l'identifie clairement, il devient omniprésent, on se rend compte qu'il est partout, et qu'il est à l'origine de presque tous les drames qui nous oppressent. Le pire étant, que ce n'est pas de la paranoïa maladive, ni un fantasme de complot mondial, ce n'est qu'une économie, du commerce, l'argent qui a fini par créer un monstre qui a fait nos vies telles qu'elles sont.
Tout ce que tu as dis dans le pavé que j'ai coupé, sur les conditions de vie, de travail des gens, ça me va, et je ne vois pas comment humainement parlant on pourrait être contre... le système actuel, le moins pire qu'on ait connu (par exemple communisme et nazisme... déjà fait, on va éviter de faire les mêmes conneries) et très loin d'être parfait, à l'heure actuelle on ne m'a pas montré de système alternatif viable, on ne m'a jamais parlé des moyens (au sens large) à mettre en œuvre à un tel système ; j'ai un réquisitoire, j'ai des bonnes intentions, mais concrètement je reste sur ma faim.
Pour le moment je vais continuer à collaborer avec ce système et/ou y résister parce que je veux que ça change... j'en suis perdu :crazy: Aperooo :trinque:

PS: c'est rare les gens qui sourient ou qui rigolent dans le métro à panam... dès que tu souries on te regarde bizarrement (genre y'a une tache dans le décor)

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Re: Les uns résistaient, les autres s'enfuient

Message par tictac » il y a 9 ans

Je ne me sens pas étranglé par mes charges, par contre je les ai vu augmenter. Si je gagnais plus, si mes employeurs ne profitaient pas de mon statut d'auto-entrepreneur pour m'exploiter plus, et moins cher qu'un salarié, alors mon pourcentage de charge me dérangerait beaucoup moins. Je ne le trouve pas excessif, sans les charges, ce que j'ai gagné en un an m'aurait tout de même laissé à la limite de la précarité. Alors oui je suis content que ce statut existe, je travaille plus facilement que s'il n'existait pas, seulement il me permet d'être plus exploité par ceux qui m'emploient. C'est pourquoi je ne pense que ce soit tout l'un, ou tout l'autre, moins de social et plus de libéralisme n'est pas la solution, là où on gagne, on perd de l'autre côté. Enfin, c'est un autre sujet.

Pour ce qui est de la limite des 20 Milliards de Francs, en 30 ans, tout augmentant, le plafond aurait sûrement augmenté, ainsi qu'au passage à l'euro. Après ce n'est que spéculation. Pour le taux à 0.5%, ils pourraient ne pas avoir le choix. L'Etat n'est pas là pour être au service des banques, elles ont le droit de se faire de l'argent avec les marchés nationaux, d'investir sur le territoire, tandis que l'Etat n'étant encore une fois ni une entreprise, ni une tirelire, il est en droit d'avoir un traitement de faveur. Et tu ne peux pas dire le contraire au sujet des 600 Milliards de notre dette actuelle imputable aux intérêts, c'est une vérité. C'est un véritable racket, quoiqu'on en dise.

Je crois que tu as compris, que je ne suis pas d'accord avec toi sur un sentiment de bienveillance à l'égard de la Banque de France, ou la Banque Centrale Européenne indépendantes. Pour moi ces banques ne sont pas là pour faire du business, elles sont là, l'une pour l'Etat français, l'autre pour les Etats européens. Les profits ne doivent pas passer devant l'Etat, dans la mesure où l'Etat c'est nous, qu'il est notre seul garant, notre seule protection tant qu'il reste démocratique, ces Milliards d'intérêts c'est nous qui les devons aux banques. Ce n'est pas normal de prendre la vie de millions d'individus d'une nation en otage, pour une histoire d'intérêts financiers.
Mais là encore nos avis divergent, pour moi l'argent doit passer après l'intérêt des populations, et le privé peut exister, à partir du moment où tous les services de bases, soins médicaux, sécurité sociale, transports publics, eau potable, électricité, éducation, police, gaz, soient des secteurs majoritairement publics. Car on ne peut laisser entièrement une nation entre les mains d'actionnaires, d'entreprises privés, on ne peut et on ne doit pas leur faire confiance pour cela, ce n'est pas leur rôle. Tous les secteurs que je viens de mentionner sont des droits élémentaires, auquel chaque citoyen à le droit, peu importe le montant de ses revenus. Donc je suis évidemment contre la privatisation de la sécurité sociale, et des retraites. Cf, ce que j'ai déjà écrit sur les Etats-Unis comme conséquences.



Je ne crois pas à la réussite économique, pour continuer (car ça a été le cas, mais c'est révolu) à faire progresser l'Humanité. Je crois à l'ère de l'humanisme, après celle bien consommée du capitalisme, qui a fait ses preuves, merci bien, il est temps de passer son tour. Je crois aux idéaux, et en ceux qui croient en eux, car quand on regarde l'Histoire, les plus grands progrès des avancées humanistes, ont été poussées par des idéalistes. Il n'y a que ceux qui croient qu'ils peuvent changer les choses, qui les changent. Je ne crois pas aux cyniques, aux désabusés et aux pessimistes, car eux aussi, je pense qu'ils ont fait leur temps. Leur "pragmatisme" supposé, aussi glacial que leur empathie, a clairement montré ses limites, très limitées justement.

Notre divergence n'est pas dans la connaissance des faits, elle se trouve dans l'interprétation que l'on en fait. Nous n'avons pas la même vision de l'issue de notre situation actuelle, nous voulons tous deux des réformes, mais pas aux mêmes endroits. Le temps répondra d'avantage à nos questions, que tous nos arguments. En attendant, appliquons-nous à être sincère avec nous-mêmes, et cohérents dans nos actions.

Détrompe-toi pour le sourire dans le métro, la plupart du temps les gens te le rendent. Je ne parle évidement pas d'une banane figée et presque inquiétante, je parle d'un sourire discret, simplement courtois. Et le simple fait d'avoir un visage avenant, les gens te le rendent aussi en général. Puis je ne suis pas le seul, en fait il y a pas mal de gens avenants dans le métro parigot, il suffit de s'ouvrir un peu pour les voir :lol: . Mais là encore, il faut pour cela voir le verre à moitié plein, plutôt qu'à moitié vide, ça part de la même réalité, mais ça change tout.

Du reste, je vais m'arrêter là, car tu m'as déjà fait remarquer délicatement que je fais des pavés. 8)
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Message par LudmiA » il y a 9 ans

( je profite de ma grosse insomnie pour répondre ici, attendu que je n'ai normalement pas le temps de le faire ces temps-ci ^^ )

Tic-tac et Vigix, aussi étrange que cela puisse paraître, je suis plutôt d'accord avec chacun d'entre vous, autant que j'estime que vous avez mal interprété une partie de mon propos.
En effet, quand bien même dans mon exemple je me faisais le porte parole des minorités non-salariées et j'exposais ma propre situation d'artiste-auteure, chercheuse et handicapée en très grande précarité, j'ai malgré tout la prétention d'avoir une vision plus globale que celle des personnes dans un cas similaire.
Qu'est-ce à dire?
Et bien que je n'ai pas toujours été une miséreuse, ni même assujettie à un régime non-salarié comme celui des Micro-BNC - très différent des Auto-Entrepreneurs d'ailleurs. J'ai été, pour un temps trop court à mon goût -huhu- dans la classe moyenne, voire moyenne supérieure. A cette époque là, ça ne me dérangeait pas du tout de payer des charges sociales : je savais qu'au final, j'aurais toujours de quoi manger, payer mes propres charges, et même épargner.
Ayant été de ce côté là de la barrière, je sais que les classes moyennes et sup peuvent se permettre de payer impôts et cotisations de solidarité sans avoir peur du lendemain, même si du fait de la Crise et d'une certaine précarisation de l'emploi cette situation s'est partiellement dégradée.

Je sais aussi que nombre de personnes dans ces classes là sont rarement, voire jamais, malades. Et je pense, comme Vigix, qu'il faudrait que leurs frais de santé dépendent de Mutuelles privées à 100% au lieu d'une Secu d’État. Ceux qui ont réellement besoin de remboursements de soins médicaux réguliers ont de toute façon tendance à, déjà, payer des mutuelles, parfois très chères. Ce fut mon cas. Ayant toujours eu des gros soucis de santé, j'ai toujours payé au maximum pour être certaine de voir tous mes frais d’hôpitaux, de spécialistes, ou d’appareillage remboursés (car figurez-vous que contre toute logique, ce sont précisément les soins les plus complexes pour les personnes les plus malades qui sont les moins remboursés, c'est la personnes atteinte d'une maladie orpheline qui vous l'assure). Même maintenant que je suis au RSA, et que je bénéficie de l'ALD (donc du 100% de la Secu), je continue de cotiser pour une grosse mutuelle, sans quoi j'aurais des dépassements hallucinants. La preuve, s'il le fallait, que de toute façon la Secu française marche mal.

Or donc, imaginons que les frais de santés dépendent des mutuelles pour toutes personnes salariées touchant plus que le SMIC et dont le quotient familial est supérieur au taux permettant l'ouverture de droits sociaux type APL. Bref : pour toutes les personnes, avec ou sans enfant, qui sont réellement dans les classes moyennes et sup.
Les économies de l'Etat seraient alors énormes. La plupart des gens se font rembourser des petits rhumes et petits bobos qu'ils pourraient largement payer de leurs poches. Ou bien, il cotisent des mille et des cents alors qu'ils ne sont jamais malade. C'est évidemment illogique, quand au contraire les plus fragilisés - non-salariés, très pauvres, personnes âgées, malades chroniques - se voient affligés de dépassements permanents dans leurs soins, qu'ils ne pourront que très rarement payer sans mettre en jeu leur propre survie tant ils plongeront de surcroit dans la misère. Illogique encore.

Revenons à nos moutons. Disons donc que l'Etat effectue des économies énormes en ne remboursant plus les frais de santé des classes moyennes et sup.
(et pour adoucir un peu la mesure : disons que les hôpitaux publics resteraient des organismes d’État dépendants de la Secu publique, afin de ne pas tomber justement dans les travers des américains qui ne peuvent payer leurs frais d’hôpitaux - c'est d'autant plus faisable que les riches ont plus généralement recours à des cliniques privées et spécialisées qu'à ces hôpitaux publics - les classes moyennes continueraient donc d'avoir accès à l'hôpital public avec ses soins en grande partie payés par l’État)
En contre partie - et c'est là LE point important qui fait que je ne prône pas l'ultra-libéralisme, mais un peu de libéralisme dans une société réellement sociale - ces derniers cotisent toujours, à mesure de leurs revenus et de leur quotient familial, pour une Secu-CMU à destination des personnes qui en ont réellement besoin : tous mes pauvres, malades, précaires sus-nommés.
Puisque en France, les classes moyennes et sup' représentent la très grande majorité de la population, alors que cette majorité cotiserait pour une minorité dans le besoin, et puisque l’État ferait de très grosses économies, ils serait alors possible d'assurer à la dite minorité des remboursements de soin bien supérieurs à ceux qu'assurent CMU et ALD! De fait, par une petite pirouette, les populations pauvres se verraient enfin soignées dignement, et non contraintes de choisir entre manger et aller chez le médecin... (j'ai été dans ce cas pendant un très court temps où je n'avais plus de mutuelle, et un couple d'ami qui a deux bébés se retrouve souvent dans cette situation, devant, pour privilégier les soins de leurs marmots, se priver de toutes consultations pour eux parents).

Allons même plus loin.
L’État fait des économies, dans mon modèle, en injectant un peu de libéralisme pour une politique au final encore plus sociale.
Imaginons maintenant que toute personne salariée (je tiens au "salarié", car un non-salarié, même fortuné, reste d'une certaine manière précaire) gagnant 3 fois le SMIC par exemple, n'ait droit si elle se trouve au chômage qu'à la moitié de ce qu'elle touchait en tant que salariée, à condition bien sûr que cela ne fasse pas baisser son quotient familial en dessous des fameux plafonds qui la mettrait dans le besoin. Non seulement elle serait encouragée à retrouver du travail plus vite puisqu'il y aurait malgré tout un manque à gagner - mais un manque de l'ordre du train de vie, pas de l'ordre de la survie! Mais en plus, on ferait faire ici encore d'énormes économies à l’État.
Bon, j'ai conscience que c'est typiquement le genre de mesures qui aurait bien peu de chances d'être mise en application.
Autant dire que les caisses d'allocation chômage devraient être des organismes privés, comme les mutuelles........ Et d'ailleurs tiens, pourquoi pas? En fixant une fois de plus un plafond lié aux revenus et au quotient familial, on dépendrait soit d'une caisse privée avec cotisation volontaire, soit d'une caisse publique pour les moins bien lotis d'entre-nous.

Avec ces économies de l’État, des économies "libérales", nous pourrions alors mettre en place une mesure vraiment sociale : un revenu minimum de solidarité à 850€ par personne, au lieu des misérables 450€ auxquels nous avons droit pour l'instant.
850€, c'est déjà en dessous du seuil de pauvreté (ou pile la limite, selon que l'on se base sur le taux à 50% ou à 60% du revenu moyen français).
450€, c'est la vraie pauvreté. Je sais de quoi je parle, puisque c'est ma situation peu ou prou depuis un an.
Rappelons-nous que dans mon modèle, il y a plein de sous de réserve puisque l’État ne contribue plus au remboursement des soins de base des classes moyennes et sup, et il y a plein de sous de réserve du fait des économies sur les chômeurs riches, qui le sont par ailleurs sur de plus courtes durées. Or rappelons-nous de même que ces classes moyennes et sup' sont l'écrasante majorité des français.
Donc, il y aurait largement de quoi assurer un revenu réellement décent à tous les non-salariés, malades, vieillards, et travailleurs pauvres.
Plus de femmes ayant peur de divorcer de leur mari qu'elle n'aime plus/qui les oppresse/qui les bat de peur de se retrouver sans revenus avec enfants à charge. Plus de pauvres dans les rues faute de pouvoir payer un loyer. Plus d'étudiants réduits à dealer, rater leurs études à force de cumuler les emplois précaires, voire se prostituer. Plus de vieux crevant dans les couloirs des hôpitaux faute de pouvoir se payer une aide de maintien à domicile. Plus d'handicapés contraints de vivre chez leurs parents ou de travailler au delà de la fatigue et de la souffrance...

Mêler libéralisme et véritable soucis social. Résister et réinventer un autre système, plutôt que se satisfaire de ce que nous propose une société injuste pour tous à tous les niveaux en somme.

Enfin, je terminerai sur un aparté au sujet du statut des Artistes Auteurs dont je fais partie.
Je disais plus haut qu'il n'avait rien à voir avec celui des AE, et pour cause : nous payons, tel que dit dans un autre message, environ 1 tiers de nos revenus bruts en charges diverses, la moitié de ces dernières étant quasi inexistantes pour les autres classes de cotisants. Tout ça parce que nous sommes des indépendants qui ne dépendent ni du commercial, ni du service, ni du salariat, ni des intermittents du spectacle...
Nous n'avons droit à rien en terme de chômage ou d'arrêts maladie - comme les AE - et nous n'avons pas le droit de vendre nos œuvres nous-même - à l'inverse des AE! Nos revenus sont considérés comme non-commerciaux car du domaine de "l'intellectuel". Et le pourcentage de nos droits d'auteur est misérable.
Pour vous donner un ordre d'idée concret de notre situation : en moyenne, et en BRUT, un artiste auteur touche 800€ par mois.
Ajoutez à ceci que nous ne sommes même pas certains d'avoir une allocation vieillesse à l'arrivée : en effet, pour un auteur ayant touché justement environ 800€ par mois tout au long de sa carrière, sa retraite s'élèvera à 67 ans, lors de l'ouverture complète de ses droits, à 250€ environ!!!
Une vie de pauvreté, pour finir dans la misère, ce qui fait qu'en général, l'artiste auteur ne s'arrête pas de travailler, même dans le grand âge. Les seuls chanceux étant ceux qui, par chance le plus souvent plus que par grand talent - quoi qu'il s'agit d'une forme de talent que de se trouver au bon endroit au bon moment - arrivent peu à peu à atteindre le succès, et donc des sommes souvent mirobolantes (j'ai entendu parler dernièrement d'un auteur de BD qui gagne en moyenne 10000€ par mois, ça me paraît surréaliste).
Comme dit dans un message plus haut, une grande partie de nos soucis se règlerait en nous donnant le droit de vendre nos œuvres directement sans passer par des éditeurs, revendeurs, distributeurs. Et de même en nous donnant un pourcentage sur nos œuvres éditées qui corresponde au temps et à l'investissement passé dessus (disons 30% minimum plutôt que 6 à 8%). Bref, encore une fois, un peu de libéralisme - car si nous avions le droit de vendre nos œuvres, cela impacterait tout un tas de choses liées au statu des commerçants, qui sont à l'heure actuelle protégés par l’État, à nos dépends - pour une grosse amélioration sociale.
Et je rappelle que si nous sommes affligés de tout un tas de taxes, c'est parce que l’État et les français se méfient des non-salariés, et qu'ils imaginent tous les artistes auteurs comme des gros riches avec des comptes en Suisse!
Que de choses illogiques, encore et encore.

Voici pourquoi je n'ai cessé de maintenir la position, dans ce sujet, qu'il était légitime voir vital pour certains de s'exiler dans des pays plus libéraux que la France mais dans lesquels ils avaient une chance paradoxalement plus grande de survivre. A fortiori que je ne parle pas de faire fortune, mais juste de vivre décemment.

En revanche, et pour conclure : si j'ai défendu tout au long de ma démonstration maladroite l'injonction d'un peu de libéralisme en France - excusez, c'est la fatigue due à l'insomnie - il est bien entendu que je suis farouchement anti-capitaliste, pro-décroissance, et une grosse écolo-hippie.
En ceci donc je rejoins totalement Tictac quand il dit :
Pour moi ces banques ne sont pas là pour faire du business, elles sont là, l'une pour l'Etat français, l'autre pour les Etats européens. Les profits ne doivent pas passer devant l'Etat, dans la mesure où l'Etat c'est nous, qu'il est notre seul garant, notre seule protection tant qu'il reste démocratique, ces Milliards d'intérêts c'est nous qui les devons aux banques. Ce n'est pas normal de prendre la vie de millions d'individus d'une nation en otage, pour une histoire d'intérêts financiers.
Mais là encore nos avis divergent, pour moi l'argent doit passer après l'intérêt des populations, et le privé peut exister, à partir du moment où tous les services de bases, soins médicaux, sécurité sociale, transports publics, eau potable, électricité, éducation, police, gaz, soient des secteurs majoritairement publics.
Avec ma nuance au sujet du majoritairement, puisque comme exposé plus haut, je suis favorable à une certaine privatisation, indexée sur le quotient familial et les revenus.
:wink:

PS : j'insiste beaucoup sur cette notion de quotient familial. En effet, une famille nombreuse qui a un quotient familial de plus de 1000€, même si elle est composée de 5 enfants, reste une famille à peu près confortable. Là où un jeune couple qui travaille, a une seul enfant, et un quotient familial de 600€ est une famille pauvre. Si tout était calculé sur cet index plutôt que sur les revenus, même pour les adultes non parents, et que c'était appliqué à tous les organisme publics justement, nous aurions encore une fois une répartition des taxes et des droits bien plus juste...

PPS : je suis également pour que l'éducation soit payante - sans payer des mille et des cents comme au USA - mais encore une fois, indexée sur le quotient familial, avec une totale gratuité pour toute famille dont le quotient familial est inférieur au seuil de pauvreté, et augmentant à mesure que le quotient augmente.
A noter par ailleurs, comme je l'avais fait remarquer au tout début de ce sujet, que les "bonnes" études supérieures, celles qui permettent réellement de trouver du travail au sortir de la formation, et ce même dans le domaine des Arts, sont déjà payantes, et très très chères, car toujours privées. En effet, je donne ponctuellement des cours dans une écoles privé d'Arts numériques : l'ensemble de la formation coûte 40000€, sans compter les frais de matériel, de logement, de nourriture. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, la plupart des gamins ne sont pas des gosses de riches. Leurs études sont financées soit par un emprunt fait par leurs parents, soit un emprunt fait par eux-même. L'avantage étant qu'ils sont quasiment certains de pouvoir le rembourser une fois sortis de l'école puisqu'ils auront accès à des métiers très en vogue et très bien rémunérés. Ainsi donc, avec 40000€ le diplôme bac+5, nous ne sommes déjà plus très loin des tarifs des pays anglo-saxons. Il est faux de dire encore que l'éducation supérieure est gratuite en France, d'autant que la formation en Université tend de plus en plus à ne mener à aucune perspective d'emploi à moins d'avoir au moins un bac+5 qu'il faudra bien souvent compléter par des années de concours ou de petits boulots précaires...

PPPS : dernière précision : parce que je ne suis pas du genre à me laisser abattre, je suis en train de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour retrouver des contrats édités dans le monde du livre - oui, malgré les conditions inadmissibles exposées ci-dessus, mais justement je n'ai guère le choix - tout en développant des projets auto-édités à l'étranger et en anglais, et en reprenant les études pour décrocher un doctorat avec je l'espère un jour un poste de Maîtresse de Conférences. Puisque la société refuse de m'aider alors que je suis tout en bas, je vais forcer le destin et la forcer à tenir compte de ma présence. Et qui sait, peut-être qu'une fois un fois mon doctorat en poche et un début de carrière à l’internationale lancée, je partirai à l'étranger, et sans regrets. :twisted:
"Fear me. I've killed hundreds of Time Lords.
- "Fear me. I've killed all of them"


"Et finalement dans le langage il ne manque pas de genre. Il y en a juste 2 de trop."
~Eleventh

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