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par tictac » il y a 9 ans
Le rapport entre résistants et collaborateurs, de la Seconde guerre Mondiale et d'aujourd'hui, ne me semble pas farfelu. Par contre, je ne ciblerais pas ceux qui quittent le pays, contrairement à Jean-René. Car de tous temps, à travers le Monde, des jeunes ont quitté leur pays. C'est un mouvement naturel, et beaucoup de pays ont été, et sont aujourd'hui bien plus touchés que la France. D'autre part, nombreux sont ces expatriés, la large majorité même, qui finissent par rentrer un jour ou l'autre. Cet exode est nécessaire pour la plupart d'entre-eux, pour des raisons personnels, des raisons de parcours de vie tout simplement, qui ne regardent qu'eux, et qui n'ont pas à être jugées. Notre vie, qui nous sommes au fond de nous, n'a pas de nationalité, et ne devrait pas passer après un quelconque devoir patriotique. Déjà, car les devoirs patriotiques, les nationalismes, ont plus souvent mené aux guerres et aux affrontements qu'à l'union et la justice nationale. Ensuite, car il ne faut pas confondre aimer son pays, y être attaché, et être patriotique. J'aime la France, j'y suis très attaché, mais je ne suis pas patriotique, et encore moins nationaliste.
Egalement, notre Monde verra sans doute son salut dans moins d'égoïsme, et dans moins de divisions. Là, la notion de patriotisme serait appelée à devenir caduque, ce ne serait pas un mal.
Sans parler de l'importance personnelle, mais aussi pour le pays au retour, des expériences et des voyages à l'étranger. Pour apporter de l'oxygène, pour maintenir un lien avec le reste du Monde dont on fait tous partie, pour ne pas rester dans l'ignorance et les stéréotypes. Ce n'est pas une solution miracle à tout cela, mais ça aide bien plus qu'en restant chez soi.
Là où je vois le rapport avec la résistance, c'est que comme l'a mentionné Vigix, nous sommes en guerre, en guerre économique. Cette guerre est mondiale, et de nouveau on nous oppose les uns aux autres, on nous provoque mutuellement. Les victimes ne sont pas tuées à coup de mitraillette (quoique dans certains coins du globe, si), mais sont simplement laissées sur le pavé, sacrifiées économiquement.
Pour moi, les collabos sont ceux qui rentrent dans cette guerre économique, nos gouvernements en tête. Les résistants, sont ceux qui se battent contre ce système, pour une économie locale où le bien des gens prime sur les bénéfices économiques, sur la compétition, et autre compétitivité. Ceux qui refusent d'accepter que la vie d'un homme doit être utile, et quantifiée en matière de rendement économique, en indice de consommation. Les résistants sont ceux qui refusent d'alimenter un système économique qui prime sur tout, d'un capitalisme d'une vie de consommation représentée en exemple, et comme unique valeur à défendre. Ils sont très divers, et n'ont pas toujours le même but, mais ils résistent tous à leur façon.
Ils vont du patron d'entreprise, qui satisfait de ses revenus, se contente d'un plafond de revenu qu'il estime amplement suffisant pour lui-même, et qui partage les bénéfices excédentaires avec ses employés, sa commune, et en nouvelles embauches (oui, ça existe). Au jeune diplômé, qui choisit de travailler pour une entreprise qui a une utilité sociale, plutôt que de gagner deux fois plus pour travailler à faire gagner toujours plus d'argent à des actionnaires. Celui qui se bat contre les OGM. Le fermier, qui entouré de cultures et d'élevages intensifs, décide de faire du biologique, avec les années de galère que cela implique, et les bâtons dans les roues de ses confrères. Celui qui se bat pour l'égalité entre Hommes et Femmes, entre tous les citoyens, et qui continue d'y croire. Celui qui au sein de son foyer, devient écologiquement responsable, apprend à consommer autrement, et à mesurer son impact sur son environnement. Celui qui va s'engager dans une oeuvre sociale, pour venir en aide aux gens qui sont dans la précarité ou dans le besoin. Celui qui continue, à chaque élection, peu importe son orientation politique, à aller voter, et à s'impliquer en politique, car il refuse de considérer que ça ne le concerne pas, que c'est trop compliqué, car il sait que certains n'attendent que ça.
Tous ces gens, ont en commun, de par leurs actions, de gêner d'une manière ou d'une autre un ordre économique et idéologique de consommation à outrance, du "chacun pour soi et tous pour l'argent". Car c'est bien cette guerre qui se joue, à travers le Monde comme en France, terriblement destructrice, broyeuse de culture, d'indépendance, d'autonomie, de libertés primordiales, celles de nos choix.
Les collabos ne sont pas ceux qui partent, mais sont dans ceux qui restent. Qui par leur passivité, et leur non implication à vouloir changer les choses, même à une toute petite échelle, se rendent coupables de collaboration avec un système qu'ils alimentent. Bien qu'ils puissent en être eux-même victimes, ils aiment ce système, ou le considèrent du moins comme le seul souhaitable, le seul viable, et ne jurent que par sa bonne santé. Ils en sont les plus efficaces gardiens, de tous niveaux sociaux, ils ridiculisent, se moquent, montrent du doigt, ou ne comprennent pas ceux cités plus haut, ne voient pas l'intérêt d'une résistance quelconque à un système qui est pour eux le seul possible, et pour le justifier, bien souvent ils se cachent derrière un "pragmatisme" supposé. C'est dans cette mentalité qui refuse toute utopie, toute volonté de changement réel, toute révolution des consciences, persuadée que le Monde est tel qu'il est et qu'on ne peut le changer, que l'on trouve la vraie collaboration. Et cela n'a rien à voir avec le fait de quitter son pays, ou non.
C'est quand la marée est basse qu'on se rend compte qui nageait tout nu