En ce moment je découvre
Tyranny développé par Obsidian.
C'est le successeur spirituel de Pillars of Eternity (mais pas une séquelle, celle-là devrait arriver bientôt
).
PoE était déjà génial : je trouve Tyranny encore meilleur, possiblement le meilleur jeu de rôle qu'il auquel il m'ait été donné de jouer (bon je suis à fond dedans en ce moment, je manque peut-être d'objectivité).
Attention pavé devant (le jeu le mérite ! )
Pour ceux ne connaissant pas c'est un RPG en 3D iso un peu à la Baldur's Gate.
Le jeu se déroule dans un monde où "le mal l'a emporté" : on joue le rôle du bras droit de Dieu (plutôt version Ancien Testament, le Dieu, plus "soumet-toi ou meurs" que "tendre l'autre joue").
L'Overlord Kyros a subjugué la quasi-totalité du continent, après des siècles de conquêtes à coup de Décrets. Attention, pas celui de la préfecture du coin : quand Kyros Décrète qu'une ville à l'autre bout du continent sera anéantie si elle ne se soumet pas, la ville est rasée, hop, magique.
Le joueur incarne un agent de Kyros, qui a participé à la conquête des derniers territoires libres quelques années plus tôt, envoyé de nouveau sur ces terres car des rebelles ont repris les armes et les deux armées envoyées pour les mater sont trop occupées à se prendre le bec pour faire avancer les choses : le joueur est chargé de prononcer un nouveau Décret de Kyros pour leur forcer la main et reprendre le contrôle de la région rapidement.
Comme vous pouvez vous en douter, le jeu n'est pas du tout maniquéen. On interagit avec plein de factions dont on se fera des alliés ou des ennemis, chacun ayant leurs valeurs (oui, oui, des valeurs morales). Les compagnons qu'on peut recruter ont deux barres de réputation: loyauté et peur. Chacun réagira à nos choix par l'une ou l'autre, les deux débloquent des compétences spécifiques. Idem pour les factions : approbation et colère debloqueront chacune des compétences spécifiques. Les choix des personnages sont directement influencés par ces réputations.
Le joueur a suffisamment de liberté d'action pour vraiment se plonger dans l'histoire. Même un choix techniquement identique est décliné : on peut capturer une tour avec les rebelles mais au nom de Kyros (genre "vous en faites pas ils se sont soumis à moi donc à l'empire"), ou bien en son nom propre (fuck Kyros je veux du pouvoir à moi), ou pour l'une ou l'autre des deux armées (en matant les rebelles), et tout ça impliquera des quêtes différentes et/ou des possibilités différentes pour les mêmes quêtes, des fins différentes...
Autre point remarquable et qui me fait poster ici : c'est la première fois que je joue à un jeu vidéo non-hétéro-phallo-centré.
Les genres y sont répartis très équitablement et tout à fait naturellement (j'ai mis quelques heures avant de me rendre compte que tous les compagnons recrutables sont des femmes sauf deux exception, et que les chefs rebels sont majoritairement des cheffes), l'homosexualité y est aussi présente que l'heterosexualité sans qu'il ne soit jamais fait un foin de tout ça : ce n'est absolument pas le sujet du jeu, c'est juste du décor, et ça fait jamais "forcé".
C'est selon moi à dessein : on ne voit jamais Kyros en personne, et les deux personnages qui l'ont rencontré parlent du Tyran tout puissant tantôt au masculin, tantôt au féminin. Il y a des lignes de dialogue en réaction à ce détail, qu'on peut choisir dans certaines discussions : "comment ça "Elle"? Kyros est une femme ou un homme?" et bien entendu on n'a jamais de réponse...
D'autres détails ici et là : le fait que Kyros exige l'égalité des sexes dans son empire, et quand on en fait la remarque à une rebelle (genre : c'est bien chez nous, rejoins l'empire) elle réplique qu'il faut être demeurée pour vouloir confier le contrôle des terres à un homme (chez eux, les hommes possèdent les navires et les femmes les terres).
Bref, c'est un jeu très rafraîchissant, que je recommande très chaudement à tout amateur de jeu de rôle.