Ateliers Cycle Trans, UEEH-2005

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Yeuse
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Ateliers Cycle Trans, UEEH-2005

Message par Yeuse » il y a 18 ans

Compte Rendu des UEEH 2005
La visibilité Trans? ? Les ateliers de Sans Contrefaçon


Cette édition 2005 des Universités d?Eté Euroméditerranéennes des Homosexualités annonçait sur le papier une visibilité Trans incontestable. Et ce fut effectivement le cas avec éclat.

Pascale Ourbih qui a intégré les UEEH l?année dernière a joué de son réseau et a contribué à cette présence significative ainsi que le CA qui a soutenu le « Cycle Visibilité Trans ». Ensuite, il y a les acteurs des ateliers eux-mêmes : Jo Bernardo pour le Portugal, Hélène Hazéra, Axel Léotard, Maud-Yeuse Thomas, Tom Reucher, Karine Solène Espineira, ainsi que les soutiens : amies et militants venus spécialement. De nombreux thèmes furent ainsi abordés : prévention au VIH, mythes de la transidentité, vision d?une culture Trans?, réflexions sur le binarisme, représentativité télévisuelle, les corps trans?, prostitution, questions de genre? On notera l?absence involontaire de dernière minute de Porpora Marcasciano du MIT (Moviemiento Identità Transsessuales) pour le colloque du vendredi 22 juillet au Conseil Général des Bouches-du-Rhône.

Tom Reucher, psychologue clinicien, a ouvert le « cycle visibilité trans » dès le jeudi 21 juillet avec son premier atelier-débat « Les 10 mythes de la transidentité ». La salle s?est remplie rapidement et le public a été des plus attentifs à l?exposé sur tout ce que la transidentité n?est pas ! Mais dont les mythes perdurent dans tous les groupes sociaux, y compris au sein du corps médical lui-même. Le débat qui a suivi a été animé et l?on a pu prendre conscience de la demande en savoirs de la part de l?auditoire. Les LGB avaient de nombreuses questions pour le T, et dans le T, différentes approches ont été perçues. Il faut y voir un signe de richesse d?une communauté diversifiée, avec des personnalités marquantes qui ne manquent pas de finesse d?esprit et d?un réel intérêt pour cette problématique, au-delà de leur propre cas.

Suivi le second atelier de Tom « Diagnostic ou maltraitance théorique ». Un exposé ardu puisqu?il s?agissait d?expliciter trois avis : celui d?un(e) psychiatre expert à partir de ses notes de consultation, de la personne suivie, et du regard du psychologue clinicien sur le tout. L?auditoire fut plus clairsemé en raison de la difficulté du sujet. Par ailleurs, d?autres ateliers avaient lieu simultanément sur le principe consacré des UEEH. L?atelier se prolongea encore une fois au-delà de l?horaire défini.

Le lendemain, malgré l?absence de Porpora Marcasciano, la question de la transsexualité fut brièvement abordée lors d?un échange avec Louis-Georges Tin, agrégé, Docteur en Lettres et spécialiste de l?histoire de la sexualité, au cours d?un exposé remarquable sur la sexophobie. Rattachant homophobie, lesbophobie, biphobie à la sexophobie, il a laissé un espace pour la transphobie. Karine Espineira proposa plusieurs pistes de réflexion pour opérer ce rattachement, Tom Reucher compléta ces réflexions pour Louis-Georges Tin dont la sincère attention fut louable.

Samedi dans le patio rebaptisé « agora » pour l?occasion, Maud Yeuse Thomas fit de son atelier un véritable agora justement, un lieu où l?on échange de la parole. Sur le thème de « la culture trans », elle aborda la question du binarisme dans nos sociétés occidentales ainsi que la sortie du binarisme. Question largement suivie et commentée par la communauté LGB très intéressée par le concept de socialité ouverte et-ou ternaire.

Un peu plus tard, Karine Espineira commença son atelier-débat sur 20 ans de transsexualisme en France. Dans une salle bondée qui finit par afficher complet et où régnait une chaleur pénible, l?exposé se concentra finalement sur l?analyse d?une émission de télévision sur la base d?un montage vidéo d?extraits diffusés par thèmes. Chacun d?eux donna lieu à analyses et débats de la part d?un public réactif. Toutefois la question de l?histoire de la représentation des trans à la télévision reste à aborder.

Le lendemain avait lieu la seconde partie des ateliers de Karine Espineira qui abordait sous forme de cours magistral la représentation des Trans à la télévision, dans différents pays du monde à travers des témoignages des personnalités médiatiques dans leur pays respectif : Lynn Conway et Kate Bornstein pour les Etas-Unis, Andres Rivera pour le Chili, Maria-Bélen Correa pour l?Argentine, Christine Burns pour le Royaume-Uni, Carla Antonelli pour l?Espagne. Jo Bernardo présente à cet atelier fut invitée à témoigner pour le Portugal. A signaler la présence d?une équipe de Canal Plus, venue couvrir des UEEH et le cycle Trans en particulier à travers l?interview de plusieurs intervenant(e)s.

Un peu plus tard dans l?après-midi, avait lieu en plein air dans les escaliers principaux de l?école d?art et d?architecture, l?atelier « Anatomie des corps trans » entre Maud et Karine pour Sans Contrefaçon (association trans à Marseille) et Marie-Claude et Angélique pour le CEL (association lesbienne à Marseille). Débutant par une théâtralité volontaire, Marie-Claude présenta le cadre de cette rencontre entre deux femmes d?origine trans et de deux lesbiennes, ainsi que les quatre protagonistes de cette histoire. Karine arriva méconnaissable : pantalon, chemise, cravate, lunette noire et casquette pour cacher ses cheveux. Le public fut un peu surpris de voir arriver cette personne jusqu?à ce que Karine se déshabille sous l??il médusé de plusieurs personnes. Le trouble fut partagé par la protagoniste elle-même. Cet atelier qui abordait sans détours la question du « corps trans » au travers de la chirurgie de conversion sexuée comme du plaisir et de la sexualité fut l?un des grands moments de ce cycle trans et des UEEH à en croire de nombreux témoignages. Cet atelier est aussi l?histoire d?une amitié entre quatre femmes.

Lundi matin, la journée commença tôt avec le troisième atelier de Tom Reucher sur la « transidentité : être homme ou femme ». Dernier jour des UEEH, l?auditoire commence à être un public averti et les questions sont plus pointues, plus avisées, mieux exprimées car le vocabulaire s?imprègne. Un bel atelier, le plus technique de Tom et le plus vivant en termes d?échanges humains à tel point qu?il se prolongea jusqu?en début d?après-midi.

Peu après, débutait l?atelier de Jo Bernardo qui devait nous présenter son film « Entre les belles et les monstres », malheureusement celui-ci n?étant pas parvenue dans les temps, Jo improvisa un atelier sur une étude sur la population trans au Portugal, prostituée et non prostituée, en relation avec l?épidémie du VIH. Atelier qui donna lieu encore une fois lieu à un débat passionnant animé par la forte personnalité de Jo dont le discours est intéressant à plus d?un titre.

Cependant, vers 14 heures, le film de Lalla Koswka sur la Petite Vertu, bar mixte s?il en est parisien, fut projeté à l?Amphithéâtre. Un beau Travail de cinéaste, qui fut suivi à 15 heures par la projection du clip vidéo de Sans Contrefaçon sur la Marche des Fiertés de Marseille.

Peu après débutait le dernier atelier du cycle trans : « Trans et sida » animé par la Hélène Hazéra et Axel Léotard. Tout comme pour Tom le matin, l?auditoire fut composé d?un public qui commençait à être averti et toujours en quête de savoirs. Une grande décontraction régna dans cet atelier reposant sur un jeu de questions-réponses avec l?assistance. Notons que le soir même, Hélène assurait une projection-débat sur le SM chez les trans.

La dernière Assemblée Générale concerne encore les trans avec l?élection au Conseil d?Administration de Jo Bernardo et de Karine Espineira qui viennent rejoindre Pascale Ourbih pour poursuivre cette visibilité trans et ?uvrer pour l?ensemble des LGBT au sein de ces UEEH jusqu?à ce que d?autres énergies nous rejoignent et prennent le relais.

Ces ateliers furent si riches en dehors de la visibilité trans, qu?il a été impossible d?assister à tous les ateliers d?Act Up, de Aides, de langues des signes, de safer sex, etc., ou d?assister à toutes les projections de films et de documentaires. Nous retenons des temps forts tels que la soirée « festival des connes » de Madame H et Rémy Lange, le Kiss in sur la Canebière, les soirées en général, la rencontre d?ami(e)s venues de Pologne, d?Italie ou de Moldavie, la présence de Panthères Roses du Canada, du Portugal ou de France, des Flamands Roses de Lille, Angélique et Marie-Claude du CEL, de Morgane et Julie, Serge, Christian, Martine et Marie-Paule (mlolo pour les intimes) ou encore des S?urs de la Perpétuelle Indulgence. Indulgence à laquelle nous faisons appel pour tous ceux et celles que nous n?aurions pas cité-es ici. Cette extraordinaire plateforme que sont les UEEH démontre une nouvelle fois qu?un espace global de réflexion et de créativité, d?interrogation et de débat, d?expérimentation et de démonstration, d?échange et de partage, existe. On peut ne peut être d?accord, mais on ne se fait jamais d?ennemi(e)s, en revanche on se fait souvent des ami(e)s.

Pour conclure : vivement 2006 !
[img]http://natamauve.free.fr/avatar/a-patteroux.gif[/img] la philosophie est une affaire d'arguments griffus

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