Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

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Re: Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

Message par Pablobi » il y a 3 ans

Dans le jargon, celui qui est lgbt est concerné, les alliés sont ceux qui ne sont pas LGBT, mais qui agissent contre toutes les haines, ici la biphobie, qui d'ailleurs existe au sein même de cette "communauté"

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Marjotte
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Re: Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

Message par Marjotte » il y a 3 ans

Bequiet a écrit :
il y a 3 ans
Bonjour à tous,
Je découvre en vous lisant ce terme d'allié et je suis surprise de la polémique qui lui est associée car, au sens étymologique, l'allié est celui qui est engagé. Or, le conjoint, en faisant le choix de rester et d'accepter, devient un allié
Je le pense comme toi et mon mari aussi, mais Pablobi avance un point intéressant sur la perception des autres à propos de ce terme; qui est a prendre en compte car pour bien dialoguer il faut comprendre ce que l’autre entend.

Je ne suis pas sure sure qu’il faille être non-hétéro pour être concerné par la cause LGBT.
Mais on rentre dans du détail.

Oui la biphobie existe même au sein de la communauté LGBT, je l’ai moi-même vécu ce qui a freiné ma capacité à assumer au grand jour pendant longtemps :(
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Re: Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

Message par Janelle » il y a 3 ans

Frida a écrit :
il y a 3 ans

Tu remarqueras que nous grandissons tous avec des mythes et des idées très précises sur ce que c'est que l'amour. Beaucoup pensent que c'est un sentiment (on parle de sentiment amoureux), et je l'ai longtemps cru moi aussi, mais je n'en suis plus aussi sûre aujourd'hui. Quand on est en couple pendant plusieurs années, on ne ressent pas de l'amour pour son partenaire en permanence ! Parfois, on est énervé, ou triste, ou anxieux, ou l'on pense à autre chose, tout simplement. Mais cela ne remet pas en question la relation que l'on a construite, et les sentiments amoureux finissent toujours par resurgir. Alors, pourquoi des sentiments pour un ou une autre remettraient en question cette relation ? Pour moi, il n'y a pas vraiment de différence. Je pense que l'amour, c'est avant tout dynamique, c'est une action, c'est vouloir construire et cultiver une relation dans laquelle on croit. Les sentiments ne sont qu'un produit dérivé de cette action en continu. Mais, quand on grandit avec l'idée que l'amour est un sentiment passif et exclusif que l'on ne fait que subir, on en conclut des choses comme :

- Si j'éprouve des sentiments pour quelqu'un d'autre, cela signifie que mon histoire avec mon partenaire n'a plus aucune valeur ;
- Si j'éprouve de la colère contre mon partenaire à un instant t, cela signifie que je ne l'aime plus à ce moment-là ;
- Si une personne plaît à mon partenaire, je ne suis pas en danger ; mais si mon partenaire éprouve des sentiments pour cette personne, notre relation est mise en péril ;
- et sans doute d'autres choses que tu peux t'amuser à trouver.

Si je fais ce long détour, c'est parce que j'ai l'impression que toi-même tu doutes de ta capacité à éprouver des sentiments pour quelqu'un d'autre sans remettre en question la relation que tu as construite avec ton conjoint. Je voulais juste te dire pourquoi, selon moi, tu ne te trouves pas forcément dans une impasse.
Salut Frida,
Je n'ai pas encore pris le temps de réagir à ton post alors que sur le coup, il m'a vraiment marquée. J'y ai repensé plusieurs fois...
Je suis tout à fait d'accord avec cette manière de voir les choses.
C'est sûr que si on ne prend que le sentiment amoureux (ou la passion) comme baromètre de l'état de son couple, on va droit dans le mur. Nombre de fois j'ai entendu des personnes proches ou non parler de la fin de leur couple en disant : "c'est plus comme avant, je n'ai plus le même désir, il n'y a plus de passion, etc" comme s'il n'y avait que ça et qu'une fois que cet élément évolue (ce qui est pourtant le propre du sentiment amoureux et de tout sentiment... évoluer), c'est bon, " 'y a plus rien, on peut tout mettre à la poubelle". Soit dit en passant, je m'étonne toujours que des gens puissent croire que la passion peut durer une vie, c'est beau d'avoir une telle utopie, mais c'est complètement à côté de la plaque.
"l'amour c'est vouloir construire et cultiver une relation dans laquelle on croit", c'est exactement ça !

Il y a deux jours dans cette discussion on parlait de la peur des sentiments et du fait que moi, tout comme le mari de Bequiet, avons besoin de sentiments pour vivre une relation sexuelle avec une personne, quel que soit son sexe.
J'ai re-réfléchi à ce que j'ai vécu sur le plan des sentiments avec cette femme avec qui j'ai eu une relation cachée. J'avais écrit que (à côté principalement du fait que je n'en pouvais plus de me voir mentir à tout bout de champ) ce qui avait été problématique était l'intensité de cette relation et donc des sentiments que j'éprouvais pour cette femme. Je crois maintenant que ce n'est pas ça, mais que ce qui a tout foutu par terre c'est la place énorme que cette relation a prise dans le concret du quotidien (s'écrire tous les jours, se voir 3X/semaine,...), ce n'était pas une question de dosage de sentiments mais plutôt que pendant ces mois-là j'ai mis mon couple à l'arrière-plan jusqu'à risquer de le perdre (Noctis a évoqué l'importance de donner la priorité à son couple). Mes sentiments pour cette femme n'auraient pas posé de problème si j'avais (et si elle et moi avions) construit cette relation en gardant toujours à l'esprit "j'ai un mari à côté que j'aime et je tiens à préserver mon couple" et si je n'avais pas vécu cette relation dans la clandestinité. Je n'ai pas de regret quand j'écris ça, je constate simplement, à la lumière de tout ce qui s'échange ici. Et c'est bien, ça me fait évoluer et me sentir plus sereine pour la suite !
Soyez vous-même, les autres sont déjà pris (O. Wilde).

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Re: Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

Message par Janelle » il y a 3 ans

Envolée a écrit :
il y a 3 ans
J'ai envie de vous conseiller deux choses à toutes les deux et à vos conjoints :

- le blog d'Adrien Le rioual notamment ce billet : https://lesfessesdelacremiere.wordpress ... on-est-bi/
Et parcourir le blog qui permet plein d'astuces.
Merci aussi à toi Envolée pour ceci ! J'ai été voir, ça fait réfléchir, ça bouscule les barrières intérieures que l'on se met chacun.e.

Les réactions des lecteurs sont intéressantes aussi. J'y ai pêché celle-ci, une citation qui parle de l'amour :
"je lis souvent qu’il ne faut pas galvauder ce mot comme si l’utiliser pour plusieurs personnes, c’était le galvauder. On dit bien aux enfants que si ils ont un petit frère ou petite sœur ça ne leur enlèvera rien à l’amour qu’on leur porte. Notre capacité d’amour s’agrandit. Le temps, lui, par contre ne se multiplie pas".

Tellement vrai !
Soyez vous-même, les autres sont déjà pris (O. Wilde).

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Re: Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

Message par Bequiet » il y a 3 ans

Janelle a écrit :
il y a 3 ans
Il y a deux jours dans cette discussion on parlait de la peur des sentiments et du fait que moi, tout comme le mari de Bequiet, avons besoin de sentiments pour vivre une relation sexuelle avec une personne, quel que soit son sexe.
J'ai re-réfléchi à ce que j'ai vécu sur le plan des sentiments avec cette femme avec qui j'ai eu une relation cachée. J'avais écrit que (à côté principalement du fait que je n'en pouvais plus de me voir mentir à tout bout de champ) ce qui avait été problématique était l'intensité de cette relation et donc des sentiments que j'éprouvais pour cette femme. Je crois maintenant que ce n'est pas ça, mais que ce qui a tout foutu par terre c'est la place énorme que cette relation a prise dans le concret du quotidien (s'écrire tous les jours, se voir 3X/semaine,...), ce n'était pas une question de dosage de sentiments mais plutôt que pendant ces mois-là j'ai mis mon couple à l'arrière-plan jusqu'à risquer de le perdre (Noctis a évoqué l'importance de donner la priorité à son couple). Mes sentiments pour cette femme n'auraient pas posé de problème si j'avais (et si elle et moi avions) construit cette relation en gardant toujours à l'esprit "j'ai un mari à côté que j'aime et je tiens à préserver mon couple" et si je n'avais pas vécu cette relation dans la clandestinité. Je n'ai pas de regret quand j'écris ça, je constate simplement, à la lumière de tout ce qui s'échange ici. Et c'est bien, ça me fait évoluer et me sentir plus sereine pour la suite !
Bonsoir Janelle,
Merci de mettre des mots aussi clairs sur cet écueil que tu as rencontré. J'ai connu le même : comme toi, mon mari était complètement accaparé par son coup de coeur au point de nous reléguer à l'arrière plan : j'étais le dindon de la farce, la 5e roue du carrosse. Toutefois, crois-tu qu'on puisse vivre une telle intensité de sentiments sans perdre de vue l'Autre. J'ai qq doute car lorsqu'on tombe profondément amoureux, on est emporté dans le tourbillon des sens et des sentiments. Je ne suis pas certaine que la Raison puisse avoir une place importante... C'est cette réflexion qui m'a amenée à ma fameuse "carte podium". L'idée est de s'autoriser des émois mais, avec le partage, la Raison garderait le dessus. Je pense que le témoignage de Noctis serait éclairant sur ce point... et il sera intéressant de suivre son parcours avec son amant.

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Message par Envolée » il y a 3 ans

Janelle a écrit :
il y a 3 ans


Les réactions des lecteurs sont intéressantes aussi. J'y ai pêché celle-ci, une citation qui parle de l'amour :
"je lis souvent qu’il ne faut pas galvauder ce mot comme si l’utiliser pour plusieurs personnes, c’était le galvauder. On dit bien aux enfants que si ils ont un petit frère ou petite sœur ça ne leur enlèvera rien à l’amour qu’on leur porte. Notre capacité d’amour s’agrandit. Le temps, lui, par contre ne se multiplie pas".

Tellement vrai !
C'est souvent ce que mettent en avant les polyamoureux, l'amour ne se divise pas, il se multiplie.


@Bequiet pour moi l'intensité de sentiments dont tu parles est quelque chose d'éphémère. Tu as ça dans toute nouvelle relation. C'est ce qui s'apparente à la phase passionnelle ou NRE. C'est tout nouveau, tout beau, on a des papillons dans le ventre. Généralement, au bout de trois mois, ça s'estompe.
C'est important selon moi de bien connaitre cette phase pour ne pas mélanger tout ça avec des sentiments qui n'en sont pas vraiment.

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Re: Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

Message par Noctis » il y a 3 ans

Tiens ? On parle de moi ? :cheesy:

Quand nous avons commencé à parler du sujet avec ma femme, je lui ai demandé ce qui l'inquiétait le plus dans ce qu'il m'arrivait. Principalement, elle ne voulait pas que je souffre émotionnellement ou que je me mette en danger (agression ou IST). Elle "n'apprécierait aussi pas" que je la quitte pour mon amant. Ce serait évidemment la conséquence la plus extrême. Nous avons donc parlé de notre couple, comment il fonctionnait, les rôles de chacun, ce que nous nous apportions l'un à l'autre... Nous avons conclu que cette relation extra-conjugale (vécue ou fantasmée) deviendrait un problème à partir elle prenait trop de place ou perturbait le bon déroulement de notre vie de famille.

Le fait que ma femme soit au courant me permet d'avoir une sorte de pied à terre. J'ai bien conscience de ce que je peux demander et offrir dans une relation extra-conjugale.

Au départ, il s'agissait une première expérience avec un homme, quelque de chose purement physique. Je l'ai clairement indiqué dans une petite annonce. J'avais en tête de trouver quelqu'un en couple, bien installé, dans la même situation que moi et si possible pas trop loin de chez moi. Et je l'ai trouvé. Enfin, c'est plutôt lui. :D

Après quelques mails, nous avons vu que le courant passait. En 30 jours, nous avons échangé 50 messages, soit plus d'un par jour. Ça aurait pu être plus, car je me suis parfois retenu de répondre dans les heures qui ont suivi la réception d'un message. Dans l'absolu, le temps que j'ai mis à développer cette relation a été très important, mais comme ça se faisait par mail (grâce au brouillon), je pouvais écrire une phrase, un paragraphe ici et là tout au long de la journée. Ça ne perturbait donc pas ma vie familiale. C'était devenu quelque chose de fort, mais qui commence à diminuer de par le fait que nous ne nous sommes plus revus depuis plus de deux semaines.

Je ne sais pas comment va évoluer ma relation avec mon amant dans le temps, mais comme c'est quelqu'un de très occupé, nos rencontres seront par conséquent peu fréquentes. Ce n'est pas un problème en soi, car ça correspond plutôt bien à ce que nous cherchons. Quand on n'arrêtera de se voir, car cela arrivera tôt ou tard, ça aura été une belle expérience pour tous les deux.

Je me dis que nous ne choisissons pas qui nous sommes, quelles sont nos attirances, mais nous pouvons choisir avec qui nous avons des relations et comment. Pour nous, personnes bisexuelles en couple, c'est quelque chose de fondamentales si nous voulons rester avec nos conjoints.

Personnellement, je trouverais cool de rencontrer un homme et d'avoir un coup de foudre pour lui, que ce soit réciproque, que nous puissions vivre une histoire intense. En gardant toutefois en tête que ce sentiment amoureux est éphémère.

NRE
Janelle a écrit :
il y a 3 ans
Il y a deux jours dans cette discussion on parlait de la peur des sentiments et du fait que moi, tout comme le mari de Bequiet, avons besoin de sentiments pour vivre une relation sexuelle avec une personne, quel que soit son sexe.
J'ai re-réfléchi à ce que j'ai vécu sur le plan des sentiments avec cette femme avec qui j'ai eu une relation cachée. J'avais écrit que (à côté principalement du fait que je n'en pouvais plus de me voir mentir à tout bout de champ) ce qui avait été problématique était l'intensité de cette relation et donc des sentiments que j'éprouvais pour cette femme. Je crois maintenant que ce n'est pas ça, mais que ce qui a tout foutu par terre c'est la place énorme que cette relation a prise dans le concret du quotidien (s'écrire tous les jours, se voir 3X/semaine,...), ce n'était pas une question de dosage de sentiments mais plutôt que pendant ces mois-là j'ai mis mon couple à l'arrière-plan jusqu'à risquer de le perdre (Noctis a évoqué l'importance de donner la priorité à son couple). Mes sentiments pour cette femme n'auraient pas posé de problème si j'avais (et si elle et moi avions) construit cette relation en gardant toujours à l'esprit "j'ai un mari à côté que j'aime et je tiens à préserver mon couple" et si je n'avais pas vécu cette relation dans la clandestinité. Je n'ai pas de regret quand j'écris ça, je constate simplement, à la lumière de tout ce qui s'échange ici. Et c'est bien, ça me fait évoluer et me sentir plus sereine pour la suite !
Je pense que tu fais une analyse pertinente de ce que tu as vécu, Janelle. Ca me fait penser au témoignage d'un homme qui avait permis à sa femme de vivre une relation extra-conjugale. Il ne savait plus quoi faire, notamment "comment revenir en arrière", car sa femme avait donné trop d'importance à cette relation. Il lui arrivait notamment de découcher. Certains conseillaient au mari de trouver des activités à faire de son côté pendant qu'elle s'amusait avec sa maitresse. Je ne suis pas de cet avis, car il y avait clairement un déséquilibre dans le couple et le mari souffrait de la tournure que prenaient les choses. Malheureusement, on ne sait pas comment ça a évolué, car il n'est plus revenu sur le forum...

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Re: Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

Message par Janelle » il y a 3 ans

Salut Bequiet,

Pour répondre à ta question et rejoindre Envolée, je pense aussi que cette intensité de sentiments est le propre du début.

Les choses se seraient très probablement passées autrement si j'avais partagé mon ressenti pour cette femme avec mon mari. J'ai géré toute seule (en plus ma psy était en congé maternité à ce moment-là donc j'étais vraiment en roue libre). Donc, sans oreille et regard tiers, c'était le feu d'artifices. Quand je vois actuellement comme la flambée diminue rapidement lorsque je parle d'une simple attirance pour une femme à mon mari, je pense que oui, on pourrait vivre les sentiments intenses du début sans perdre de vue l'autre. Comme tu dis, avec le partage, la Raison garderait le dessus. Mais je ne dis pas que c'est la recette miracle, ni que ce serait facile, loin de là... (tout comme je ne crois pas que ça m'aurait permis de sauvegarder ma relation avec cette femme car il y avait d'autres écueils dont la différence entre les attentes de chacune).
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Re: Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

Message par Janelle » il y a 3 ans

Noctis a écrit :
il y a 3 ans

Je me dis que nous ne choisissons pas qui nous sommes, quelles sont nos attirances, mais nous pouvons choisir avec qui nous avons des relations et comment. Pour nous, personnes bisexuelles en couple, c'est quelque chose de fondamentales si nous voulons rester avec nos conjoints.
C'est bien dit !

Et éviter le déséquilibre...

Merci :wink:
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Re: Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

Message par Frida » il y a 3 ans

Janelle a écrit :
il y a 3 ans

Salut Frida,
Je n'ai pas encore pris le temps de réagir à ton post alors que sur le coup, il m'a vraiment marquée. J'y ai repensé plusieurs fois...
Je suis tout à fait d'accord avec cette manière de voir les choses.
C'est sûr que si on ne prend que le sentiment amoureux (ou la passion) comme baromètre de l'état de son couple, on va droit dans le mur. Nombre de fois j'ai entendu des personnes proches ou non parler de la fin de leur couple en disant : "c'est plus comme avant, je n'ai plus le même désir, il n'y a plus de passion, etc" comme s'il n'y avait que ça et qu'une fois que cet élément évolue (ce qui est pourtant le propre du sentiment amoureux et de tout sentiment... évoluer), c'est bon, " 'y a plus rien, on peut tout mettre à la poubelle". Soit dit en passant, je m'étonne toujours que des gens puissent croire que la passion peut durer une vie, c'est beau d'avoir une telle utopie, mais c'est complètement à côté de la plaque.
"l'amour c'est vouloir construire et cultiver une relation dans laquelle on croit", c'est exactement ça !

Il y a deux jours dans cette discussion on parlait de la peur des sentiments et du fait que moi, tout comme le mari de Bequiet, avons besoin de sentiments pour vivre une relation sexuelle avec une personne, quel que soit son sexe.
J'ai re-réfléchi à ce que j'ai vécu sur le plan des sentiments avec cette femme avec qui j'ai eu une relation cachée. J'avais écrit que (à côté principalement du fait que je n'en pouvais plus de me voir mentir à tout bout de champ) ce qui avait été problématique était l'intensité de cette relation et donc des sentiments que j'éprouvais pour cette femme. Je crois maintenant que ce n'est pas ça, mais que ce qui a tout foutu par terre c'est la place énorme que cette relation a prise dans le concret du quotidien (s'écrire tous les jours, se voir 3X/semaine,...), ce n'était pas une question de dosage de sentiments mais plutôt que pendant ces mois-là j'ai mis mon couple à l'arrière-plan jusqu'à risquer de le perdre (Noctis a évoqué l'importance de donner la priorité à son couple). Mes sentiments pour cette femme n'auraient pas posé de problème si j'avais (et si elle et moi avions) construit cette relation en gardant toujours à l'esprit "j'ai un mari à côté que j'aime et je tiens à préserver mon couple" et si je n'avais pas vécu cette relation dans la clandestinité. Je n'ai pas de regret quand j'écris ça, je constate simplement, à la lumière de tout ce qui s'échange ici. Et c'est bien, ça me fait évoluer et me sentir plus sereine pour la suite !
Bonjour Janelle,

Merci pour ta réaction, et merci aux autres pour leur conversation si intéressante et bienveillante. Je reviens voir ce post régulièrement et vos échanges m'aident beaucoup. Je rejoins Envolée sur la NRE, bien que je n'aie pas été confrontée à cette notion par l'intermédiaire du polyamour, mais par l'intermédiaire de mon expérience personnelle et d'une forme de thérapie appelée ACT (Acceptance and Commitment Therapy en anglais). J'ai toujours pris la passion comme baromètre du couple à tel point que, quand les papillons dans le ventre s'estompaient, je me mettais à angoisser. J'ai ainsi été "monogamme en série", changeant de partenaire à chaque fois que je ressentais ces papillons pour quelqu'un d'autre, et malgré mon envie de connexion profonde et durable avec le partenaire avec qui j'avais entamé une relation. Je ne me faisais tellement pas confiance que je me disais : "si la passion a disparu, c'est que je ne l'aime plus ; mais pourtant je n'ai pas envie de le quitter !" En plus, l'angoisse n'aide pas à réveiller la passion ! Ces changements de partenaires et cette quête de la passion, je dois l'avouer, ont fait bien du mal autour de moi. Je me pardonne aujourd'hui en me disant que j'ai été totalement aveuglée par ce mythe de la passion qui est censée durer toute une vie.

Fatiguée de briser des relations qui étaient pourtant très belles, j'ai commencé à me renseigner à ce sujet. C'est ainsi notamment que je suis tombée sur l'ACT, qui peut s'appliquer à tout un tas de problèmes dont les relations amoureuses. L'ACT nous apprend à dissocier pensées/sentiments et actions, et à agir dans une direction qui nous tient à coeur malgré des sentiments qui peuvent être négatifs sur le moment, mais qui finiront toujours par fluctuer. A force d'agir dans cette direction que nous valorisons, des sentiments positifs finiront sans doute par apparaître. Par exemple, si l'on nourrit et cultive sa relation, malgré quelques moments passablement négatifs (un accès de colère, des papillons pour quelqu'un d'autre, des problèmes au travail, etc.), le sentiment amoureux va resurgir et se renforcer. J'ai l'impression que c'est ce que tu décris quand tu dis que le problème, ce n'était pas nécessairement les sentiments que tu avais pour cette autre femme, mais le fait que tu as temporairement arrêté de cultiver la relation avec ton mari, que tu valorisais pourtant.

Attention, je ne veux pas faire de prosélytisme et je ne pense pas qu'on ait nécessairement besoin d'une forme précise de thérapie, ACT ou autre, pour travailler sur ces choses. Se renseigner sur le polyamour et/ou l'anarchie relationnelle peut tout aussi bien faire l'affaire. Mais je pense que l'idée centrale, c'est reconnaître que les sentiments fluctuent, et ne pas prendre ces sentiments pour, je ne sais pas, des preuves sacrées et irréfutables. Cela va à l'encontre de tout un tas de mythes ("suis ton instinct", "quand tu rencontreras le vrai amour, tu le reconnaîtras", etc.), et je ne dis pas qu'il ne faut pas suivre son instinct parfois, ou que personne ne rencontre "le vrai amour", mais simplement que certaines impressions peuvent être trompeuses. Sinon, je ne me serais pas retrouvée à tomber follement amoureuse tous les trois mois, à être 100% certaine que "celui-là, c'est le bon", puis à angoisser trois mois plus tard parce que je n'en suis plus si sûre que ça finalement.

Alors oui, il y en a des tas, des personnes qui quittent leur conjoint.e parce qu'elles ont éprouvé des sentiments très forts pour un.e autre, mais je pense que le problème dans ce cas, ce n'est pas l'intensité des sentiments éprouvés pour cet.te autre. Le problème, c'est la croyance que ces sentiments indiquent quelque-chose, à savoir qu'il faut tout plaquer d'un coup et quitter son ou sa conjointe immédiatement. Peut-être cela répondra-t-il aux interrogations de Bequiet, qui, à ce qu'il me semble, s'inquiétait du pouvoir "séparateur" des sentiments.

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Re: Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

Message par Noctis » il y a 3 ans

Il faut aussi se rendre compte que nous sommes "formatés" à l'amour passion que ce soit dans les films, les romans, les contes... depuis toujours. Et même dès le plus jeune âge avec des dessins animés à la Disney. Quoique avec la Reine des Neiges, nous avons eu droit à un retournement de situation des plus intéressants à ce niveau. :)

Les héros des fictions vivent des moments forts, des aventures incroyables,... mettant en danger leur amour. La conclusion que tout le monde attend est qu'ils puissent vivre heureux et avoir beaucoup d'enfants... Dans une relation monogame et exclusive évidemment ! :cheesy:

La réalité est tout autre, bien plus compliquée et diversifiée ! :D

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Re: Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

Message par Marjotte » il y a 3 ans

Merci Frida pour ton complément de témoignage qui illustre ce que vous évoquez toutes et que résume si bien Noctis. J’en profite aussi pour te remercier de tes suggestions lecture.
Merci aussi Janelle et Bequiet, je crois en effet que l’écueil avec les relations extra-conjugales vécues, se trouve dans la gestion de cette passion du debut et que le fais de la vivre caché entraînait forcement un détachement du conjoint et un empiètements sur le temps du couple/famille.

Je crois qu’une grosse partie du travail sera faite pour nous tous quand on aura réussi à se libérer pleinement de ce dictat de la passion éternelle garante du vrai amour.
Parce que finalement , Bi, hétéro ou gay; exclusif ou non, on voit que majorité des échecs dans les relations sont dûs au fait de ne pas réussir à franchir le cap de passer de la passion à l’amour.

Ha la la, heureusement que Disney change enfin de cap 😜

Et si nous arrêtons de douter à chaque baisse de passion pour notre conjoint ou attirance pour un tiers, notre confiance renforcée sera sécurisante pour notre partenaire qui ne doutera pas non plus.
Si on ne remet plus en doute notre relation parce qu’un(e) autre nous attire, on pourra rester investit pleinement dans notre couple et vivre notre attirance. Pour ça, Noctis nous donne un bel exemple.

Enfin, je suis bien d’accord avec vous sur le fait qu’une vraie longue et belle histoire d’amour se construit et s’entretien sur la durée en passant aussi par une volonté de la conserver. Vouloir entretenir son amour c’est deja aimer. Comme harry potter qui devient griffondor parce qu’il voulait l’être, je pense que si on ne choisit pas de qui on tombe amoureux, on choisit avec qui le rester. Et cela, sans que se soit contradictoire avec une vision romantique de l’amour.

Je crois que mon mari est mon âme soeur et que nous devions nous trouver. Mais c’est bien parce que nous avons choisit de nous battre pour nous, de réparer ce qui s’est abîmé avec le temps et de nous mettre a jour régulièrement, que nous sommes toujours ensemble.
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Re: Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

Message par Pablobi » il y a 3 ans

En même temps, l'amour ça se construit. C'est traverser les épreuves ensemble. Je pense que c'est une donnée importante. Il y a des hauts et des bas.

Je suis très perplexe sur la notion d'anarchie relationnelle. Après tout, on fonctionne tous avec nos propres règles à la longue. Finalement, les choses se font d'elles mêmes.

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Re: Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

Message par Marjotte » il y a 3 ans

Pablobi a écrit :
il y a 3 ans

Je suis très perplexe sur la notion d'anarchie relationnelle. Après tout, on fonctionne tous avec nos propres règles à la longue. Finalement, les choses se font d'elles mêmes.
Je pense qu’il y à anarchie quand on ne respecte plus nos propres règles. Cette anarchie peut précéder une evolution de nos règles et déboucher sur un nouvel équilibre, mais peut aussi être tres déstabilisant en attendant.
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Pablobi
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Re: Être Bi dans une relation exclusive, c'est tout un défi

Message par Pablobi » il y a 3 ans

L'anarchie relationnelle, c'est le concept qui repose sur le principe d'établir ses propres règles sans tenir compte de la pression sociale. Si j'ai bien compris....

Après, je sais pas trop, ça me paraît un peu flou. Je disais qu'on finit tous par adapter nos règles. Peut être qu'un changement fondamental de notre époque est qu'on en parle plus. Mais s'extraire de tous les modèles, c'est compliqué...

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