Mariage homosexuel : (vraiment) un progrès ?

Quand les médias traitent de la bisexualité : presse, télévision, internet...
Avatar du membre
Desmodromique
BIcylindrée
Messages : 3323
Enregistré le : il y a 13 ans
Orientation sexuelle : Bi happy
Gender :
Âge : 49

Re: Mariage homosexuel : (vraiment) un progrès ?

Message par Desmodromique » il y a 12 ans

C'est vrai que c'est chiant de devoir en passer par là pour pas mal de trucs. Même moi je vais sans doute devoir m'y mettre, quand on aura acheté une maison avec mon jules. Question de transmission de patrimoine et tout le bazar. :x
No, I'm bisexual, you're confused.

Avatar du membre
Mariel78
Biscotte
Biscotte
Messages : 274
Enregistré le : il y a 12 ans
Orientation sexuelle : Bi-spirituo-affectivo-sexuelle
Âge : 45

Re: Mariage homosexuel : (vraiment) un progrès ?

Message par Mariel78 » il y a 12 ans

Permettre à tous de pouvoir se marier: oui, certainement un progrès, en s'entendant, bien sûr, qu'il n'y aurait jamais dû y avoir d'exception (autre que le mariage qui implique une personne qui n'est pas apte à consentir à ladite chose!)

Dire qu'en permettant à tous de choisir ou non de se marier c'est s'assurer que tout le monde puisse être protégés de la même façon? C'est faux. Ce n'est QUE permettre à tout le monde de choisir ou non de se marier et, ainsi, être protégés. Ça ne règle en rien le problème de ceux qui ne veulent pas se marier (pour 1001 raisons) et qui se retrouvent sans protection.

Lire qu'un couple pense se marier que parce qu'il s'agit de la seule façon d'avoir droit aux mêmes protections, avantages et pire, aux mêmes droits que ceux qui le sont me fige le sang, que ce couple soit queer ou hétéro! Personne ne devrait penser à ça, car tous devraient avoir les mêmes droits, mariés ou non. Point.

DONC, dans l'optique où il semblerait qu'en France ne pas être marié implique une précarité juridique... l'ouverture au mariage pour tous me semble critique. Je n'appelle plus ça un progrès, mais bien une réparation urgente, car ne pas le faire implique maintenir de force une partie de la population dans cette précarité et non pas seulement "ne pas permettre à une partie de la population de s'unir comme ils le veulent et selon leurs valeurs".

Voilà pour la question relativement au mariage homosexuel....
-+-
Pour ce qui est du débat quant à l'état du droit familial, qui, dans le fond touche tout le monde qui ne peuvent pas ou ne veulent pas se marier (et non pas que les couples "non-conformes"), voilà:

Selon moi, le mariage devrait, de nos jours, être un choix de valeurs, d'idéaux et de désir de concrétiser par un acte qui une force d'application (légalement, religieusement ou autre) le lien qui unit deux personnes qui s'aiment. Le concrétiser pour des raisons morales et, oui, légales (être obligé de "casser" le lien légal pour "quitter" l'union), mais pas pour être sûr d'avoir le droit à une protection décente! Cette protection devrait déjà être là ou s'acquérir autrement que via cet acte, à la base, sacré ou, à tout le moins symbolique!

J'admets qu'un mariage reste un contrat, un engagement envers l'autre. Ce contrat assure une certaine stabilité du lien, du moins dans l'intention, et le respect de règles précises quant au fait que le couple entend partager sa vie et, donc, ses économies (bien qu'on puisse choisir des régimes matrimoniaux qui laissent plus de libertés). Il ne devrait pas contre pas être nécessaire de passer par celui-ci pour assurer l'application de droits sociaux ou une stabilité juridique de base.

Surtout pour les enfants... que ce soit en terme de lien de filiation, d'implication parentale ou de droits économiques! Ça, à mon avis, ça ne devrait JAMAIS dépendre de la situation légale des parents. Quel que soit leur sexe, d'ailleurs... j'en ai parlé dans le sujet sur l'homoparentalité et le jugement rendu il y a quelques mois (novembre?) reconnaissant le droit parental de la conjointe qui n'avait pas porté le bébé.

Mais pour le reste, alors, comment assurer cette base? Via un autre contrat ou en l'appliquant à tous? Mais si certains désirent garder la liberté de ne pas être protégés par ces droits qui ne correspondent pas à leurs valeurs? Quelle devrait être l'implication de l'État? Quelle est la base?

Au Québec, c'est le débat que nous avons depuis des années: la protection de base est-elle suffisante ou devrait-elle être la même que celle assurée par l'union civile et le mariage? L'État peut-il imposer un cadre aussi restrictif à tous, indépendamment de leur volonté? Mais qui est tous? À partir de quand un couple est-il un couple? Une famille? Sachant que tous les enfants sont protégés indépendamment du statut de leurs parents, doit-on protéger les adultes au delà de leur propre volonté?

Car, actuellement, la seule différence entre les couples mariés/en union civile et ceux qui vivent comme conjoints de faits, est l'application obligatoire (à laquelle il est possible de renoncer d'un commun accord, mais qu'au moment de la rupture) des règles de protection du Patrimoine Familial.

Pour le reste, tous les enfants (et parents) sont protégés de façon égale... là n'est plus le problème (du moment où l'on parle de parents, car reste encore des progrès à faire dans le cas de familles recomposées sans adoption). Les conjoint(e)s, c'est autre chose: du moment où ils ne pensent pas à faire un contrat de vie commune ou choisissent délibérément de ne pas le faire, ce seront les règles civiles qui s'appliqueront au moment du partage des acquis.

L'impact sur les enfants de parents non mariés? Un parent peut se retrouver pris à la gorge car l'autre avait tout acheté à son nom et ne lui laisse rien. Cela arrive lorsque les parties n'ont pas vu à une certaine égalité dans le couple et la situation se présente de moins en moins. Elle se présente tout de même dans le cas où l'un investi ses revenus dans le paiement du loyer, de la nourriture et des autres "services et bien périssables" alors que l'autre achète les meubles, paie la maison et, pire, fait des économies dans un compte qui n'est pas conjoint. Dans les cas les plus grave, il y a moyen de balancer par le biais du droit civil (enrichissement sans cause).

Par contre, du moment où il y a un enfant à charge, il y a établissement d'une pension alimentaire pour enfant. Cette pension, personne ne peut y renoncer et elle est fixée en fonction de barèmes afin de s'assurer une égalité entre les deux milieux de vie. Elle ne sert par à faire vivre l'autre parent: elle sert à faire en sorte que l'autre parent pourra offrir une stabilité à l'enfant et tenter de recréer cette homogénéité à laquelle ont droit les enfant de parents qui vivent encore ensembles! Bah oui: application du principe de base du droit familial -> Tous les enfants ont les mêmes droits quelles que soient les circonstances (ce qui comprend celles de leur naissance ou le statut de leurs parents).
Étrangement, la laïcité est présente depuis bien moins longtemps dans nos esprit, dans nos structures et notre culture... mais depuis les années 60-70 l'État tente de s'adapter à une réalité sociale: les moeurs changent et la perte de vitesse de tout ce qui est institution religieuse n'aide pas les choses! Les gens ne se marient plus et, quand ils le font, ils n'hésitent plus à casser ce lien. Il a perdu de son caractère sacré et n'est plus une garantie de stabilité.

L'État a donc fait de multiples ajustement pour essayer de faire en sorte que tout ne repose plus sur cette institution en matière de famille. En 1970, en 1984, en 1994, en 2002... Je trouve qu'actuellement, les règles en matière familiale reflètent bien la réalité québécoise et je considère qu'il n'est plus nécessaire d'être marié pour être une famille à part entière aux yeux du gouvernement et de la loi.

Si bien que lorsque je me suis moi-même mariée... j'ai eu bien de la difficulté à expliquer pourquoi! :P C'était un symbole de volonté de continuer, une unification officielle.

Enfin, pour terminer, je dirais qu'actuellement la principale lacune est la protection des liens significatifs construits entre les enfants et les "nouveaux conjoint(e)s" dans les familles dites nucléaires. Mais comme la règle première est l'intérêt de l'enfant et que les juges profitent donc d'une grande latitude pour l'apprécier, le tout est de démontrer l'existence du lien et son importance pour l'enfant.

OUF! Désolée... déformation professionnelle!

Avatar du membre
Desmodromique
BIcylindrée
Messages : 3323
Enregistré le : il y a 13 ans
Orientation sexuelle : Bi happy
Gender :
Âge : 49

Re: Mariage homosexuel : (vraiment) un progrès ?

Message par Desmodromique » il y a 12 ans

Très intéressant ! Merci pour cet éclairage sur la façon dont on peut aborder ces questions. Le Québec me semble bien en avance par rapport à la France. :gloire:
No, I'm bisexual, you're confused.

Répondre