Première enquête européenne sur le vécu des trans'

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Ascagne
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Première enquête européenne sur le vécu des trans'

Message par Ascagne » il y a 9 ans

L’Agence des droits fondamentaux dévoile sa première enquête sur la communauté trans’
Publié par Maëlle Le Corre

Pour cette enquête de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne, plus de 6000 personnes trans' à travers toute l'Europe ont été questionnées pour connaître leur expérience, mais aussi leurs opinions et leurs ressentis.


L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne publie aujourd’hui les résultats d’une enquête menées auprès des personnes trans’ en Europe. Si auparavant des enquêtes avaient été menées auprès des personnes LGBT en Europe, jamais cette instance n’avait spécifiquement étudié la communauté trans': «Cette enquête représente la plus importante collecte de preuves empiriques de ce type à mettre enfin en lumière les expériences des personnes trans’ à travers les différentes sphères de leur vie». L’enquête s’est faite auprès de 6597 personnes qui ont répondu sur Internet: 17% de femmes trans’, 9% d’hommes trans’, 4% d’hommes travestis, 4% de femmes travesties, 16% de personnes transgenres, 11% de personnes «gender variant» et 39% de personnes queer ou autres. Pour prendre en compte de la meilleure façon la communauté trans’ dans toute sa diversité, l’agence a veillé à dépasser la binarité de genres homme/femme afin de reconnaître un spectre bien plus large d’identités et donc d’expériences: «Alors que davantage de personnes trans’ refusent de s’identifier comme hommes ou femmes, les résultats de l’enquête montrent bien que les discussions autour du genre, qu’elles soient d’ordre général dans la société, ou plus spécifiques sur des mesures juridiques doivent bouger au-delà de ces cases.»

VIOLENCES ET DISCRIMINATION
Au cours des douze derniers mois, 54% des personnes interrogées affirment faire avoir fait l’objet de discrimination ou de harcèlement, au motif de leur identité de genre. Cette moyenne s’appuie sur les différents chiffres obtenus pays par pays: le Royaume-Uni arrive en tête avec 65% des personnes trans’ britanniques interrogées, tandis que la Belgique et la France comptent respectivement 54% et 52%. L’enquête montre aussi que 34% des répondant.e.s, soit une personnes trans’ sur trois, sont victimes de violence, ou ont été menacé.e.s de violence au cours des cinq années précédant l’enquête, et 15% d’entre eux/elles au cours des 12 derniers mois.

L’enquête a aussi pris en compte différents domaines de la vie courante: 37% des personnes interrogées affirment avoir fait l’objet de discrimination sur leur lieu de travail, ou pendant leur recherche d’emploi, et 27% ont rapporté avoir été victimes de discrimination au travail. Un quart des répondant.e.s ayant été à l’école ou à l’université, ou bien ayant un ou des enfants scolarisé.e.s se sont senti.e.s personnellement discriminé.e.s par le personnel de l’école au cours des 12 derniers mois. Questionné.e.s sur la possibilité de parler de son identité de genre lorsqu’ils/elles étaient scolarisé.e.s avant 18 ans, seulement 8% des répondant.e.s affirment en avoir eu l’occasion, contre 78% qui n’ont jamais pu aborder cet aspect de leur vie, et 13% qui ont pu rarement le faire.

Concernant l’accès aux soins et aux services sociaux, une personne sur cinq affirme avoir été discriminée au motif de son identité de genre. Les principaux comportements discriminants auxquels les personnes font face sont une curiosité inappropriée (en moyenne 21% des cas), les besoins spécifiques ignorés (en moyenne 17% des cas), et des pressions pour ou une obligation de subir un test psychologique (en moyenne 15% des cas). Seul 15% des répondant.e.s ont rapporté le dernier incident dont ils/elles ont été victimes. En majorité, les personnes affirment qu’elles sont convaincues que signaler un incident transphobe ne changera rien. D’autres craignent aussi de révéler leur identité de genre et/ou leur orientation sexuelle. Enfin, 30% ignorent où et comment signaler un incident.

SENTIMENTS ET OPINIONS
Les répondant.e.s étaient aussi questionné.e.s sur leur bien-être psychologique, ainsi que sur leur sentiment ou non de pouvoir vivre ouvertement leur identité de genre, et d’être respecté.e.s par leur entourage: seulement 36% des personnes affirment pouvoir être elles-mêmes dans leurs sphères privées. Concernant leur environnement professionnel, elles ne sont plus que 23%, et sont 37% dans le cadre de l’accès aux soins. Les personnes interrogées ont pu aussi exprimer leur opinion sur les solutions à apporter pour améliorer le vécu des personnes trans': en tête, la promotion des droits des trans’ par les autorités nationales (94% de personnes d’accord), des mesures appliquées à l’école pour respecter les personnes trans’ (93%), le soutien exprimé publiquement de la part de personnalités publiques du monde politique, du sport, etc.(92%), et une meilleure acceptation de la part des leaders religieux (92%).

En conclusion, l’enquête dénonce une «réalité alarmante» pour l’ensemble des personnes trans’ dans l’Union européenne. Elle souligne l’existence de certains groupes plus vulnérables, à savoir les jeunes, mais aussi les personnes trans’ qui n’ont pas de travail rémunéré (ce qui concerne par ailleurs beaucoup de jeunes), et ceux et celles qui viennent des classes les plus pauvres: «Ils et elles sont plus susceptibles de rapporter des expériences de discriminations, de harcèlement et de violences. Un tiers des personnes interrogées évitent d’exprimer leur genre (ou le genre désiré) à travers leur apparence physique et leur tenue vestimentaire de peur d’être attaquée, menacée ou harcelée.»
La page d'origine de l'article sur Yagg contient des liens vers le texte complet de l'enquête.
Mon beau-frère Silvius tient le Biplan, un blog sur la bisexualité (actualités, militantisme, réflexions de fond). Passez donc voir, si le coeur vous en dit :
https://lebiplan.wordpress.com/

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Les Yeux Noirs
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Re: Première enquête européenne sur le vécu des trans'

Message par Les Yeux Noirs » il y a 9 ans

Le terme "réalité alarmante" est approprié. Je ne suis pas surprise par les résultats de cette enquête (pas par vécu mais au vu de ce que j'ai pu lire sur le sujet) mais je les trouve vraiment inquiétants. Il y a encore beaucoup de travail pour que tous les citoyen.ne.s de notre beau pays et de ceux alentours soient vraiment égaux :(

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Re: Première enquête européenne sur le vécu des trans'

Message par FTQ » il y a 9 ans

Cette enquête est intéressante et très probablement représentative de ce que vivent beaucoup de personnes qui ne se reconnaissent pas dans le genre lié à leurs sexes biologiques. Je souhaite apporter à ce sujet mon vécu personnel par rapport à ma transition en cours depuis maintenant huit mois, ce qui peut sembler peu mais me paraît énorme au vu de comment je suis perçue par la plupart des personnes aujourd'hui. Ce que je vais ecrire vient contrecarrer un peu, voire beaucoup les conclusions de cette enquête. Je suis peut-être très chanceuse ou alors très bien entourée, probablement les deux à la fois... J'ai d'abord envie d'écrire qu'il y a des associations qui font un travail formidable et qui détiennent les clés d'une transition réussie. Après, la manière dont les proches ou les inconnus nous acceptent (ou pas) et nous perçoivent, c'est un autre sujet qui est quand même lié aux conseils reçus pour transiter et comment se vestir en public dans le genre désiré.
Bien avant de commencer mon THS (Traitement Hormonal de Substitution), il m'est arrivé quelques fois d'être appelée madame, terme immédiatement rectifié. C'était, à mes yeux, un bon présage vis-à-vis de ma démarche. J'ai toujours acheté mes fringues ouvertement sans me préoccuper du regard des autres, je pense que je devais parfois être "hors contexte". Et puis, un jour alors que je n'avais jamais franchi réellement en public la barrière vestimentaire et que, par conséquent, j'étais habillée "neutre", ce fut madame d'un bout à l'autre. C'était pour moi la fin du questionnement par rapport a ma crédibilité féminine vis-à-vis des autres. Je n'ai jamais cherché à m'imposer en femme. J'ai patiemment attendu d'être nommée au féminin. Le temps m'a paru long et je commençais à désespérer de l'être quand ça m'est arrivé. Aujourd'hui, pas plus qu'hier, je ne contredis jamais la manière dont une personne me nomme même si je sais que je vais devoir décliner mon état civil par la suite. Et je suis nommée quasi deux fois sur trois madame, le reste du temps (huit fois sur dix) on me nomme monsieur ou on me nomme pas. C'est limite comique quand certaines personnes me matent des pieds à la tête sans pouvoir déterminer s'ils ont affaire à un homme ou une femme.
Évidemment, faire une transition dans de bonnes conditions n'est possible qu'avec un travail sûr, un bon entourage, de bons conseils, du temps et un bon moral pour ne pas vouloir aller plus vite que les transformations liées a une transition. Je le sais que trop bien.
« J'aime la vie [...] Elle surpasse ses promesses comme une maîtresse follement amoureuse et qui ne craint plus de trop prouver son amour. Je sens sur mes joues ses longues caresses [...] J'ai [...] faim de tous les plats du monde... » Mireille Havet

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