Le sida en Russie ? La faute à [...] l'Occident (Libé)

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Chaynal
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Le sida en Russie ? La faute à [...] l'Occident (Libé)

Message par Chaynal » il y a 7 ans

La Russie continue de boire le calice jusqu'à la lie...
Après l'homophobie complaisante de l'état - rappelez vous qu'en Russie il est interdit d'aborder publiquement un sujet en lien avec les personnes homosexuelles sans être accusé de propagande de l'homosexualité - c'est sur le plan de la lutte contre le sida que les russes doivent subir les divagations hors-sol des conservateurs.
Comme quoi la propagande stalinienne n'est pas morte : elle a simplement changé de maître.
Le sida en Russie ? La faute à la capote, aux sex-toys et à l'Occident
Par Veronika Dorman, correspondante à Moscou

En janvier 2016, la Russie comptait un million de séropositifs, une «catastrophe nationale», selon le directeur du Centre fédéral de lutte contre le sida, Vadim Pokrovski. Pour vérifier le bien-fondé de ces données alarmistes, la Douma de Moscou a commissionné l’Institut de recherche stratégique de Russie (RISI), dont la mission officielle est de s’occuper des «questions de sécurité nationale» et de «lutter contre la falsification de l’histoire». Les «experts», parmi lesquels ne figure aucun spécialiste du sida, ni chercheur ni médecin, ont présenté lundi leur rapport aux élus sur les causes de l’épidémie et proposé des solutions pour la combattre, relate le quotidien Kommersant.

Pour la directrice adjointe de l’Institut, Tatiana Gouzenkova, une historienne qui se distingue surtout par ses considérations sur la «fin de l’Union européenne» et ses critiques de la politique ukrainienne, il existe deux modèles concurrents pour lutter contre le sida. Selon elle, le «problème du VIH/sida est instrumentalisé dans le cadre d’une guerre de l’information menée contre la Russie» par un Occident qui cherche à imposer son modèle, fondé sur «un contenu idéologique néolibéral, insensible aux spécificités nationales et à l’absolutisation des droits des groupes à risque, les toxicomanes et les LGBT», alors que Moscou propose des solutions qui «prennent en compte les particularités culturelles, historiques et psychologiques de la population russe, en se fondant sur une idéologie conservatrice et des valeurs traditionnelles». Plus explicitement : le rempart le plus sûr contre le sida, dans l’absolu, c’est le couple monogame, hétérosexuel, et fidèle.

Perversion et dépravation

En revanche, l’un des principaux coupables, c’est le préservatif, qui, lui, sert à propager le virus. Non seulement les fabricants de contraceptifs qui ont besoin de vendre leurs produits incitent les mineurs à multiplier les relations sexuelles le plus tôt possible, mais en plus «cinq contacts avec protection, à l’adolescence, sont équivalents à un contact non-protégé», a expliqué l’un des coauteurs du rapport, le sociologue Igor Beloborodov, qui dirige le département des questions démographiques, migratoires et ethno-religieuses du RISI.

En outre, le porno reste trop accessible, et les fabricants de sex-toys sont des «lobbyistes dont l’objectif immédiat est de pervertir la population». Pour ce qui est de l’éducation sexuelle à l’école, elle est imposée à la Russie par un Occident (lui-même dépravé), dans le but de «contenir démographiquement un concurrent géopolitique», conclut l’«expert».

20% ont accès à la trithérapie

En attendant, la moitié des séropositifs d’Europe vivent en Russie, dont 1,5-2% de la population adulte est contaminée, rappelle Dimitri Trochtchanski, médecin infectionniste, qui a traité les premiers cas de VIH en Russie à la fin des années 1980. Et si aucune mesure drastique n’est prise rapidement, d’ici 2020, 6 millions de personnes seront porteuses du virus. L’un des moyens de contenir l’épidémie serait d’assurer un accès maximal aux traitements. «Aujourd’hui, seulement 20% des séropositifs peuvent se payer les médicaments qui restent beaucoup trop chers, même si l’apparition des génériques à légèrement amélioré la situation. Mais la priorité de l’État est clairement ailleurs», regrette le médecin.

«Il faut être réaliste, on ne va pas régler le problème à coup de valeurs traditionnelles», tranche-t-il. Ce document obscurantiste, «qui n’a rien à voir avec une analyse réaliste de la situation et dont l’objectif évident est de justifier les financements de l’Institut et promouvoir les intérêts politiques de ses directeurs», est dangereux, car il «risque d’être utilisé comme base pour des décisions ultérieures des législateurs». C’est d’ailleurs ce qu’a déjà promis la députée Loudmila Stebenkova, connue pour son opposition farouche aux programmes de réduction des risques sanitaires fédéraux, incluant la distribution de seringues et de préservatifs, en concluant que «ce n’est pas tant le sida qu’il faut combattre, que la drogue et le dévergondage».
Veronika Dorman correspondante à Moscou
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"N’oublions jamais que le droit au rêve ne prend toute sa valeur qu’accompagné du droit à la lucidité." - Georges Charpak

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