Un
point datant du 2 février sur le blog du Monde "Veilleur de jour".
Quelques développements récents :
Interviewé sur BFMTV mercredi 3 février,
Luc Chatel affirme (article avec vidéo sur gayclic) que Le Baiser de la Lune "n'a pas vocation à être diffusé en primaire" car "la lutte contre l'homophobie y est prématurée". Même son de cloche dimanche 7 sur France 5 où le Ministre affirme qu' "en primaire, on parle de l'anatomie, de la reproduction (...). mais pas d'homosexualité" (propos cités par l'
l'article dans le Monde du 8 ; voyez aussi la
brève dans Libération le 4).
La veille, une
pétition de soutien aux initiatives de lutte contre l'homophobie en milieu scolaire a été lancée sur le site mesopinions.org.
Mardi 9, une émission diffusée sur Paris Première, "Cactus", a évoqué le sujet et donné lieu à des propos homophobes de la part de Philippe Lellouche et Robert Ménard, le sujet ayant été lancé sur le plateau par... Christine Boutin (
article sur gayclic).
Mardi 9 également, Nadine Morano a affirmé son soutien à... la décision de Luc Chatel, alors que cette décision avait provoqué, par ailleurs, des réactions favorables au projet de la part de plusieurs associations et du Planning familial. SOS Homophobie, de son côté, a invité le Ministre à reprendre le dialogue :
«Ce n'est pas au collège que les préjugés homophobes naissent chez les élèves, car l'association a encore reçu, ces derniers mois, des témoignages de parents qui s'inquiétaient pour leurs enfants, objets d'insultes homophobes de la part de leurs camarades à l'école primaire», écrit l'association dans un communiqué.
«Taxer le film de prosélytisme est non seulement absurde (ou alors tous les contes mettant en scène une histoire d'amour entre un homme et une femme font également oeuvre de prosélytisme…), mais entretient également un amalgame qu'on pourrait espérer aujourd'hui caduque, qui veut que l'orientation sexuelle relève d'un choix personnel» ajoute l'association.
SOS homophobie «ne comprend pas pourquoi une telle sanction est maintenue: le problème n'est pas le film Le Baiser de lune, puisque son tournage n'est pas terminé, mais le principe même d'aborder une histoire d'amour entre deux personnes du même sexe», écrit SOS homophobie.
(Propos rapportés par l'
article sur Tetu)
J'aime assez les propos de Luc Chatel dans l'émission sur Paris Première. Il met l'accent sur le "caractère privé" du projet, qui n'est "pas une initiative du Ministère", n'est "pas financé par le Ministère" (aucune allusion au retrait du financement et du logo, donc). Et sans dire ouvertement qu'il est opposé au projet, il explique que le dessin animé ne doit pas être diffusé en primaire, mais au collège et au lycée, oui. Ce qui revient à ôter tout son sens au projet, puisqu'on imagine mal projeter un dessin animé conçu spécialement pour des classes de CM1-CM2 devant des collégiens...
Remarquez que sous cette affirmation qu'évoquer l'homosexualité en primaire c'est "trop tôt", se trouve en fait un présupposé, à savoir qu'il ne faudrait commencer à évoquer les relations homosexuelles qu'au moment où la puberté commence, donc au moment où les jeunes commencent à avoir une sexualité. Cela revient donc à associer "homosexualité" et sexualité, en occultant complètement, une fois encore, toute la part des
sentiments. Or on n'a jamais empêché de jeunes enfants, bien avant le début de leur sexualité, de regarder des histoires d'amour hétérosexuelles qui n'évoquent évidemment que l'aspect sentimental d'une relation. Je ne vois pas ce qui empêche de faire de même avec des histoires d'amour entre des personnes du même sexe.
Il est vrai que cela risquerait de nuire à la sacro-sainte équation amour = couple = visée reproductrice = croître et se multiplier...