je suis pudique pour dévoiler mes sentiments. j'apprends à me sentir moins maladroite pour ce faire.
Sans doute parce que j'ai grandi avec un état d'esprit "mec" pour dire mes sentiments, et qu'il y a une forme d'entièreté dans ma personnalité aujourd'hui qui s'expliquerait par le fait que j'ai perdu trop temps dans ma vie à louper des relations magnifiques ou à les arrêter pour des raisons qui vous pourrissent la vie (bisexualité non assumée, peur du regard de l'autre, du jugement du père, de la mère...). j'apprends depuis quelques années à me dire à l'autre en prenant en compte ses nuances, et en rabaissant le caquet à cette entièreté qui n'est pas si bénéfique que cela dans des relations.
Physiquement, c'est différent. Ayant grandi au bord de la mer, la tenue estivale régulière a longtemps été le maillot de bain, les tongs, le T-shirt et le short par dessus le maillot, et la serviette sur l'épaule. mes pantoufles sont des tongs, tout au long de l'année, et ce depuis des années. je pense que de cette enfance passée au bord de la mer, j'ai gardé une appréhension "naturelle" de mon corps entier, tout en n'aimant pas le dévoiler à n'importe qui parce que n'ayant pas conscience de son "pouvoir" réel
-tu vois ce que je veux dire ?-. Parce que longtemps je ne croyais pas l'autre qui me disait "tu es jolie" (chez moi, on ne me le disait jamais ou très rarement, j'étais une petite fille garçon manqué, je me "cachais" en garçon manqué ; et puis, j'ai grandi dans le non-dit, dans le "on ne chiale pas ici"). J'ai très tôt pris soin de mon corps, mais j'ai gardé son esthétisme pour moi. Pudeur et discrétion.
C'est à 19 ans que j'ai vu, et accepté que j'étais une sportive "bien taillée", avec de jolies formes. Grâce à un legging noir qui moulait bien mes jolies gambettes et le reste. Quand tu ne crois personne, et que tout d'un coup tu te vois dans un miroir de haut en bas, un week-end au ski (c'est à dire en dehors du contexte quotidien devant la glace de la salle de bain), et que tu fais "purée, c'est moi ça ?", c'est comme si tu te réveillais d'un loooooong trèèèès loooonng sommeil. Dans les mois qui ont suivi, j'ai vécu ma première fois
.
C'est curieux, mais du jour où j'ai fait cette "découverte", j'ai été plus socialement ouverte (fac, études, nouvelles rencontres, nouvelles expériences...) et les détails de mon corps m'importaient moins que l'autre en lui-même. Bon, m'exhiber non épilée, c'est tout simplement difficilement concevable pour moi, certes ; mais j'ai commencé à cette période à accepter plus de simplicité dans le soin que je m'accordais (pas le temps d'épiler ? Tanpis, pas le temps, on le fera plus tard, et on ne va pas me désaimer pour ça). c'était le début de la "thérapie" vis à vis de mon père, une forme de libération du "sois belle et tais-toi". Et ouiii !
Reste que me dévoiler dépend du contexte. En vestiaire avec des inconnus (club de gym par exemple), je reste pudique (suis pas du genre à aller à la douche les fesses à l'air dans un tel contexte). En comité restreint avec des potes, j'aime de plus en plus me montrer, tout en restant dans les limites du raisonnable, dans le jeu du faux strip-tease (poitrine couverte ou à peine dévoilée
). depuis quelques années, j'aime crier soudainement "A poil" bien fort dans le brouhaha ou en plein silence. ca me fait marrer ; mais cela reste dans des contextes de soirées avec des amis proches ou qui me connaissent très bien, pour délirer.
Dans l'intimité, j'y vais doucement mais sûrement.
Je suis plus à l'aise en tête à tête...
Pour ce qui est de l'intimité avec un/une partenaire "en public" : difficile à dire pour une partenaire, mais j'apprécie la discrétion, les petits gestes d'affection sans être dans le baiser au milieu de la foule ; ces gestes infimes mais qui font du bien (tenir la main, caresser l'épaule, un baiser discret dans le cou, un baiser volé). Je ne suis pas du tout du genre à me bécoter sur les bancs publics... mais je peux regarder deux amoureux le faire si c'est léger et beau à voir
. Hier soir, par exemple, je tournais en ville dans une rue à gauche en voiture, et sur le trottoir dans le virage, j'ai aperçu deux femmes qui s'embrassaient par les bras, et qui se sont fait un petit bisou... ça, je trouve que c'est beau et discret (je n'ai pas loupé le virage
). Concrètement, un soir de repas de Noël en famille, un oncle et une tante se sont embrassés j'ai envie de dire fougueusement dans la salle où nous étions, eux, une cousine et moi. j'ai trouvé ça vulgaire. Très. Totalement impudique. Pas beau à voir. je regarde et j'apprécie si une limite pudique est "respectée" à mes yeux. Un côté un peu voyeuse ? Sans doute. Voyeuse de ce qui est beau et belle.
J'avoue que des séances photo et une expérience de naturisme (aussi courte a-t-elle été) il y a 5 ans m'ont permis de me libérer encore plus du "regard extérieur". Je pense que la pudeur, c'est vraiment personnel. Je me sens pudique, même si d'autre me dirait pas du tout pudique. Curieux, n'est-ce pas ? Je crois que lorsque tu respectes la pudeur de l'autre, et que l'on respecte la tienne, une relation peut être belle.