ma bisexualité me gâche ma vie

[ezra69330]

Bonjour à toutes et tous,
Je fais ce témoignage afin que peut être certaines personnes se reconnaissent dans mon histoire, et ce dans le but d'échanger. Je sais que la solution n'existe pas mais au moins je serais moins seul et avoir le point de vue d'autres personnes peut être enrichissant.
J'ai 46 ans, 4 enfants, et divorcé depuis 7 ans de ma première épouse et mère de mes enfants. Je vis une autre histoire avec ma compagne actuelle qui est en train de finir.
J'ai depuis l'âge de 18 - 20 ans toujours été attiré par le sexe entre hommes, et avec le recul, cela m'a pourri la vie. En effet, j'idéalise ma vie avec une famille, mes enfants, ma compagne et la vie qui va avec.
Ma bisexualité a toujours été là , présente, non assumée, et pratiqué lors de mon premier mariage.
J'ai été fidèle lors de ma deuxième relation, même si cette attirance pour les hommes est toujours très présente.
Ma compagne connais mon passé, connais mon attirance pour les hommes et au fil du temps, cette situation pèse aussi bien pour elle que pour moi. D'autres raisons viennent également s'ajouter pour arriver à notre séparation. C'est très dur car il y a toujours de l'amour entre nous.
Une des phrases qu'elle m'a dit est que je pourrais dorénavant assumer ma sexualité comme je l'entends, ce qui je l'avoue a été un peu comme une libération.
Je suis arrivé au point de me dire que malgré mon souhait d'avoir une famille des plus normale, le fait d'être attiré par les hommes m'empêcherai toute vie de famille. Je ne souhaite pas annoncer ma bisexualité à mes proches.
Je suis dans un moment de ma vie ou je me demande quel sera le futur : une vie de célibataire ponctué de sexualité homo ? Peut être ? Il est vrai que je suis plus attiré par le sexe entre hommes. Dois je faire une croix sur une vie de famille "classique" ? Peut être ... je ne me vois pas hétérosexuel ( ces 7 dernières années sans relation homo m'ont souvent pesé ). Ou encore vais je plus loin en me disant que je suis homo ?
J'ai vécu lors de mon enfance des attouchements à répétition d'un prof de musique. Cela a vraisemblablement joué sur mon orientation future... ou pas ... je ne sais pas. EN tout cas je ne me sens pas traumatisé par ces faits qui ont eu lieu quand j'avais une dizaine d'année. Je me dis juste que cela n'est évidemment pas normal mais rien de plus.
Bref, j'aimerai bien connaitre l'avenir mais je me dis que je suis coincé entre mon idéal de vie de famille et la réalité.

[Bixy]

Bonjour et bienvenue.
Je ne comprends pas ton "idéal de vie de famille" qui présuppose une hétérosexualité. Crois tu vraiment que les personnes bi ou gays n'ont pas de vie de famille ? Ou alors tu confonds avec l'exclusivité au sein d'un couple, qui n'empêche en rien la vie de famille... ni la vie en couple d'ailleurs.
Il va te falloir sortir de ce genre de principes pour avancer.

[Noctis]

Salut et bienvenue ! J'ai 45 ans. Je suis marié depuis 15 ans et en couple depuis 20 ans. Nous avons 2 enfants préadolescents. J'ai accepté ma bisexualité il y a bientôt 3 ans et demi. Nous vivons à présent en couple ouvert, même plus, nous avons une vision polyamoureuse des relations que nous pouvons avoir en dehors de notre couple. C'est-à-dire que nous nous autorisons de ses sentiments amoureux.

Mes enfants, ainsi que mes amis les plus proches connaissent notre situation. Je peux aujourd'hui affirmer que ma bisexualité a rendu ma vie plus heureuse, car je peux être moi-même à 100% avec les personnes qui me sont chères. Notre sexualité a eu un boost et notre complicité s'en est sortie grandie.

Cela ne s'est pas fait du jour au lendemain. Il y a eu beaucoup d'efforts, des discussions, des remises en question, des compromis pour arriver où j'en suis maintenant. Pour le vivre au quotidien, il faut aussi beaucoup d'organisation et faire des choix.

Te concernant, il y a certainement beaucoup de choses à "régler", peut-être cet épisode traumatisant de ta vie avec un thérapeute qui te permettra de comprendre ce que tu vis, mettre en avant ce que tu souhaites.

Est-ce que tu es attiré uniquement par la sexualité avec un homme ou également par le côté relationnel ?

[Jeanne]

Bonjour
J'ai découvert la bisexualité de mon mari il y a un an. Nous avons entamé une thérapie de couple, peut il vivre sans de rencontre homo ? Est ce que je peux accepter ces rencontres homo ? C'est pas facile, j'ai eu des doutes, remettre en question son couple hétéro exclusif. Mais on a réussi à trouver une harmonie et je regrette rien. Bien sûr on s'aime, il y a une grande complicité entre nous et on aime partager. Je dirais que le plus difficile a été de parler sans tabous, on avait peur de blesser l'autre. Il voit régulièrement Y et il fait parti de sa vie. On peut être bi et avoir une vie de couple harmonieuse, c'est possible. Mon mari aime toujours me faire l'amour et je dirais même que ça a boosté notre sexualité. Franchement je ne regrette rien. Je pense qu'il a souffert de sa bisexualité à une période. Là il est épanoui depuis qu'on a mis cartes sur table. notre thérapeute a été d'une aide très précieuse. Je pense qu'il faut pas hésiter à se faire aider. Elle m'a permis de comprendre beaucoup de choses.

[ezra69330]

Salut et bienvenue ! J'ai 45 ans. Je suis marié depuis 15 ans et en couple depuis 20 ans. Nous avons 2 enfants préadolescents. J'ai accepté ma bisexualité il y a bientôt 3 ans et demi. Nous vivons à présent en couple ouvert, même plus, nous avons une vision polyamoureuse des relations que nous pouvons avoir en dehors de notre couple. C'est-à-dire que nous nous autorisons de ses sentiments amoureux.

Mes enfants, ainsi que mes amis les plus proches connaissent notre situation. Je peux aujourd'hui affirmer que ma bisexualité a rendu ma vie plus heureuse, car je peux être moi-même à 100% avec les personnes qui me sont chères. Notre sexualité a eu un boost et notre complicité s'en est sortie grandie.

Cela ne s'est pas fait du jour au lendemain. Il y a eu beaucoup d'efforts, des discussions, des remises en question, des compromis pour arriver où j'en suis maintenant. Pour le vivre au quotidien, il faut aussi beaucoup d'organisation et faire des choix.

Te concernant, il y a certainement beaucoup de choses à "régler", peut-être cet épisode traumatisant de ta vie avec un thérapeute qui te permettra de comprendre ce que tu vis, mettre en avant ce que tu souhaites.

Est-ce que tu es attiré uniquement par la sexualité avec un homme ou également par le côté relationnel ?

Je me suis souvent posé la question, et je pense que le côté relationnel peut m'attirer de la façon. Je fais un blocage sur le fait qu'être en couple avec un homme est contraire à mes idées, gênant surtout vis a vis de mes proches ( même s'il est vrai que je suis complètement idiot, voir même homophobe ou biphobe de penser cela ). Pourtant je ne juge pas les couples homos de cette manière dans ma vie de touts les jours. Bref, j'ai du chemin encore à faire

[Yukka]

Bonjour Ezra,

Je fais un blocage sur le fait qu'être en couple avec un homme est contraire à mes idées, gênant surtout vis a vis de mes proches ( même s'il est vrai que je suis complètement idiot, voir même homophobe ou biphobe de penser cela ). Pourtant je ne juge pas les couples homos de cette manière dans ma vie de touts les jours.

Ça n'est pas du tout "complètement idiot" d'avoir ces blocages ou ces pensées. C'est juste le résultat logique et fort compréhensible du conditionnement socio-culturel, scolaire, souvent familial, et parfois religieux aussi, dans lequel nous avons baigné pendant des années.

Et c'est mon cas aussi. J'ai pendant des années fait un blocage complet sur l'idée d'être en couple avec une femme, je n'arrivais même pas à me projeter dans ce scénario.

Certes c'est une forme d'homophobie ou de biphobie: celle que l'on qualifie d'intériorisée, parce qu'elle nous concerne nous personnellement. Alors même qu'en parallèle, il est tout-à-fait possible d'être très LGBT-friendly vis-à-vis des autres personnes.

j'ai du chemin encore à faire.

Nous sommes nombreux.ses à avoir du chemin à faire, certain.e.s plus que d'autres, et pour certain.e.s c'est plus long que pour d'autres.
Et ce n'est pas seulement nous-mêmes qui devons remettre en question nos pensées, mais aussi notre entourage, pour qui ça peut paraître d'autant plus dérangeant qu'ils et elles se sont pas concernés directement dans leur identité personnelle, mais tout de même plus ou moins impacté.e.s par les conséquences.

Le fait d'être attiré par les hommes m'empêcherait toute vie de famille. Je ne souhaite pas annoncer ma bisexualité à mes proches.

Alors, pour commencer le cheminement, je crois qu'il faut déjà commencer par démêler l'amalgame. Il y a plein de notions différentes ici et je pense qu'il est salutaire de faire le tri.

1/ Ta vie de famille: c'est ce que tu choisis de construire, en termes de cocon ou noyau familial, et de parentalité.

La famille monoparentale, ou la coparentalité, tout comme la famille dite "homoparentale" [qu'est-ce que je déteste ce mot, pardon pour la digression...] sont certes moins traditionnelles, moins communes et moins visibles que la classique famille hétéro maman-papa-enfants, mais pas moins valables.

Il y a de plus en plus de témoignages de familles dites "nouvelles" ou "alternatives" qui prouvent qu'on peut sortir du schéma traditionnel et construire une famille tout-à-fait équilibrée dans laquelle les enfants (et les parents) sont heureux et épanouis.

Donc non, ton attirance ne va pas t'empêcher de construire une vie de famille. La question c'est plutôt de définir quel schéma de famille (parmi les différents possibles) te conviendra, et avec qui tu souhaites le construire.
[EDIT] Je viens de réaliser en relisant ton message initial que tu as déjà des enfants, du coup mon propos devient plutôt général et moins applicable dans ton cas. Et l'aspect coming-out devient aussi plus sensible. Il n'en reste pas moins que certains hommes qui se sont mis en couple avec un homme, même tardivement dans leur vie, gardent de très bonnes relations avec leurs enfants voire leur ex-compagne. Ça n'est donc pas une fatalité.]

2/ Il y a tes attirances. Qu'elles restent au stade de fantasme dans ton esprit ou que tu
les concrétises dans la vie réelle, tes attirances sont quelque chose de très personnel, qui influencent (ou pas forcément, d'ailleurs), ta vie sexuelle.

Or ta sexualité n'est pas ta vie de famille. (Même si beaucoup de personnes choisissent de partager vie familiale et vie sexuelle avec la même personne).

Ici, le sujet c'est plutôt de déterminer ce que tu souhaites vivre ou explorer, comment et avec qui. ("Qui" pouvant être plusieurs personnes différentes, de plusieurs genres différents, en même temps ou à différents moments de ta vie).

Et, ici aussi, il y a quand même beaucoup de marge pour s'écarter du traditionnel schéma mono-relationnel sexuellement exclusif.

3/ Enfin, tu parles d'annoncer ta bisexualité à tes proches.

Rien ne t'oblige à l'annoncer à qui que ce soit, a fortiori tes proches. Cela relève de ta vie intime, et c'est à toi de voir si, et avec qui, tu veux partager cette information.

Évidemment si tu vis en couple, ça peut être approprié et utile d'en parler à ton.ta partenaire. Mais les parents, ou les enfants, ou le reste de la famille, ça ne les concerne pas forcément.

Après, ça reste une question de contexte et de timing. Si tu as une aventure d'un soir avec un homme, c'est pas la même chose que si tu te mets en couple. Dans le deuxième cas, tu auras peut-être envie de lui faire rencontrer ta famille (ou toi la sienne) et donc la question du coming-out va vraisemblablement se poser à un moment ou à un autre. Encore qu'il est possible de juste dire "je suis en relation avec XYZ" sans nécessairement dire "je suis bi".

Bref. Ça fait quand même beaucoup d'aspects différents, qui méritent chacun réflexion. J'espère que ceci t'apportera un peu d'inspiration pour sortir de l'impasse dans laquelle tu sembles te trouver actuellement.

[Joebuck]

Bonjour Ezra,
Il semble que tu sais déjà où tu te situes :
Pas hétéro, car trop contraignant. Pas homo car trop loin de ton cadre de référence. Or ton cadre de référence peut considérablement s'élargir avec le temps, si tu arrives à faire la paix avec toi-même et tes envies.

La phase de célibat dans laquelle tu entres est une super occasion de refaire le point, seul ou avec l'aide d'un.e thérapeute. Je te garantis - et je ne serais pas le seul ici- que l'accompagnement d'un.e psy peut te faire gagner des années, voire des décennies.
Je ne dis pas que c'est ton cas, mais il y a des personnes qui, habituées au couple de longue durée, ont du mal avec la monogamie. elles se remettent en couple à la première occasion venue, ne prenant pas le temps d'analyser ce dont elles ont vraiment envie, besoin, en fonction de qui elles sont aujourd'hui par raport à il y a 5 ou 10 ans. On change tout le temps. En couple ou célib.

A ce jour, pas à l'aise en tant qu'hétéro et pas envie d'être homo. Soit. Ca te laisse quand même de la marge.
Il y a le modèle Noctis par exemple, dont l'intéressé t'a parlé plus haut et qui fonctionne pour lui et sa femme : un couple stable et une certaine liberté en parallèle.
Il y a aussi le modèle Joebuck, qui consiste à fréquenter des hommes et/ou des femmes, avoir de l'intimité avec elles et eux sans forcément s'engager dans une relation monogame et exclusive avec personne. Je suis hyper transparent avec tout le monde sur mes envies, l'absence de label sur ma sexualité et mon désir féroce d'indépendance. Généralement dès lors que les choses sont posées avec intelligence dès le début ça se passe bien. Evidemment si un.e partenaire potentiel.le n'est pas à l'aise avec, on ne va pas plus loin. Bien sûr, j'en arrive à cette attitude àla fois décomplexée et (jespère) respectueuse parce que j'ai déjà répondu à quelques une des questions que tu te poses - avec l'aide d'un psy héhéhé. Pour autant, ma position actuelle est immuable.

Quant à la question d'éventuellement être en couple avec un homme, elle se posera bien toute seule si jamais tu rencontres un mec pour qui tu as du désir ET des sentiments. Entre temps, pourquoi forcément focaliser sur le long terme, le statut amoureux, une orientation fixe ?
En plus, tu ne dois rien à personne. A ton âge, tu n'as pas à annoncer à la cantonnade avec qui tu couches, sors ou échanges des mots d'amour. Imagine un coming out gay parce que tu as rencontré Pascal qui est formidable, puis un coming-in trois ans plus tard parce qu'avec Pascal c'est fini mais tu es là, dingue de Géraldine ?

J'ai l'impression que le plus important serait de "pacifier" ton rapport aux hommes. Ca peut prendre du temps et tu en as à revendre. Ce qui est génial, c'est que rien n'est gravé dans le marbre. La sexualité est l'un des rares domaines où, réellement, "si tu veux tu peux".
Tu peux évoluer vers une bisexualité assumée au grand jour, une bisexualité assumée seulement dans la bulle d'un futur couple officiellement hétéro, une homosexualité qui s'assumera si jamais arrive Prince Charmant, ou encore mille modèles alternatifs qui existent, ou encore le modèle que TOI tu vas inventer parce qu'il te correspondra sur mesure.

Je ne peux que t'inviter à être indulgent avec toi-même dans la déconstruction de tout ce que la société t'a appris. Et t'inviter à prendre du temps pour toi. Car Pour être un bon Nous, il faut que les deux (ou plusieurs) Moi soient pleinement soi. A te lire j'ai l'impression que c'est ce qui t'a manqué ces dernières années. Donc ça pourrait être ça, précisément, le cadeau que tu te dois à toi : faire un beau nettoyage de printemps dans ton jardin secret. C'est le moment !

Au plaisir de suivre ton avancée.
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