L'escalade des pères à Nantes cache une proposition de loi

Problématiques de la famille et des enfants : éducation, homoparentalité, procréation, adoption et questions juridiques associées.
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Ascagne
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L'escalade des pères à Nantes cache une proposition de loi

Message par Ascagne » il y a 11 ans

Voyons d'abord le point de vue d'une "association de pères", dans Le Monde :
Pour l'égalité des droits entre père et mère
Le Monde.fr | 18.02.2013 à 17h40 • Mis à jour le 18.02.2013 à 17h45
Par Richard Walter, délégué SOS Papa Loiret


Nous sortons du débat houleux et difficile sur le mariage pour tous, qui a été placé sous la revendication de l'égalité des droits. De nouveaux droits ont été instaurés, de nouvelles situations vont exister devant la justice.

Maintenant, lors d'une séparation ou d'un divorce, chez qui fixer la résidence de l'enfant entre chaque parent, entre deux pères, deux mères, une mère et un père ? Aujourd'hui en France l'égalité entre père et mère à propos de la résidence de l'enfant est loin d'être la règle.

L'égalité des droits doit être pour tous : un père a autant de droits qu'une mère d'élever ses enfants. La loi doit être la même pour tous. Puisque la Loi du mariage pour tous est passée, il faut maintenant prévoir le respect des droits de chacun des parents et par conséquent demander la parentalité pour tous.

RÉVISER LA LOI RELATIVE À LA RÉSIDENCE ALTERNÉE

Il faut réviser la loi relative à la résidence alternée de mars 2002 en instituant la résidence alternée par défaut, la médiation a priori et en donnant à la justice les moyens de traiter à égalité mère et père lors d'une séparation ou d'un divorce.

Maintenant, deux pères privés de leurs enfants sont montés sur des grues à Nantes ! En Amérique, en Angleterre, des mouvements aussi importants que Fathers-4-Justice ont déjà organisé de telles actions spectaculaires. Ces deux pères sont montés sur ces grues à Nantes, pour eux mais aussi :

Pour les pères marginalisés puisque, malgré la loi de 2002 prévoyant la résidence alternée, celle-ci n'est accordée que lorsque la mère est d'accord !
Pour les pères qui ne reçoivent comme tarif de base que deux week-ends par mois pour participer à l'éducation de leurs enfants !
Pour les pères qui subissent cette violence de n'être auprès de leurs enfants que pour les week-ends et les vacances !

Est-ce cela l'égalité ? De plus en plus de pères sont désespérés d'être privés de leurs enfants. Quelles solutions leur proposent la société, la justice, la loi ? Faut-il attendre d'autres actes plus désespérés pour avoir une loi véritablement égalitaire afin que les pères aient un droit égal à éduquer ses enfants ?

Il faut véritablement instaurer une égalité des droits et des devoirs pour venir chercher ses enfants à l'école ! N'attendons plus pour instaurer cette égalité pour que chaque enfant puisse avoir deux parents ! Il faut aussi qu'entre mère et père existe une égalité des droits !

Richard Walter, délégué SOS Papa Loiret
Voici maintenant la tribune du réalisateur Patric Jean, toujours dans Le Monde :
L'escalade des pères à Nantes cache une proposition de loi

Le Monde.fr | 18.02.2013 à 15h28 • Mis à jour le 18.02.2013 à 17h53
Par Patric Jean, cinéaste, et producteur du documentaire "La Domination Masculine"


Deux hommes séparés de leurs enfants par la justice ont défrayé la chronique en montant sur des grues à Nantes et, pour l'un d'eux, en restant perché tout le week-end. Cette action coup-de-poing survient à quelques jours d'une manifestation nationale prévue mercredi par une association de pères pour "dénoncer les dérives du pouvoir judiciaire" en matière de justice familiale.

Pour les besoins d'un film documentaire (La Domination masculine), j'ai moi- même longuement enquêté sur ces associations d'hommes au Québec, où le mouvement "masculiniste" très organisé est l'inspirateur d'activistes européens.

Afin de mieux les approcher, je me suis fait passer, pendant des mois, pour l'un d'entre eux. Ce qui se passe à Nantes est directement lié à ces mouvements, ainsi qu'à un récent projet de loi dont on a peu parlé.

Que sait-on des hommes qui ont escaladé les grues ? Le premier dit ne pas avoir revu son fils depuis deux ans et manifeste donc son "désespoir". Mais on sait qu'il a été condamné à un an de prison en septembre 2012, dont quatre mois ferme, pour avoir enlevé son fils. Des violences avaient été exercées à cette occasion. L'enfant avait été retrouvé en Ardèche, deux mois et demi plus tard. Cet homme s'est donc vu retirer son autorité parentale, ce qui est prévisible.

Un second père a alors escaladé une autre grue pour en redescendre quelques heures plus tard et déclarer à la presse que "malheureusement, la justice n'est pas impartiale, il suffit de prendre tous les chiffres sur les résidences et domiciliations des enfants, 80 % des domiciliations sont remises aux mamans". Or cet homme est accusé par son ex-compagne de violences conjugales et de mauvais traitement sur ses enfants.

Ce lundi matin, on peut toujours voir le premier grimpeur avec sa grande banderole bien visible, trois téléphones portables à disposition pour répondre aux journalistes, faisant le V de la victoire aux caméras de télévision.

Cette situation rappelle étrangement des actions organisées par des groupes d'hommes anglais et québécois de "Fathers for justice", il y a quelques années. Si la ressemblance est frappante, elle n'a, en fait, rien d'étrange.

POUR LE RÉTABLISSEMENT DE VALEURS PATRIARCALES

Lorsque j'ai infiltré ces mouvements à Montréal, j'ai pu entendre dans les moindres détails la stratégie que ces militants de la cause masculine désiraient mettre en place sur le plan international. Cette affaire des grues de Nantes en fait partie et n'est en rien un coup de folie d'un père isolé. C'est un long travail politique qui n'en est qu'à son début.

Mais tout d'abord, qu'est-ce que le masculinisme ? Il s'agit d'une mouvance également nommée "anti-féminisme", qui propose le rétablissement de valeurs patriarcales sans compromis : différenciation radicale des sexes et de la place de l'homme et de la femme à tous niveaux de la société, suprématie de l'homme sur la femme dans la famille, mais aussi la conduite de la cité, défense du couple hétérosexuel très durable comme seul modèle possible, éducation viriliste des garçons et donc refus de toute égalité des femmes et des hommes. Ils nient l'importance des phénomènes de la violence conjugale, de l'inceste et du viol, qui seraient des inventions des féministes, que certains d'entre eux nomment "fémi- nazis".

Ils considèrent les avancées des luttes de femmes et des homosexuels en vue de l'égalité comme une destruction du modèle social sur laquelle il faut revenir. Le divorce étant beaucoup plus souvent demandé par les femmes, ils espèrent un durcissement des conditions de son obtention. Leur lutte est donc celle de la défense du pouvoir masculin ancestral à tous niveaux de la société.

C'est au nom de ces idées rétrogrades qu'un jeune homme a massacré quatorze étudiantes de l'école polytechnique de Montréal le 6 décembre 1989, estimant qu'elles prenaient la place des hommes. Le tueur est ensuite devenu le héros des masculinistes les plus "décomplexés".

DES STRATÉGIES POUR FAIRE VALOIR LEURS IDÉES

Les masculinistes ont donc partagé confidentiellement avec moi les différentes stratégies mises en place, notamment au Québec, pour faire valoir leurs idées. Mais analysant leur échec, ils m'ont aussi décrit les conseils qu'ils prodiguaient à leurs émules français, belges, suisses, espagnols... Leur stratégie consiste à fonder leur communication sur les pères à travers deux arguments.

Le premier revient à dénoncer, parfois de façon paranoïaque, la collusion entre magistrats, médias, politiques afin d'évincer les pères de la vie de leurs enfants.

L'argument apporté par un des deux hommes de Nantes est, mot pour mot, une phrase ressassée par les Québécois depuis des années : "80 % des enfants sont confiés majoritairement aux mères par la justice." Ils oublient de dire que dans 80 % des cas, les pères souhaitent qu'il en soit ainsi. Un week-end sur deux et la moitié des vacances leur suffisent, et il n'y a donc aucun conflit sur ce point. Cela paraît normal dans une société où les femmes s'occupent encore à 80 % des tâches parentales et domestiques. Les actions médiatiques entreprises habituellement par les masculinistes visent donc à attirer l'attention des médias sur des données chiffrées tendancieuses et que la presse vérifie rarement.

Le second argument est l'invention par un masculiniste défendant la pédophilie, Richard Gardner, du "Syndrome d'aliénation parentale" ou "SAP". Outre l'aspect nauséabond de son inventeur, on ne peut que remarquer que de syndrome il n'y a guère, puisque aucune faculté de médecine ou de psychologie au monde, aucune institution n'a jamais reconnu ce concept comme valide.

Il s'agit de l'idée que lors d'un divorce, la femme (ou l'homme, mais les masculinistes s'en prennent évidemment aux femmes) aurait tendance à dénigrer l'image du père de ses enfants auprès de ceux-ci afin de les en écarter. Les pères seraient donc des centaines de milliers à être sortis de la vie de leurs enfants par la justice à cause de ce pseudo-syndrome.

Ce prétendu syndrome sert de paravent aux hommes accusés de violences conjugales ou d'agressions sexuelles sur leurs enfants. L'accusation des victimes devient une "allégation mensongère", preuve qu'elles veulent mettre en place un syndrome d'évincement des pères, pour lequel elles doivent être condamnées. Ce qui arrive de plus en plus souvent. Un blanc-seing pour homme violent ou violeur. Une arme de destruction massive pour son avocat.

Qu'il y ait des cas difficiles et malheureux ne peut être contesté. La séparation d'un couple avec enfant provoque souvent des déchirements. Mais imaginer qu'il y aurait une situation systémique d'évincement des pères par les mères dans la vie des enfants au point d'en observer un syndrome est une affabulation. Mais certains hommes, habitués à ce que l'on considère la violence conjugale comme une affaire privée et l'inceste comme un sujet à ne pas évoquer, ne décolèrent pas à l'idée qu'une femme puisse les dénoncer, voire porter plainte. Tout progrès en ce sens est vécu par eux comme une trahison.

J'ai moi-même suffisamment entendu ces hommes parler de la pédophilie pour témoigner du fait qu'elle est considérée par beaucoup de ceux-ci comme une pulsion masculine qu'il ne faut pas refréner. Un père incestueux incarcéré à la suite d'une condamnation à des années de prison est soutenu et considéré comme un héros de leur combat politique.

UNE VOLONTÉ DE CHANGER LES LOIS

Les conseils donnés par les masculinistes à leurs amis européens sont donc suivis à la lettre cette semaine à Nantes. L'escalade des grues est une copie de celle des ponts de Montréal. Même V de la victoire. Même batterie de téléphones portables pour parler à la presse. Même manifestation pré-organisée dans la semaine pour attirer l'attention des médias. Et finalement, même volonté de changer les lois.

Car il s'agit bien de cela. Un projet de loi a été déposé le 24 octobre 2012 pour rendre la résidence alternée obligatoire ce qui rendra plus difficile les demandes de séparation des femmes qui ont des enfants. Ce projet de loi propose six modifications du code civil et du code pénal et fait entrer dans la loi le syndrome d'aliénation parentale.

Ils n'en sont pas à leur coup d'essai, puisque différentes propositions de lois ont été déposées, résultant d'un imposant lobbying des associations masculinistes en France.

Le 18 mars 2009, la proposition de loi 1531 pour instaurer la résidence alternée comme solution préférentielle.
Le 3 juin 2009, la proposition de loi 1710 pour lutter contre toutes les manipulations d'enfants allant jusqu'au syndrome d'aliénation parentale (SAP) et les discrédits d'un parent par l'autre parent.
Le 18 octobre 2011, avec la proposition de loi 3834 (amélioration des deux précédentes).
Et donc, le 24 octobre 2012, la proposition de loi 309 pour rendre la résidence alternée obligatoire et la forcer au besoin au moyen du SAP.

Il est peut-être important de rappeler que, dans nos pays, lors d'une séparation, les enfants n'ont été confiés aux mères que depuis un siècle. En effet, jusqu'au début du XXe siècle, le père avait tous les droits sur ses enfants et les confiait bien souvent à une de ses proches. En France, jusqu'à la loi de 1970, il n'était question que des pères. Cette loi instaura la notion d'autorité parentale conjointe et partagée. Les "parents", égaux en droits avant séparation, vont l'être aussi après le divorce et remplacer les "père" et "mère".

Mais, si 80 % des couples séparés décident à l'amiable de la garde des enfants, souvent pris en charge la majorité du temps par les mères, on a enfin révélé qu'une femme sur cinq subit de la violence conjugale (Amnesty International), et qu'un enfant sur cinq est abusé sexuellement, majoritairement par des proches (Conseil de l'Europe).

Ainsi, les masculinistes niant ces violences et réclamant un retour vers une situation où l'homme était le pater familias développent une théorie que de nombreux députés et sénateurs (de droite surtout) ne renient pas en déposant ces propositions de lois.

Les échecs précédents n'empêcheront pas des élus d'en déposer de nouvelles lors de la prochaine discussion à l'Assemblée nationale sur la famille. On peut parier sans risque que les grimpeurs de Nantes et leurs amis feront à nouveau parler d'eux dans les mois à venir.

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Re: L'escalade des pères à Nantes cache une proposition de l

Message par Les Yeux Noirs » il y a 11 ans

La tribune de Patrick Jean me parait quelque peu extreme. 1 enfant sur 5 abusé sexuellement et 1 femme sur 5 qui subit des violences conjugales ? Ces chiffres me paraissent énormes. Quant a dire que la majorité des hommes divorcés se fichent de voir leurs gamins plus souvent que quelques jours par mois, ca me semble totalement exagéré également.

J'imagine que la situation est intermédiaire entre "la justice attribue systématiquement la garde des enfants aux meres et celles-ci refusent que leur pere les voit, ces ***" et "les hommes se moquent de voir leurs gamins, tout ca n'est qu'un complot de peres violents blessés dans leur orgueil"...

Je m'en vais chercher quelques chiffres avec sources crédibles, tiens.

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Re: L'escalade des pères à Nantes cache une proposition de l

Message par Ascagne » il y a 11 ans

Tu trouveras sûrement des choses dans la discussion sur le sous-forum Discussions libres : "Agressions verbales ou physiques : y'en a marre!".
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Re: L'escalade des pères à Nantes cache une proposition de l

Message par Steph » il y a 11 ans

Sur le fond: pour moi la résidence alternée me semble évidemment la meilleure solution, mais pour cela il faut avoir deux parents responsables et sachant mettre de côtés leurs rancoeurs (or rancoeurs il y a forcément puisqu'il y a séparation). Et bien évidemment, qu'il n'y ait eu aucune violence exercée contre le conjoint (e) et/ou les enfants. (Et comme le souligne l'article que chacun des parent soit prêt à accueillir l'enfant la moitié du temps, ce qui paraît peut-être évident pour les "jeunes" parents, mais peut-être moins pour la génération précédente.)

Sur les actions médiatisés des pères: ayant eu pour ma part un beau-père manipulateur voire pervers, j'ai senti gros comme une maison que ces deux hommes, loin d'être des révolutionnaires oeuvrant contre l'injustice étaient au mieux des fanfarons au pire des délinquants. J'ai, je le reconnais, un parti pris prononcé qui m'incite à la méfiance et j'aurais pu avoir ces a priori même si ces deux pères n'avaient rien eu à se reprocher. (Pour la petite histoire, mon ex-beau père aurait été capable de tels coups d'éclats alors qu'il a mis à la porte ses deux derniers enfants et qu'on lui a retiré l'autorité parentale-à sa demande!-sur deux de ses trois premiers à présent majeurs.Pour le dernier enfant, atteinte d'un cancer, cette demande a été refusée)


Pour ce qui est du SAP:sans parler de syndrome, il est évident que même les parents les mieux intentionnés du monde ne peuvent pas toujours retenir leurs griefs à l'encontre de l'autre parent devant l'enfant. Qui ne s'est jamais plaint de son ex juste après une rupture? Evidemment ce n'est absolument pas souhaitable, et toute maladresse devant l'enfant demande réparation. En ce qui concerne le fait de monter son enfant contre le second parent délibérément, cela existe et cela entre pour moi dans la catégorie de la manipulation perverse dont je parlais dans le paragraphe ci-dessus.

Pour les statistiques, j'ose espérer que la majorité des séparations se passent pacifiquement, sans antécédents violents, et que tout est réellement mis en place dans l'intérêt de l'enfant. Je suis peut-être une très grande naïve, mais j'ai l'impression malgré tout que c'est le cas concernant, comme je le disais précédemment, les parents de ma génération. La plupart ont la garde alternée de l'enfant (et conviennent d'ailleurs entre eux d'arrangements en dehors de cette garde alternée, par exemple tel parent amène l'enfant à l'école tel jour même en dehors de sa semaine etc...). Je crois que malheureusement, les problèmes surviennent lorsque les deux parents ne sont pas d'accord, et là effectivement je pense que la société est inégalitaire. Mais je trouve que lorsque deux parents, même séparés, ne sont pas capables de se mettre d'accord sur une décision la moins dommageable possible pour l'enfant la situation est malsaine à la base.

Pour ce qui est de la misogynie de ces associations: on est encore dans le combat parent contre parent. tant que cette configuration existe, forcément l'enfant n'est qu'un objet de pression.
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SOS Papa... ?

Message par FTQ » il y a 11 ans

Qui n'a pas entendu parler de cette association vu couverture médiatique dont ils ont bénéficié ? Qui sont-ils ? Et surtout que veulent-ils ? Un "choc des civilisations" hommes/femmes ?
Les articles ci-dessous apportent des éléments de réponses.
Bonne lecture.


Source : http://yagg.com/2013/02/19/sos-papa-mas ... -huffpost/" onclick="window.open(this.href);return false;

SOS Papa: masculiniste et lesbophobe?

19 février 2013 11:05
Publié par Yannick Barbe

Qui se cache derrière l'association SOS Papa reçue par le gouvernement suite au coup médiatique de Serge Charnay, ce père retranché sur une grue et qui a déclaré après son action: «Ce qui m'énerve le plus, c'est que la cause des papas n'est pas entendue et que les femmes qui nous gouvernent se foutent toujours de la gueule des papas et qu'il va falloir se battre beaucoup plus»?

Le HuffPost a mené l'enquête, citant notamment Patric Jean, auteur du documentaire La Domination masculine qui y voit un coup des «militants de la cause masculine», les «masculinistes». «Il s'agit d'une mouvance également nommée "anti-féminisme", explique-t-il, qui propose le rétablissement de valeurs patriarcales sans compromis: différenciation radicale des sexes et de la place de l'homme et de la femme à tous niveaux de la société, suprématie de l'homme sur la femme dans la famille, mais aussi la conduite de la cité, défense du couple hétérosexuel très durable comme seul modèle possible, éducation viriliste des garçons et donc refus de toute égalité des femmes et des hommes. Ils nient l'importance des phénomènes de la violence conjugale, de l'inceste et du viol, qui seraient des inventions des féministes, que certains d'entre eux nomment "fémi-nazis"».

À noter également que parmi les associations co-organisatrices de la «Manif pour tous» anti-égalité des droits, on retrouve… SOS Papa. ( http://www.lamanifpourtous.fr/-les-asso ... atrices-5-" onclick="window.open(this.href);return false;)

À lire sur le Huff Post.

Source: http://www.huffingtonpost.fr/2013/02/18 ... ref=France" onclick="window.open(this.href);return false;

SOS Papa, une association masculiniste qui milite contre le droit des femmes ?

Le HuffPost | Par Stanislas Kraland Publication: 18/02/2013 19:08 CET | Mis à jour: 18/02/2013 20:19 CET

- Réglé comme du papier à musique. Pour Serge Charnay, le père séparé retranché sur une grue de Nantes depuis vendredi, la mission est accomplie. Il en est descendu lundi 18 février après avoir déclaré par téléphone à l'AFP: "J'ai fait mon boulot, donc il est temps de descendre." Il a fait son boulot ou, autrement dit, il a créé le buzz et permis à Fabrice Mejias, le président de l'association SOS Papa de faire valoir la cause des pères pendant le week-end.

Mission accomplie mais pas tout à fait achevée: "Ce qui m'énerve le plus, c'est que la cause des papas n'est pas entendue et que les femmes qui nous gouvernent se foutent toujours de la gueule des papas et qu'il va falloir se battre beaucoup plus", a déclaré Serge Charnay devant les micros. Des propos "dommageables pour la cause qu'il défend", a expliqué Dominique Bertinotti, ministre chargée de la Famille. "Je déplore ces propos, je pense qu’il se déconsidère, qu'il rallume une guerre des sexes", a-t-elle indiqué.


Reçus par Matignon, mais aussi par Christiane Taubira, qui se cache derrière SOS Papa? Qui sont ces pères qui crient à l'injustice? Pas forcément ceux qu'on croit. En témoigne ce texte publié par un certain MT et qui a fait le tour des réseaux sociaux ce lundi 18 février dans l'après-midi. Publié en janvier 2013, sur un sous-site de l'association en Ile-de-France, sos-papa.net, qui se présente comme le "site officiel de référence des fondateurs du Mouvement SOS PAPA", il est signé "MT, président d'honneur de SOS Papa".

Or, sur la page d'accueil du site de cette branche de l'association, on trouve une photographe de Michel Thizon, présenté sur le site officiel du mouvement comme le "fondateur" de l'association. Intitulé "Tryste mariage gay", le texte signé MT accuse "un long processus conduit par le lobby lesbio-féministe pour obtenir les enfants qu’elles ne peuvent produire elles-mêmes entre elles."

Une association qui milite contre l'extension des droits des femmes

Contactés par Le HuffPost, l'association SOS Papa et son président Fabrice Mejias n'ont pas été disponibles pour authentifier le texte sur lequel on peut lire une dénonciation en règle du sexe comme élément fondateur du couple:

Aujourd’hui, la relation sexuelle définit même la position officielle de la maîtresse d’un président de la république alors que celle-ci est encore mariée avec un autre homme.
La première Dame de France n’est pas la femme qui partage avec le président ses enfants mais la femme qui partage avec le président son lit. Louis XIV n’en reviendrait pas.

Vers quoi tendra une civilisation qui se structure par rapport à la seule activité sexuelle et non plus par rapport à la filiation, la descendance, la production des générations ?

Au-delà des arguments du droit de l'enfant mis en avant par les opposants au projet de loi sur le mariage pour tous, le texte dénonce surtout un texte sexiste qui empêcherait les hommes de pouvoir avoir recours aux mères porteuses:

"Ce projet de "mariage pour tous" est par ailleurs délibérément sexiste car si les projets avoués évoquent, et obtiendront…, la possibilité ultérieure de procréation médicalement assistée pour une lesbienne, c'est-à-dire l’insémination artificielle par sperme anonyme, ils excluent d’emblée l’utilisation future de mères porteuses, procédé pourtant indispensable à un homme pour devenir père sans s’engager auprès d’une femme ni avoir de relations sexuelles avec celle-ci. Ceci est absolument possible, de façon symétrique, si une femme accepte d’amener un nouveau-né à son terme en étant implantée d’un embryon obtenu avec le sperme du père et un ovule issu d’un don anonyme."

L'opposition aux mères porteuses relèverait donc d'une forme de discrimination envers les hommes:

"Etonnamment, l’évocation des mères porteuses produit une levée de boucliers. Le ventre de la femme, réceptacle temporaire dans ce cas, est sacralisé tandis que le sperme est traité comme un fluide secondaire. L’ADN, identité inaliénable d’un individu donné, n’aurait donc aucune importance tandis qu’apporter à un embryon les banales molécules nutritives nécessaires à sa croissance serait un acte sacré! La vraie mère d’un bébé allaité par une nourrice est-elle la nourrice?"

D'où une opposition à l'adoption par les célibataires à l'étranger:

"L’adoption par célibataire est encore légale en France, comme si nous sortions encore d’une grande guerre qui produit tant d’orphelins. Mais comme il n’y a plus d’orphelins en France on importe par milliers des enfants a priori orphelins des pays peu développés. Aider honnêtement ces enfants consisterait plutôt à aider les familles locales mais le malsain concept de droit à l’enfant a pris le pas sur le droit de l’enfant. Le trafic d’enfants bat son plein avec toutes sortes de dérives qui sont régulièrement constatées."

Mais aussi, une revendication qui paraît plus légitime aux enfants nés d'un don de sperme à connaître leurs origines:

"Les enfants nés sous X ou issus des dons de sperme n’ont aucun droit à connaître leurs origines et doivent vivre avec leur mal-être et l’ignorance génétique qui peut avoir des conséquences médicales. En quoi la connaissance de ses géniteurs mettrait-elle en danger la position des parents réels ou adoptifs? Le droit de l’enfant est clairement inférieur au droit des adultes. Notre droit ne protège pas le plus faible."

Entre revendications légitimes et discours sur la domination féminine, le texte fait référence à un "négationnisme sociologique dominant" qui ne verrait pas le mal être dont seraient victimes les enfants. Bilan:

"Notre société est caractérisée par une hiérarchie des droits très marquée et décroissante: femme, enfant, homme. Le 'mariage pour tous' étend cette inégalité aux homosexuels hommes qui n’auront aucun droit réel tandis que les lesbiennes accéderont aux droit 'à' l’enfant des femmes mariées. L’enfant est à chaque étape un peu plus un simple sujet de consommation. Sauf stérilité médicalement avérée, il est pourtant facile de concevoir un enfant, dans le respect de l’autre parent et de l’enfant. Ceci est accessible à tous, en toute égalité."
Des arguments fallacieux selon une association féministe

Les homosexuels hommes seraient donc des victimes qui s'ignorent du projet de loi de mariage pour tous, au profit... des lesbiennes. L'association Osez le féminisme n'a pas tardé à réagir en publiant un communiqué sur son site internet:

"Osez le féminisme! tient à dénoncer les idées nauséabondes qui se cachent derrière leur 'lutte' pour les droits des pères. 'SOS Papa' est une association réactionnaire, lesbophobe et antiféministe qui fustige le mariage pour toutes et tous en parlant d’un 'lobby lesbio-féministe' ; ou invoque Louis XIV pour dénoncer le fait que le Président de la république vive en concubinage avec sa 'maîtresse'; Ces mouvements répandent un discours de haine à l’encontre des femmes."

Lesbophobe, antiféministe, l'association féministes dénonce un coup de bluff de SOS Papa, mais aussi le "véritable affront aux associations féministes qui se battent quotidiennement contre les inégalités femmes-­hommes":

"Si l’on regarde les chiffres, la situation de ces deux pères n’est absolument pas représentative de la situation des pères divorcés. Dans seulement 2% des cas, l'autorité parentale exclusive est attribuée par le juge à l'un des deux parents. Et s’il est vrai que dans 71% des cas, la résidence principale est accordée à la mère, seuls 20% des pères la demandent. En tant qu'association féministe, nous défendons la coparentalité, le partage équitable des responsabilités familiales, le droit pour chaque parent de s'impliquer dans l'éducation de son enfant, sauf... en cas de violences conjugales, sexuelles ou de maltraitance de l'enfant où la justice doit statuer."
Selon l'AFP, dans 72,1% des divorces, la garde des enfants revient à la mère, proportion en diminution régulière ces dernières années au bénéfice de la garde alternée, selon des statistiques du ministère de la Justice datant de 2010, communiquées lundi à l'AFP. La proportion de gardes accordées au père reste faible, aux alentours de 7-8%, et a même légèrement diminué depuis 2004. D'après les chiffres de 2010, 7,4% des enfants résident principalement chez leur père et 20% sont en "résidence alternée", possibilité reconnue officiellement par la loi depuis 2002.

Selon Le Lab, l'une des membres fondatrices de l'association Caroline de Haas, est "conseillère en charge des politiques féministes" de Najat Vallaud-Belkacem, actuelle ministre du droit des femmes et porte-parole du gouvernement.

Une association masculiniste et réactionnaire

Alors qui se cache derrière SOS Papa? Sur le site Internet du Monde, le réalisateur Patric Jean, qui a notamment réalisé La Domination masculine, croit effectivement voir, derrière l'action de Serge Charnay, un coup des "militants de la cause masculine", les "masculinistes." Mais qui sont ces masculinistes? Après avoir expliqué comment il a infiltré ces mouvements au Québec, il détaille leur idéologie:

"Il s'agit d'une mouvance également nommée "anti-féminisme", qui propose le rétablissement de valeurs patriarcales sans compromis : différenciation radicale des sexes et de la place de l'homme et de la femme à tous niveaux de la société, suprématie de l'homme sur la femme dans la famille, mais aussi la conduite de la cité, défense du couple hétérosexuel très durable comme seul modèle possible, éducation viriliste des garçons et donc refus de toute égalité des femmes et des hommes. Ils nient l'importance des phénomènes de la violence conjugale, de l'inceste et du viol, qui seraient des inventions des féministes, que certains d'entre eux nomment "fémi-nazis"."
Leur objectif? Défendre le pouvoir ancestral des hommes notamment en rendant plus difficiles les conditions d'obtention du divorce. Leur méthode? "Dénoncer, parfois de façon paranoïaque, la collusion entre magistrats, médias, politiques afin d'évincer les pères de la vie de leurs enfants."

Mais si Patric Jean s'autorise le parallèle entre le mouvement masculiniste et l'événement de Nantes, c'est notamment en raison d'un argument mis en avant par un des deux pères et selon lequel "80 % des enfants sont confiés majoritairement aux mères par la justice." Selon Patric Jean, ce serait mot pour mot le même argument que celui des masculinistes québécois. Nouvel indice, le procédé, qui ressemblerait à celui des militants canadiens:

"Les conseils donnés par les masculinistes à leurs amis européens sont donc suivis à la lettre cette semaine à Nantes. L'escalade des grues est une copie de celle des ponts de Montréal. Même V de la victoire. Même batterie de téléphones portables pour parler à la presse. Même manifestation pré-organisée dans la semaine pour attirer l'attention des médias."
Parmi les armes, de l'argumentaire masculiniste pour faire valoir leur cause, il y aurait donc l'aliénation parentale, un syndrome inventé de toute pièce, selon le réalisateur de la domination masculine. Comme l'explique Patric Jean:

"Il s'agit de l'idée que lors d'un divorce, la femme (ou l'homme, mais les masculinistes s'en prennent évidemment aux femmes) aurait tendance à dénigrer l'image du père de ses enfants auprès de ceux-ci afin de les en écarter. Les pères seraient donc des centaines de milliers à être sortis de la vie de leurs enfants par la justice à cause de ce pseudo-syndrome. Ce prétendu syndrome sert de paravent aux hommes accusés de violences conjugales ou d'agressions sexuelles sur leurs enfants."
"Faire changer les lois"

Toujours selon Patric Jean, l'affaire de Nantes serait un coup de pub dont le but serait de "faire changer les lois":

"Un projet de loi a été déposé le 24 octobre 2012 pour rendre la résidence alternée obligatoire ce qui rendra plus difficile les demandes de séparation des femmes qui ont des enfants. Ce projet de loi propose six modifications du code civil et du code pénal et fait entrer dans la loi le syndrome d'aliénation parentale."
Patric Jean rappelle que trois autres propositions de loi allant dans le même sens ont été déposées depuis 2009 "résultant d'un imposant lobbying des associations masculinistes en France." Or, Patric Jean explique que la garde par la mère est en réalité une nouveauté en France. Ce n'est que depuis 1970 et la loi instaurant la notion d'autorité parentale conjointe et partagée que pères et mères sont égaux face à la loi: "jusqu'au début du XXe siècle, le père avait tous les droits sur ses enfants et les confiait bien souvent à une de ses proches", nuance le cinéaste.

L'objectif des masculinistes serait donc de revenir sur cette législation qui institue une égalité de fait entre pères et mères. Selon Patric Jean, ils nieraient les violences subies par les femmes (une femme sur cinq dans le monde, d'après Amnesty International) mais aussi par les enfants abusés sexuellement (un sur cinq selon le Conseil de l'Europe), "majoritairement par des proches", précise Patric Jean.

Jusque là, les offensives des masculinistes se sont soldées par des échecs, mais selon le réalisateur, une chose est sûre, les masculinistes repasseront à l'offensive:

"Les échecs précédents n'empêcheront pas des élus d'en déposer de nouvelles lors de la prochaine discussion à l'Assemblée nationale sur la famille. On peut parier sans risque que les grimpeurs de Nantes et leurs amis feront à nouveau parler d'eux dans les mois à venir."



http://www.lemonde.fr/idees/article/201 ... _3232.html" onclick="window.open(this.href);return false;

L'escalade des pères à Nantes cache une proposition de loi
Le Monde.fr | 18.02.2013 à 15h28 • Mis à jour le 18.02.2013 à 15h56 Par Patric Jean, cinéaste, et producteur du documentaire "La Domination Masculine"

Deux hommes séparés de leurs enfants par la justice ont défrayé la chronique en montant sur des grues à Nantes et, pour l'un d'eux, en restant perché tout le week-end. Cette action coup-de-poing survient à quelques jours d'une manifestation nationale prévue mercredi par une association de pères pour "dénoncer les dérives du pouvoir judiciaire" en matière de justice familiale.
Pour les besoins d'un film documentaire (La Domination masculine), j'ai moi- même longuement enquêté sur ces associations d'hommes au Québec, où le mouvement "masculiniste" très organisé est l'inspirateur d'activistes européens.
Afin de mieux les approcher, je me suis fait passer, pendant des mois, pour l'un d'entre eux. Ce qui se passe à Nantes est directement lié à ces mouvements, ainsi qu'à un récent projet de loi dont on a peu parlé.
Que sait-on des hommes qui ont escaladé les grues ? Le premier dit ne pas avoir revu son fils depuis deux ans et manifeste donc son "désespoir". Mais on sait qu'il a été condamné à un an de prison en septembre 2012, dont quatre mois ferme, pour avoir enlevé son fils. Des violences avaient été exercées à cette occasion. L'enfant avait été retrouvé en Ardèche, deux mois et demi plus tard. Cet homme s'est donc vu retirer son autorité parentale, ce qui est prévisible.
Un second père a alors escaladé une autre grue pour en redescendre quelques heures plus tard et déclarer à la presse que "malheureusement, la justice n'est pas impartiale, il suffit de prendre tous les chiffres sur les résidences et domiciliations des enfants, 80 % des domiciliations sont remises aux mamans". Or cet homme est accusé par son ex-compagne de violences conjugales et de mauvais traitement sur ses enfants.
Ce lundi matin, on peut toujours voir le premier grimpeur avec sa grande banderole bien visible, trois téléphones portables à disposition pour répondre aux journalistes, faisant le V de la victoire aux caméras de télévision.
Cette situation rappelle étrangement des actions organisées par des groupes d'hommes anglais et québécois de "Fathers for justice", il y a quelques années. Si la ressemblance est frappante, elle n'a, en fait, rien d'étrange.
POUR LE RÉTABLISSEMENT DE VALEURS PATRIARCALES
Lorsque j'ai infiltré ces mouvements à Montréal, j'ai pu entendre dans les moindres détails la stratégie que ces militants de la cause masculine désiraient mettre en place sur le plan international. Cette affaire des grues de Nantes en fait partie et n'est en rien un coup de folie d'un père isolé. C'est un long travail politique qui n'en est qu'à son début.
Mais tout d'abord, qu'est-ce que le masculinisme ? Il s'agit d'une mouvance également nommée "anti-féminisme", qui propose le rétablissement de valeurs patriarcales sans compromis : différenciation radicale des sexes et de la place de l'homme et de la femme à tous niveaux de la société, suprématie de l'homme sur la femme dans la famille, mais aussi la conduite de la cité, défense du couple hétérosexuel très durable comme seul modèle possible, éducation viriliste des garçons et donc refus de toute égalité des femmes et des hommes. Ils nient l'importance des phénomènes de la violence conjugale, de l'inceste et du viol, qui seraient des inventions des féministes, que certains d'entre eux nomment "fémi- nazis".
Ils considèrent les avancées des luttes de femmes et des homosexuels en vue de l'égalité comme une destruction du modèle social sur laquelle il faut revenir. Le divorce étant beaucoup plus souvent demandé par les femmes, ils espèrent un durcissement des conditions de son obtention. Leur lutte est donc celle de la défense du pouvoir masculin ancestral à tous niveaux de la société.
C'est au nom de ces idées rétrogrades qu'un jeune homme a massacré quatorze étudiantes de l'école polytechnique de Montréal le 6 décembre 1989, estimant qu'elles prenaient la place des hommes. Le tueur est ensuite devenu le héros des masculinistes les plus "décomplexés".
DES STRATÉGIES POUR FAIRE VALOIR LEURS IDÉES
Les masculinistes ont donc partagé confidentiellement avec moi les différentes stratégies mises en place, notamment au Québec, pour faire valoir leurs idées. Mais analysant leur échec, ils m'ont aussi décrit les conseils qu'ils prodiguaient à leurs émules français, belges, suisses, espagnols... Leur stratégie consiste à fonder leur communication sur les pères à travers deux arguments.
Le premier revient à dénoncer, parfois de façon paranoïaque, la collusion entre magistrats, médias, politiques afin d'évincer les pères de la vie de leurs enfants.
L'argument apporté par un des deux hommes de Nantes est, mot pour mot, une phrase ressassée par les Québécois depuis des années : "80 % des enfants sont confiés majoritairement aux mères par la justice." Ils oublient de dire que dans 80 % des cas, les pères souhaitent qu'il en soit ainsi. Un week-end sur deux et la moitié des vacances leur suffisent, et il n'y a donc aucun conflit sur ce point. Cela paraît normal dans une société où les femmes s'occupent encore à 80 % des tâches parentales et domestiques. Les actions médiatiques entreprises habituellement par les masculinistes visent donc à attirer l'attention des médias sur des données chiffrées tendancieuses et que la presse vérifie rarement.
Le second argument est l'invention par un masculiniste défendant la pédophilie, Richard Gardner, du "Syndrome d'aliénation parentale" ou "SAP". Outre l'aspect nauséabond de son inventeur, on ne peut que remarquer que de syndrome il n'y a guère, puisque aucune faculté de médecine ou de psychologie au monde, aucune institution n'a jamais reconnu ce concept comme valide.
Il s'agit de l'idée que lors d'un divorce, la femme (ou l'homme, mais les masculinistes s'en prennent évidemment aux femmes) aurait tendance à dénigrer l'image du père de ses enfants auprès de ceux-ci afin de les en écarter. Les pères seraient donc des centaines de milliers à être sortis de la vie de leurs enfants par la justice à cause de ce pseudo-syndrome.
Ce prétendu syndrome sert de paravent aux hommes accusés de violences conjugales ou d'agressions sexuelles sur leurs enfants. L'accusation des victimes devient une "allégation mensongère", preuve qu'elles veulent mettre en place un syndrome d'évincement des pères, pour lequel elles doivent être condamnées. Ce qui arrive de plus en plus souvent. Un blanc-seing pour homme violent ou violeur. Une arme de destruction massive pour son avocat.
Qu'il y ait des cas difficiles et malheureux ne peut être contesté. La séparation d'un couple avec enfant provoque souvent des déchirements. Mais imaginer qu'il y aurait une situation systémique d'évincement des pères par les mères dans la vie des enfants au point d'en observer un syndrome est une affabulation. Mais certains hommes, habitués à ce que l'on considère la violence conjugale comme une affaire privée et l'inceste comme un sujet à ne pas évoquer, ne décolèrent pas à l'idée qu'une femme puisse les dénoncer, voire porter plainte. Tout progrès en ce sens est vécu par eux comme une trahison.
J'ai moi-même suffisamment entendu ces hommes parler de la pédophilie pour témoigner du fait qu'elle est considérée par beaucoup de ceux-ci comme une pulsion masculine qu'il ne faut pas refréner. Un père incestueux incarcéré à la suite d'une condamnation à des années de prison est soutenu et considéré comme un héros de leur combat politique.
UNE VOLONTÉ DE CHANGER LES LOIS
Les conseils donnés par les masculinistes à leurs amis européens sont donc suivis à la lettre cette semaine à Nantes. L'escalade des grues est une copie de celle des ponts de Montréal. Même V de la victoire. Même batterie de téléphones portables pour parler à la presse. Même manifestation pré-organisée dans la semaine pour attirer l'attention des médias. Et finalement, même volonté de changer les lois.
Car il s'agit bien de cela. Un projet de loi a été déposé le 24 octobre 2012 pour rendre la résidence alternée obligatoire ce qui rendra plus difficile les demandes de séparation des femmes qui ont des enfants. Ce projet de loi propose six modifications du code civil et du code pénal et fait entrer dans la loi le syndrome d'aliénation parentale.
Ils n'en sont pas à leur coup d'essai, puisque différentes propositions de lois ont été déposées, résultant d'un imposant lobbying des associations masculinistes en France.

Le 18 mars 2009, la proposition de loi 1531 pour instaurer la résidence alternée comme solution préférentielle.
Le 3 juin 2009, la proposition de loi 1710 pour lutter contre toutes les manipulations d'enfants allant jusqu'au syndrome d'aliénation parentale (SAP) et les discrédits d'un parent par l'autre parent.
Le 18 octobre 2011, avec la proposition de loi 3834 (amélioration des deux précédentes).
Et donc, le 24 octobre 2012, la proposition de loi 309 pour rendre la résidence alternée obligatoire et la forcer au besoin au moyen du SAP.

Il est peut-être important de rappeler que, dans nos pays, lors d'une séparation, les enfants n'ont été confiés aux mères que depuis un siècle. En effet, jusqu'au début du XXe siècle, le père avait tous les droits sur ses enfants et les confiait bien souvent à une de ses proches. En France, jusqu'à la loi de 1970, il n'était question que des pères. Cette loi instaura la notion d'autorité parentale conjointe et partagée. Les "parents", égaux en droits avant séparation, vont l'être aussi après le divorce et remplacer les "père" et "mère".
Mais, si 80 % des couples séparés décident à l'amiable de la garde des enfants, souvent pris en charge la majorité du temps par les mères, on a enfin révélé qu'une femme sur cinq subit de la violence conjugale (Amnesty International), et qu'un enfant sur cinq est abusé sexuellement, majoritairement par des proches (Conseil de l'Europe).
Ainsi, les masculinistes niant ces violences et réclamant un retour vers une situation où l'homme était le pater familias développent une théorie que de nombreux députés et sénateurs (de droite surtout) ne renient pas en déposant ces propositions de lois.
Les échecs précédents n'empêcheront pas des élus d'en déposer de nouvelles lors de la prochaine discussion à l'Assemblée nationale sur la famille. On peut parier sans risque que les grimpeurs de Nantes et leurs amis feront à nouveau parler d'eux dans les mois à venir.

Patric Jean, cinéaste, et producteur du documentaire "La Domination Masculine"


Le site http://www.ladominationmasculine.net/th ... nisme.html" onclick="window.open(this.href);return false; donne également un aperçu sur la manière de penser de ces messieurs.
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Re: SOS Papa... ?

Message par Ascagne » il y a 11 ans

On en parle déjà là (j'avais hésité entre "Enfants et famille" ou ici :| )
Mon beau-frère Silvius tient le Biplan, un blog sur la bisexualité (actualités, militantisme, réflexions de fond). Passez donc voir, si le coeur vous en dit :
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Re: L'escalade des pères à Nantes cache une proposition de l

Message par Bixy » il y a 11 ans

 ! Modération
Merci Ascagne, j'ai fusionné les deux sujets.
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Re: SOS Papa... ?

Message par FTQ » il y a 11 ans

Ascagne a écrit :On en parle déjà là (j'avais hésité entre "Enfants et famille" ou ici :| )
Oups, sorry, j'ai cherché pour voir si le sujet n'existait pas déjà mais j'ai pas pensé à regarder dans le sujet "Enfants et famille".
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Re: L'escalade des pères à Nantes cache une proposition de l

Message par Daveed » il y a 11 ans

FTQ a écrit :Il est peut-être important de rappeler que, dans nos pays, lors d'une séparation, les enfants n'ont été confiés aux mères que depuis un siècle. En effet, jusqu'au début du XXe siècle, le père avait tous les droits sur ses enfants et les confiait bien souvent à une de ses proches. En France, jusqu'à la loi de 1970, il n'était question que des pères. Cette loi instaura la notion d'autorité parentale conjointe et partagée. Les "parents", égaux en droits avant séparation, vont l'être aussi après le divorce et remplacer les "père" et "mère".
C'est important de le savoir, je suis d'accord, moi perso je me suis rendu à l'association SOS Papa dans le 15 eme, l'année dernière avant le coup de pub de la grue, il n'existe à ma connaissance que cette assoc. pour les pères qui voudraient des infos d'ailleurs un des participants à la réunion, un très jeune père de 2 nouveaux nés était envoyé par son assistante sociale, que dire... "Une association masculiniste et réactionnaire", oui je l'admet un groupe d'hommes se réunissant dans la nuit pour casser du sucre sur le dos de leur ex, difficile de voir les choses autrement, je ne suis resté que le temps d'obtenir les infos nécessaires à ma démarche personnelle, il faut dire que les conseils que j'ai pu obtenir la-bas m'ont été utiles, aucune administration n'a pu ou n'a voulu me les fournir, je finirai en ajoutant que j'ai pu constater que l'association était fortement marginalisé dans le voisinage, je suis féministe, mais en tant que père célibataire je n'ai trouvé personne d'autre à qui m'adresser :pleure:

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Re: L'escalade des pères à Nantes cache une proposition de l

Message par FTQ » il y a 11 ans

Pour info, je n'ai rien écrit mais repris des textes avec lesquels je suis d'accord. Après rien n'est tout noir, ni tout blanc mais certains propos ont de quoi inquiéter et ce n'est pas les dernières messages que j'ai reçu sur le sujet qui me contrediront. Ce qui est déplorable c'est ce clivage homme/femme et ce sentiment de guerre qui l'accompagne. J'y reviendrais probablement car j'aurais plus de temps.
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Re: L'escalade des pères à Nantes cache une proposition de l

Message par Or Pâle » il y a 11 ans

FTQ a écrit :Ce qui est déplorable c'est ce clivage homme/femme et ce sentiment de guerre qui l'accompagne. J'y reviendrais probablement car j'aurais plus de temps.
Je te rejoins FTQ et à ce sujet, je viens de lire cet article de Christine Marsan, «Au delà du masculin et du féminin», Les cahiers psychologie politique [En ligne], numéro 11, Juillet 2007. Si certains veulent en finir avec Mars et Vénus... :idea:
http://lodel.irevues.inist.fr/cahiersps ... php?id=581" onclick="window.open(this.href);return false;

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