Ta dernière anecdote m'a fait bien rire Phenix.
j'avoue que je ne parviens pas à avoir une répartie aussi légère et fine au jour d'aujourd'hui. Probablement parce que j'ai commencé à m'accepter depuis seulement quelques mois, quelques années, et que cela fait son chemin. Mais c'est marcher sur des oeufs pour moi.
J'ai lu une phrase quelque part dans un article indiqué par le forum, qui donne à peu près :
"Et, ça se passe comment quand vous faites l'amour entre femmes ?", à laquelle la personne répond "Ben, c'est pareil qu'un homme avec une femme, sauf qu'à la fin, il n'y a pas de bite." Bien sûr, adapter le mot final en fonction de l'interlocuteur/trice. Moi, ça me ferait marrer de pouvoir sortir ça.
Ah si ! Encore une réplique que je saurais pratiquer aujourd'hui, mais ce ne fut pas le cas alors.
J'ai découvert la masturbation et les plaisirs associés (sans orgasme alors, hélas !) très jeune je trouve. Mais Le vrai orgasme, le feu d'artifice (pour ne pas dire feu d'artife...), je l'ai vécu vers 25 ans. A une époque de ma vie où j'ai vraiment commencé à vivre pour MOA ! Une cousine hétéro-toujours très portée sur le sexe m'a traitée, à cette période, sur un ton dubitativement agressif voire accusateur je trouve, de "masturbatrice professionnelle". Et je sais que les lesbiennes, derrière sa tolérance de façade, les dégoûtent.
Elle savait que je n'avais pas de copain ; du moins, je n'évoquais jamais de prénom masculin. Moi, j'ai longtemps cru qu'il y avait écrit "lesbienne" sur mon front dès que je me levais le matin. A cette époque, je venais de découvrir l'orgasme (et je ne m'en suis plus du tout privé depuis
), et j'avais encore peur de moi-même. Et bien, à sa phrase pourrave limite homophobe, je sais que je pourrais lui dire aujourd'hui : "oh oui, j'aime, c'est si bon, tu devrais essayer ; j'aime autant que toi tu ne pourrais pas vivre un seul jour sans baiser avec ton mec et surtout jamais vivre sans sa queue. Au fait, atteinds-tu l'orgasme à chaque fois ? parce que moi, oui. Tu me passes le sel. Merci". Est-ce si méchant ? j'en doute
Ce serait justice rétablie.
Je pense que plus les pensées en face sont dures, ont une dimension qui révèle fortement le préjugé "socialement automatique" de l'ignorant hétéro-normé voire sexiste (ou de l'homosexuel phobique), plus la réaction que l'on peut avoir sera un miroir : dure, sévère, claire, nette. Je sais que je peux faire la tronche soudainement : montrer à l'autre son désaccord ou les limites de ses valeurs, c'est se respecter avant tout et lui faire comprendre qu'il doit respecter la limite. dans certains cas (milieu professionnel et hiérarchie), ça peut être un risque à prendre, mais la loi n'est pas du côté du phobique, c'est ça qu'il faut se mettre en tête.
Je trouve triste de penser en premier lieu à des propos si directs dans mon présent post ; mais la cousine en question par exemple est d'une vulgarité sexuelle qui exige de "se mettre à son niveau" pour qu'elle capte le message. je pense aussi que la "nouveauté" de l'acceptation de ma bisexualité (même si elle commence à dater, certes) a pour effet des réactions dures, comme si je perçais l’abcès d'années d'écoute de propos qui furent des pics dans mon coeur et dans mon corps, de la part de mon père, de mes frères, d'amis, de collègues de classe, de travail. La souplesse des propos vient avec le temps et l'exercice. Mais quand on est face à la haine de l'autre chez l'autre, fuir n'est pas la solution : on fait face comme on peut, avec les moyens du bord. La vulgarité n'est pas ma tasse de thé, mais quand il faut que l'autre comprenne, elle devient parfois nécessaire. En fait, ce n'est pas être vulgaire ou manquer de respect : c'est renvoyer à l'autre en pleine face ce qu'il nous a envoyé.
Une fois, dans mon lieu de travail à temps partiel actuel (évoquant parfois la cours des miracles), une personne bourrée de clichés dignes de notre société de consommation a dit : "je m'inquiète pour ma fille. elle a 26 ans, et elle n'a toujours pas d'enfants. je me demande si elle n'est pas homosexuelle." J'ai stoppé ce que je faisais, je l'ai regardé droit dans les yeux, et je lui ai dit : "Alors, puisque l'âge moyen pour avoir un premier enfant aurait dépassé 30 ans en France, beaucoup de jeunes femmes sont homosexuelles, non ? et vu que les jeunes femmes ont aujourd'hui l'opportunité de faire carrière et donc potentiellement envisagent la vie à deux et de famille largement au delà de 26 ans, elles sont pour beaucoup homosexuelles, non ? ce n'est pas parce que ta fille n'a pas d'enfant à 26 ans qu'elle est homosexuelle. ca n'a pas de sens" ca l'a calmée nette : elle a répété "non, ça n'a pas de sens" en voyant que je ne plaisantais pas du tout. j'ai sentie que je lui faisait peur, que je lui révélais qu'elle venait de sortir une bêtise hors norme, le top level du cliché sociétal ! C'est malheureusement avec des propos de ce niveau de pensée limitée que des personnes ont été déportées au XXe siècle en raison de leur orientation sexuelle. ca me scandalise.
Si en revanche on sent chez son interlocuteur/trice une certaine ouverture d'esprit, et une certaine maturité relationnelle j'ose dire, de l'intelligence, la réaction sera plus basée sur l'humour (par noir ni gore ni vulgaire) ou la finesse, avec un sourire au passage.
Ca fait du bien d'écrire cela.