Très naturellement les bisexuel(le)s se sentent humainement et philosophiquement souvent proches des homosexuel(le)s.

Le sentiment d’avoir une orientation sexuelle qui n’est pas celle de la majorité, le fait de pouvoir en parler ouvertement et sans crainte en sont évidemment les premières raisons. Celles-ci sont particulièrement importantes pour les jeunes qui se sentent en interrogation sur leur sexualité, n’osent pas en parler à leurs proches, craignent d’être incompris, voire rejetés, et en tout cas infériorisés, même de façon compassionnelle.

Ils se sentent donc moins seuls.

Les discriminations et ostracismes qui ont frappé et frappent encore aident aussi à ce rapprochement : les bisexuels ressentent très profondément – en sus des comportements spécifiquement «  biphobes » - les actes et comportements homophobes qui touchent inévitablement une partie d’eux-mêmes, celle- fondamentale- qui par rapport aux normes sociales affichées fait leur spécificité.

Lorsqu’un(e) bisexuel(le) entend, lancés de façon agressive et méprisante à l’égard de qui que ce soit, certains mots, anathèmes ou simplement «  clichés », il (elle) –même si il ou elle se tait – se sent tout aussi agressé(e) et n’a souvent à l’égard de leur auteur qu’un sentiment de rejet, voire de mépris, et ce d’autant plus qu’il (elle) sait bien ce que c’est que l’hétérosexualité.

Mais cette proximité va au-delà de ces points communs.

Etre minoritaire, brocardé, voire discriminé, crée non seulement un réflexe protecteur, mais, lorsque les individus trouvent ensemble la force de sublimer les difficultés et les handicaps sociaux, cela renforce leurs potentialités personnelles et collectives. Alors ils peuvent trouver la force de faire évoluer les choses dans le sens de la tolérance, du respect mutuel, de la reconnaissance des qualités de chacun, de l’évolution des mentalités,…et des fondements de notre société républicaine.

En ce sens les homosexuel(le)s et les bisexuel(le)s ont non seulement de grandes convergences d’intérêts, mais aussi des valeurs sociétales et philosophiques communes qui sont des ciments importants.

Par exemple, une personne bisexuelle qui vit avec quelqu’un du même sexe qu’elle aura forcément les mêmes revendications à l’égard du Pacs ou des lois contre l’homophobie qui concernent « l’orientation sexuelle » en général.

En revanche, la bisexualité permet de comprendre plus immédiatement certains sujets qui touchent directement les hétérosexuels et probablement mieux que nombre d’entre eux : et en premier lieu la connaissance et surtout le respect de la femme, mais également la maternité et les questions liées à la grossesse, la nécessité pour un pays comme la France de soutenir la natalité, etc.…

La convivialité qui règne dans beaucoup d’associations LGBT, et notamment les associations sportives, artistiques ou culturelles, est également recherchée par les bisexuel(le)s. Elle leur permet de vivre sans cacher une part d’eux-mêmes les activités qui les intéressent.

Autant dire que lorsque le rejet provient d’homosexuel(le)s, il est vécu comme un anachronisme et une réelle injustice…

Les bis, « passerelle » entre homos et hétéros ?...La logique voudrait que ce soit le cas.

Mais différents préjugés, fruits essentiellement de problèmes de compréhension et de besoins protecteurs, l’empêchent encore : ceux de certain(ne)s homosexuel(le)s qui ne voient pas toujours la diversité de la nature humaine ou sont sceptiques, mais surtout ceux de la pression hétéro normative.

Souhaitons qu’un jour –peut-être ! – il soit possible de dire tout aussi simplement : «  je suis complètement hétérosexuel(le) », « je suis hétérosexuel(le) mais il m’est arrivé(e) et m’arrivera peut-être encore d’avoir des relations homosexuelles », « je suis bisexuel(le) et j’aime faire l’amour aussi bien avec celle qu’avec celui qui m’attire ou dont je suis amoureux(se) », « je suis homosexuel(le) mais il m’est arrivé(e) d’avoir des relations hétérosexuelles », « je suis complètement homosexuel(e) ».