Dix questions pas toujours sans réponse, par Catherine Deschamps, co-auteur du livre "La Bisexualité : le dernier tabou" (Ed. Calmann-Levy)

 

Que dit-on des bisexuels ? Et que disent-ils d'eux-mêmes ? Hétéro ou homo ? 20%, 40%, allez, 60% bi ? A questions idiotes, réponses 100% garanties sincères et véritables. Même si elles ne sont pas toujours politiquement correctes.

Pleins feux sur les clichés de la bisexualité.

 

1) La bisexualité n'existe pas !

C'est une affirmation que l'on pourrait discuter à l'infini. En revanche, les bisexuels existent bel et bien, puisque nous sommes là, de chair et d'os ! Et puis, si nous n'existons pas, pourquoi sommes-nous sujets, au rnieux, de tant d'interrogations, au pire de tous ces clichés ?

 

2) La bisexualité n'est qu'une phase de transition !

Ca dépend. C'est vrai pour certains bisexuels qui finissent par s'installer durablement dans une relation hétéro ou homosexuelle. Pour d'autres, en revanche, la transition doit s'étaler sur l'espace de toute une vie car ils sont toujours bi à 70 ans. Peut-être que la vie toute entière n'est-elle qu'une transition, un passage...

 

3) La bisexualité n'est qu'une mode !

Rejeter l'incidence de la mode serait naïf. Mais peut-être devrait-on inverser les termes de l'affirmation et constater que c'est la mode qui s'est emparée de la bisexualité. Car enfin, qui oserait nier que les pratiques bisexuelles, si elles n'ont pas toujours été sous le feu des projecteurs, existent de tout temps et en des lieux les plus variés.

 

4) Les bisexuels sont incapables de se définir !

Si l'on demande séparément à dix personnes qui s'autodésignent comme bisexuelles de définir la bisexualité, il est fort probable que leurs définitions ne seront pas exactement superposables. Mais faites le test auprès de dix pédés, dix lesbiennes ou dix hétéros, le résultat ne sera sans doute pas beaucoup plus probant. A cela rien d'étonnant puisqu'une définition individuelle se nourrit aussi de vécus personnels, et que, par chance, ceux-ci ne sont pas tous identiques.
Ainsi, la question est de savoir pourquoi on devrait davantage imposer aux bis la nécessité d'une homogénéïté.

 

5) Les bisexuels sont des traîtres à la cause homo !

Le fait d'être bi n'empêche en rien de militer au côté des gays pour plus de droits et pour une meilleure acceptabilité sociale ; nous y avons tout intérêt. Etre bi, c'est, entre autres, être homosexuel. Les bis rencontrent les mêmes problèmes de discrimination, de violence verbale et physique, de moquerie.
Quelques bis sont homophobes, peut-être, mais n'avez-vous jamais rencontré de pédés homophobes ? Et quand, dans certains milieux, s'affirmer bi s'avère plus difficile que se dire pédé ou goudou, n'y a t-il pas des questions à se poser ? Espérons qu'il y a de la place pour tous, dans le respect de chacun.

 

6) Les bisexuels sont incapables de choisir !

Depuis quand le choix implique t-il l'unicité? Avoir deux objets de désir (hommes et femmes) résulte d'un choix au même titre que n'en avoir qu'un.
Indépendamment de l'orientation sexuelle, quelle place est réservée au choix dans toute forme de sexualité ?

 

7) Les bisexuels sont forcément infidèles !

Les bis, tout comme les hétéros ou les homos, sont parfois infidèles. Mais ni plus ni moins. Un bisexuel ou une bisexuelle peut-être en même temps avec un (des) homme(s) et une (des) femme(s), ou tour à tour avec une femme puis un homme, en restant exclusif sur chacune de ces périodes.
Mais, d'une certaine façon, peu importe : les bisexuels ne sont pas plus obligés que d'autres de tomber dans les pièges de la justification. Ils n'ont ni plus ni moins que les autres le droit d'être multipartenaires si bon leur semble !

 

8) Les bis sont tous des obsédés sexuels !

On aimerait bien dire oui. Mais l'activité sexuelle des bis n'est pas plus débridée que celle de leur voisin de palier.
Les bis développent la même énergie que ceux qui ne le sont pas : multi-partenariat, vie de couple monogame, célibat par choix ou non.

 

9) Les bisexuels sont sans points de repère !

C'est un peu vrai. En France, il n'y a pas de visibilité bisexuelle, ni même l'embryon d'une culture bi structurée.
Bi'Cause est, à notre connaissance, la seule association de bisexuels de ce pays. C'est pourquoi il faut nous rejoindre et nous soutenir. Enfin, si vous êtes concernés...

 

10) Les bisexuels sont ceux qui transmettent le SIDA !

Cette affirmation n'a aucune valeur. Ce sont les "comportements" qui sont à risque et non les "groupes".

 

 

 
 
(source : association Bi'cause)