Mais parfois cette double attirance demeure, à des degrés divers, et continuera dans l’âge adulte. On peut alors parler de « bisexualité ».
Face à la pression générale de l’ « hétéro normalité » et à une homosexualité de plus en plus reconnue, y compris socialement, l’adolescent ou le jeune adulte peut vivre longtemps dans le doute et souvent se sentir dans l’ obligation morale et sociale de faire un choix…qu’il sera bien sûr bien incapable de faire ! Car, pas plus qu’on ne « choisit » son hétérosexualité ou son homosexualité, on ne choisit pas sa bisexualité.
L’orientation sexuelle – qui n’est pas à confondre avec les notions d’identité de genre ou sexuée (voir infra), ni non plus avec ce qu’on appelle la « bisexualité psychique » (le « masculin » et le « féminin » qui, à des degrés très variables, sont plus ou moins en chaque individu, qu’il soit homme ou femme)- se construit dans les toutes premières années de la vie de l’enfant. C’est non seulement bien avant la puberté, mais aussi avant la période dite « oedipienne » (globalement entre 5 et 8 ans) que se construit la structure psychique de l’orientation sexuelle qui conditionnera la vie affective et sexuelle de l’adolescent et de l’adulte.
Elle est donc déjà faite lorsqu’arrive la période de la puberté et de l’adolescence, c’est à dire lorsqu’elle commence à pouvoir s’exercer concrètement. Il est donc évidemment illusoire de vouloir la changer, et, en ce sens, elle est en quelque sorte « imprévisible ».
Mais l’esprit humain, avec sa variété et sa richesse, ne se résume pas à un système qui serait simplement binaire. Par une sorte de conformisme réducteur, nos sociétés ont tendance à penser le monde de façon simpliste et « confortable » et ce sur un fond de morale dualiste : homme/femme, bien/mal, riche/pauvre, blanc/noir, droite/gauche,…homo/hétéro… ; on mélange d’ailleurs, ainsi, le sexué, le genre et l’orientation sexuelle. Elles ont aussi tendance à réduire le hétéro/bi/homo « sexuel » à des pratiques physiques alors qu’il s’agit avant tout d’amour et /ou de sentiments.
L’ignorer ou se sentir obligé d’entrer dans ces moules préétablis est souvent pour les personnes bisexuelles, qui se sentent contraintes de s’insérer de ce fait dans ce système binaire, source d’une angoisse et d’un mal-être, en fait infondés, mais qui peuvent être déstructurants.